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    Une étude, dont les résultats intitulés «Correlated compositional and mineralogical investigations at the Chang′e-3 landing site» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis mettre en évidence, à partir des analyses du rover Yutu, que le manteau lunaire supérieur est plus inhomogène que ce qu'on croyait jusqu'à présent.

     

    Rappelons tout d'abord que l'atterrisseur chinois Chang'e-3 s'est posé sur la Lune le 14 décembre 2013, dans la mer des Pluies libérant le rover Yutu qui a effectué des analyses de roches et de régolite «dans un cratère appelé Zi Wei».

     

    Il est alors apparu que les roches basaltiques analysées étaient «différentes de toutes celles ramenées par les précédentes missions lunaires», car «elles sont notamment fortement enrichies en dioxyde de titane et en olivine». Notons ici que les variations de teneurs en titane sont précieuses, car elles «renseignent notamment sur la nature de sources mantelliques d'où sont montés les magmas ayant donné des laves en surface».

     

    Ces observations suggèrent que Chang’e-3 a aluni «dans une région occupée par des coulées de lave relativement jeunes, âgées, au plus, de 3 milliards d’années environ», alors que «les autres échantillons de roches ramenées par les missions Apollo et Luna correspondent à une période de l’histoire lunaire plus ancienne, s’étendant jusqu’à il y a environ 4 milliards d’années, et pendant laquelle la Lune était volcaniquement la plus active».

     

    Plus précisément, «les basaltes des missions Apollo et Luna avaient une teneur en titane soit haute soit, au contraire, faible, voire très faible»et, jusqu'ici, «on ne connaissait pas de roches présentant des valeurs intermédiaires» comme c'est maintenant le cas, grâce aux spectromètres de Yutu.

     

    Il en résulte qu'en «comparant les données au sol avec celles prises en orbite, on peut maintenant avoir plus de confiance quant à la composition minéralogique et chimique d'autres régions lunaires dont certaines ressemblent à celle échantillonnée par le rover».

     

    Le fait qu'aujourd'hui le manteau lunaire supérieur s'affiche plus inhomogène «qu'on ne le pensait, et même plus que celui de la Terre», impose «de nouvelles contraintes sur l'histoire de la différentiation de la Lune, c'est-à-dire l'époque où l'océan de magma qui la recouvrait s'est refroidi en donnant une croûte et un manteau chimiquement et minéralogiquement fort différents».

     

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «ASASSN-15lh: A highly super-luminous supernova» ont été publiés dans la revue Science, et sont disponibles en pdf sur arxiv.org, a permis de mettre en évidence que les données recueillies sur la supernova hyper-lumineuse ASASSN-15lh (SN2015L), la plus puissante supernova répertoriée à ce jour, posent un problème explicatif.

     

    Découverte en juin 2015 par des télescopes à Cerro Tololo, au Chili, qui participent au programme All-Sky Automated Survey for Supernovae (ASAS-SN), ASASSN-15lh a été localisée «dans une galaxie lointaine, à environ 3,8 milliards d'années-lumière de la Terre (une année-lumière équivaut à 9.461 milliards de kilomètres)».

     

    L'intensité lumineuse, au plus fort de l'explosion, a été évaluée «à environ vingt fois celle de l'ensemble des quelque cent milliards d'étoiles que compte notre galaxie, la Voie lactée», ce qui fait d'elle «un exemple exceptionnel 'de supernova hyper-lumineuse', une variété rare de déflagrations de très grande intensité provoquée par certaines étoiles en mourant». En effet, ASASSN-15lh «est 200 fois plus puissante que l'explosion typique de ces objets parmi les plus brillants dans l'Univers» et «plus de 2 fois le précédent record».

     

    Observée depuis plusieurs mois par plusieurs autres télescopes plus puissants qui ont pris le relais, son spectre lumineux «ne ressemble à aucun de ceux des quelque 250 autres supernovae découvertes à ce jour» par ASAS-SN «depuis sa création en 2014»: ASASSN-15lh, comparée, par exemple, «aux autres supernovae dans la catégorie des plus puissantes découvertes depuis une dizaine d'années», apparaît «plus chaude et pas seulement plus brillante».

     

    Pour l'instant, «le mécanisme explosif et la source de la puissance de la déflagration et de l'énergie libérée restent un mystère» du fait «qu'aucune théorie de la physique ne parvient vraiment à l'expliquer».

     

    Des hypothèses peuvent, cependant, être avancées : «il serait possible que cette supernova ait été un type d'étoile à neutrons extrêmement rare, dit magnétoile ou 'magnétar', qui tourne sur elle-même au moins mille fois par seconde et créé un champ magnétique très intense, convertissant toute l'énergie de rotation en lumière» de sorte que «ce serait l'exemple le plus extrême d'une magnétoile» théoriquement possible.

