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    Une étude, dont les résultats intitulés «Fishing down nutrients on coral reefs» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis de mettre en lumière la fonction jouée par l'urine des poissons, «riche en phosphore et en azote» pour la santé et la croissance des coraux.

     

    Pour cela, «l'apport en nutriments de 143 espèces de vertébrés à nageoires, sur 110 sites répartis dans 43 récifs coralliens des Caraïbes, victimes de la surpêche ou au contraire très protégés» a été mesuré. Plus précisément, les analyses ont porté, durant quatre ans, sur l'urine de centaines de spécimens de poissons, capturés vivants («Le plus gros animal testé était un congre vert de plusieurs dizaines de kilos»): ces spécimens ont été placés dans des sacs plastiques pendant trente minutes et les nutriments dans l’eau ont été mesurés avant et après leur séjour dans ces sacs.

     

    D'autre part, les récifs coralliens de la Floride à Cuba ont été minutieusement photographié pour recenser «les espèces différentes qui y vivaient». Pour chaque site, «tous les poissons repérés sur des zones parfois plus grandes qu’un terrain de basket» ont été comptés et mesurés, ce travail ayant été «répété jusqu’à dix fois par récif»!

     

    Il est ainsi apparu que «ce n’est pas tant le nombre d’espèces de poissons visitant ou habitant du corail qui importe, mais leur taille»: ainsi, «l'apport en nutriments baisse de 50% dans les zones de surpêche, où l’on capture sélectivement les espèces à forte valeur ajoutée comme les gros prédateurs: mérou, barracuda, congre, vivaneau».

     

    L'étude montre «que la sortie d'azote varie avec la taille du corps chez les poissons et que les poissons carnivores ont aussi tendance à uriner plus de phosphore par rapport aux plus petits herbivores». Ces deux nutriments sont «essentiels à la survie et à la croissance du corail» de sorte que «privés de pipi de mérou ou de barracuda, les coraux dépérissent». De plus, «ces poissons jouent un rôle essentiel dans le recyclage des nutriments de l’écosystème corallien même», car «en leur absence, le 'nettoyage' ne se fait plus et c’est tout le cycle qui est perturbé».

     

    Ces observations indiquent que pour une meilleure protection des coraux, il est important de «reconstruire les communautés de poissons des récifs coralliens» en intégrant dans la gestion de ces écosystèmes «les impacts prévisibles de la pression de pêche sur la dynamique des nutriments».

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Using hyperspectral imaging to reveal a hidden precolonial Mesoamerican codex» ont été publiés dans la revue Journal of Archaeological Science Reports, révèle ce qui se cachait sous le Codex Selden, l’un des cinq manuscrits rescapés de la civilisation précolombienne des Mixtèques *.

     

    Rappelons tout d'abord que le Codex Selden, aussi appelé Codex Añute, est un manuscrit achevé en 1560, qui se présente sous la forme d'une bande en peau de cerf «de cinq mètres de long comprenant 20 pages pliées en accordéon. Il narre «la généalogie de la dynastie Jaltepec, entre le Xe et le XVIe siècle» et c'est «l’un des 20 codex restants pour toutes les civilisations du Mexique ancien et l’un des cinq seulement issus du peuple mixtèque, dont le nom en nahuatl signifie 'territoire du peuple des nuages'».

     

    Ce rare témoignage de la culture mixtèque, qui a «survécu aux flammes des autodafés espagnols, après leur arrivée dans le sud du Mexique, aujourd’hui région d’Oaxaca, berceau de cette grande civilisation», est devenu «la propriété de John Selden au XVIIe siècle» ce qui explique son appellation de Codex Selden. Il se trouve aujourd'hui dans la bibliothèque Bodleian, au Royaume-Uni.

     

    Alors que, depuis les années 1950, une image, qui se devinait sous la surface du Codex Selden, laissait supposer qu'il était un palimpseste («c'est-à-dire un parchemin manuscrit dont on a effacé la première écriture afin d'écrire un nouveau texte»), l'étude ici présentée a pu découvrir sans endommager le codex, au bout de plusieurs années d'efforts, «le manuscrit plus ancien qui se cachait en dessous depuis plus de cinq siècles», grâce à des techniques d’imagerie hyperspectrale.

     

    Une «abondance d’images» est ainsi apparue sous «les pictogrammes qui composent le récit le plus récent» dessinés et peints sur un enduit de gesso qui recouvre le récit ancien: «c'est la première fois qu’un palimpseste est mis en évidence dans un codex mexicain».