     

    Par ailleurs, comme la galaxie «dans laquelle paraît se trouver ASASSN-15lh» est «plus grande et plus brillante que la Voie lactée», alors que, jusqu'ici, «toutes les 'super-supernovae' ont été observées dans des galaxies peu lumineuses et de petite taille, où les étoiles se forment beaucoup plus rapidement que dans la Voie lactée», si on découvre que «cet objet se trouve au cœur même» d'une grande galaxie, «celui-ci et les gaz qui l'entourent pourraient en fait ne pas être une supernova mais plutôt une sorte d'activité inhabituelle autour d'un trou noir extrêmement massif».

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «The 5300-year-old Helicobacter pylori genome of the Iceman» ont été publiés dans la revue Science, a permis de montrer, grâce à l’avènement de nouvelles techniques d’analyse de l’ADN ancien, que le corps d'Ötzi, «le célèbre 'Homme des glaces' retrouvé momifié à la frontière italo-autrichienne en 1991», recelait «une bactérie, Helicobacter pylori, responsable de 80% des ulcères gastroduodénaux», dont «le génome a pu être séquencé».

     

    Rappelons tout d'abord qu'Ötzi vivait il y a 5300 ans, d'après la datation au carbone 14 et que la bactérie Helicobacter pylori infectait encore la quasi-totalité de la population de l'Europe au XIXe siècle, «avant que les conditions d’hygiène s’améliorent, et que l’usage des antibiotiques réduise de moitié la prévalence de l’infection».

     

    Les outils d’analyse génétique, employés par l'étude ici présentée, ont permis non seulement de retrouver la trace d' Helicobacter pylori chez Ötzi, mais aussi «de déterminer la souche à laquelle elle appartenait». Ainsi, son profil 'asiatique', «alors que la souche aujourd’hui présente en Europe est un hybride entre des lignées africaine et asiatique», va pouvoir nous en apprendre plus sur la préhistoire du fait qu'on estime qu’H. pylori accompagne l’humanité «depuis au moins 100000 ans».

     

    Plus précisément, «ce germe qui fait le lit des cancers de l’estomac» est utilisé comme «un marqueur des migrations humaines au fil des âges», car les différences entre souches sont «le signe de divergences plus ou moins anciennes depuis un ancêtre commun, et permettent de dresser une sorte d’arbre généalogique de la bactérie».

     

    Alors qu'on savait «qu’il y avait eu un mélange entre populations africaines et asiatiques, à l’origine de la souche hybride actuelle en Europe», sans pouvoir dire «quand il avait eu lieu», aujourd'hui, on peut dire «qu’à l’époque de l’Homme de glace, les migrations qui allaient apporter la part de l’héritage de ces H. pylori depuis l’Afrique n’avaient pas eu lieu».

     

    Enfin, il faut souligner que «si Ötzi est porteur d’une souche proche de lignées présentes aujourd’hui en Inde, cela ne signifie pas qu’il descendait de populations venant de si loin en Asie»: en effet, le nom de lignée 'asiatique' a été choisi uniquement «parce que c’était le seul endroit» où cette souche a été trouvée jusqu’à présent. Cette appellation est donc malheureuse, puisqu'elle «était déjà présente dans l’Europe préhistorique nous apprend Ötzi», qui «a livré la plus ancienne souche connue d’Helicobacter pylori».

     

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «The Strikingly Uniform, Highly Turbulent Interstellar Medium of the Most Luminous Galaxy in the Universe» sont publiés dans la revue Astrophysical Journal Letters et disponibles en pdf sur arxiv.org, a permis, grâce à de nouvelles observations effectuées par ALMA, de déduire que la plus brillante des galaxies découvertes à ce jour dans l'Univers, la galaxie WISE J224607.57-052635.0 (autrement dit «le quasar W2246-0526, qui nous apparaît tel qu'il était lorsque l'Univers était âgé d'un milliard d'années seulement»), est sur le point d'éjecter, en raison de son activité, l'ensemble du gaz permettant de créer de nouvelles étoiles.

     

    Rappelons tout d'abord que «les quasars sont de lointaines galaxies dont les cœurs abritent des trous noirs supermassifs très actifs d’où s'échappent de puissants jets de matière et d'énergie». Cependant, quelques-uns des quasars, qui brillent intensément, figurent parmi les Hot DOGs («des galaxies chaudes, obscurcies par la poussière»).

     

    Dans le cadre de l'étude ici présentée, «le potentiel unique d'ALMA» a été utilisé, pour la première fois, «pour sonder l'intérieur de W2246-0526 et suivre le mouvement des atomes de carbone ionisés entre les étoiles de la galaxie». Il est ainsi apparu que «de vastes quantités de cette matière interstellaire» se trouve «dans un état de turbulence extrême, se déplaçant au travers de la galaxie à quelques deux millions de kilomètres par heure».

     

    Comme «W2246-0526 émet autant de lumière que 350 milliards de Soleils réunis», cet état de turbulence pourrait être lié à l'extrême brillance de la galaxie, une exceptionnelle luminosité qui «résulte de l'échauffement que subit un disque de gaz à mesure qu'il décrit une spirale autour du trou noir supermassif situé au centre de la galaxie». En fait, «l'extraordinaire rayonnement émis par le disque d'accrétion au centre de ce Hot DOG ne s'échappe pas directement», car «il est absorbé par une épaisse couche de poussière environnante, qui le réémet sous forme de lumière infrarouge».

     

    C'est «cette puissante source de lumière infrarouge» qui a «un impact direct et violent sur la galaxie toute entière»: plus précisément, «la région située à proximité du trou noir apparaît 100 fois plus lumineuse que la somme des autres parties de la galaxie, libérant un rayonnement intense mais localisé à l'intérieur de W2246-0526 qui exerce une incroyable pression sur la galaxie toute entière».

     

    Comme «des modèles galactiques reposant sur ces nouvelles données d'ALMA indiquent que du gaz interstellaire s'échappe déjà de la galaxie, dans toutes les directions», on peut prévoir que si «ce régime turbulent se poursuit», c'est «l'intégralité du gaz interstellaire de cette galaxie» que «l'intense rayonnement infrarouge devrait expulser».

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Localized misfolding within Broca's area as a distinctive feature of autistic disorder» ont été publiés dans la revue Biological Psychiatry: Cognitive Neurosciences and Neuroimaging, a permis d'identifier un marqueur cérébral spécifique de l'autisme, détectable par IRM et présent dès l'âge de deux ans.

     

    Rappelons tout d'abord que «les troubles du spectre autistique sont un ensemble de troubles neurodéveloppementaux (autisme typique, syndrome d'Asperger ou encore trouble envahissant du développement non spécifié)», associés «à un développement anormal du cerveau», qui «affectent principalement les relations sociales et la communication».

     

    Alors que «les mesures classiques de neuro-anatomie avaient échoué, jusqu'à maintenant, à mettre en évidence des marqueurs spécifiques de chacun de ces troubles, et notamment de l'autisme typique», des «données récentes en neuro-imagerie suggèrent notamment l'existence d'anomalies dans le plissement du cortex cérébral (la formation des circonvolutions à la surface du cerveau)».

    L'étude ici présentée s'est, pour sa part, intéressée «à un nouveau marqueur géométrique, appelé 'sulcal pit'» («point le plus profond de chaque sillon du cortex cérébral»). Comme «c'est à partir de ces points que se développent les plis présents à la surface du cerveau», ils sont «mis en place très tôt au cours du développement, probablement sous influence génétique, ce qui en fait des indicateurs adaptés aux comparaisons entre individus».

    A partir de résultats d'IRM, les chercheurs ont observé les sulcal pits chez 102 jeunes garçons âgés de 2 à 10 ans, classés en trois groupes (enfants atteints d'autisme typique, enfants atteints de trouble envahissant du développement non spécifié et enfants dépourvus de troubles du spectre autistique).

     

    La comparaison de ces trois groupes a fait apparaître «que, dans l'aire de Broca (une région connue pour être impliquée dans le langage et la communication), la profondeur maximale d'un sillon était moindre chez les enfants atteints d'autisme par comparaison aux deux autres groupes». De plus, «cette atrophie très localisée est corrélée aux performances de communication chez le groupe d'enfant autistes : plus le sulcal pit est profond, plus les compétences en termes de production de langage sont limitées».

     

    Comme «à l'heure actuelle, l'autisme est diagnostiqué sur la base uniquement de signes cliniques, à partir de l'observation des enfants et d'entretiens avec leurs parents», ce qui amène à poser le diagnostic «en moyenne à 4 ans et demi en France», l'anomalie identifiée dans cette étude pourrait conduire «à des prises en charge plus précoces, dès l'âge de deux ans».

    En outre, cette recherche a débouché sur une autre découverte: alors que, jusqu'ici, «on pensait que le plissement du cortex était achevé à la naissance», il est apparu «que certains sillons (les plus superficiels) continuent à se creuser avec l'âge» de façon identique «chez les enfants atteints d'autisme et chez les autres».

     

     

     


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