     

    Le récit caché qui a été déchiffré «se distingue des autres connus», car il révèle une généalogie qui semble être unique: il pourrait donc être «très précieux pour l’interprétation des vestiges archéologiques du sud du Mexique».

     

    Dans tout ce qui a été analysé pour le moment («la description de la totalité du manuscrit (20 pages) devrait être présentée dans les années à venir»), «plusieurs scènes rappellent celles figurant dans les autres manuscrits: une assemblée de 20 personnes assises et regardant dans la même direction (un roi et ses sujets ?)» avec la particularité que «contrairement aux autres manuscrits, il y a des hommes et des femmes».

     

    Pour finir, mentionnons un personnage «récurrent et important» qui porte un nom apparenté «à celui d’une figure rencontrée dans les Codex Bodley et Zouche-Nuttall». Si cette identification était confirmée, «il serait un ancêtre de deux lignées liées aux sites archéologiques majeurs de Zaachila et Teozacualco».

     

     

    Lien externe complémentaire (source Wikipedia)

    Mixtèques

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Genomic analysis reveals hidden biodiversity within colugos, the sister group to primates» ont été publiés dans la revue Science Advances, est parvenue à la conclusion que le colugo, un petit mammifère nocturne arboricole d'Asie du sud-est, capable de planer sur plus de 140 mètres, appartiendrait à un groupe frère des primates, c’est-à-dire des singes et des humains.

     

    Indiquons tout d'abord que le colugo, également appelé galéopithèque ou lémur volant est un mammifère «affublé d’une membrane entre les pattes» qui lui permet de planer et de ne presque jamais toucher jamais le sol. Cet animal qu'il ne faut «pas confondre avec les chauves-souris ou les écureuils volants», est classé dans «l’ordre des Dermoptères, qui ne comporte qu’une famille, un seul genre et seulement deux espèces: Cynocephalus variegatus et Cynocephalus volans».

     

    Jusqu'ici, les Dermoptères ont été très peu étudiés et sont «relativement mal connus des biologistes et des éthologues», essentiellement parce que «leur mode de vie nocturne et arboricole et leur capacité à planer les rendent difficiles à observer». De ce fait, durant près d’un siècle, «les biologistes ont débattu de la parenté de cet animal», car si certains l'avait rapproché des scandentiens, «de petits mammifères arboricoles à la queue longue et touffue», le doute subsistait.

     

    Pour en savoir plus, leur génome a été séquencé, dans le cadre de l'étude ici présentée, «à partir d’un individu représentatif originaire de la région occidentale de Java, en Indonésie». Le génome reconstitué de 3,2 milliards de bases a été ensuite «comparé à une série de gènes de 21 autres espèces de mammifères, notamment des primates, pour repérer des similitudes et établir des liens entre eux». Des marqueurs génétiques communs ont été également recherchés pour permettre «d’établir des relations entre des groupes d’animaux avec un bon degré de confiance».

     

    Ces analyses ont alors montré que «les colugos sont bien plus proches des primates qu’ils ne le sont des scandentiens, malgré leur ressemblance avec ces derniers». De plus, il est apparu à la suite de l'analyse du chromosome Y et de l’ADN mitochondrial «récoltés chez des spécimens conservés dans des muséums» qu’il existerait «bien plus d’espèces de Dermoptères qu’on ne l’estimait: jusqu’à 14».

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «How could fully scaled carps appear in natural waters in Madagascar?» ont été publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B, a permis, grâce à l'observation des carpes 'miroir' de Madagascar, de démontrer l'efficacité de la sélection naturelle pour proposer des solutions alternatives d'adaptation à l'environnement».

     

    Rappelons tout d'abord que «lors de la domestication de la carpe, un mutant 'miroir' avec peu d’écailles a été sélectionné par les pisciculteurs» (la mutation concerne la perte de fonction homozygote du gène fgfr1a1 de couverture à grande échelle, qui provoque la couverture 'miroir' réduite), alors que les carpes communes sauvages * (Cyprinus carpio) ont, comme la plupart des poissons, «le corps couvert d’écailles qui leur procurent une protection externe».

     

    En 1912, ce sont ces carpes 'miroir' qui ont été introduites à Madagascar. Il apparaît, un siècle plus tard, «que toutes les carpes sauvages de Madagascar proviennent de cette introduction, mais que la plupart d'entre elles ont des écailles sur tout le corps, bien qu’étant encore porteuses de la mutation 'miroir'».

     

    Ainsi, cette observation, qui prouve «une évolution rapide qui a permis de restaurer la couverture d’écailles nécessaire, par l'utilisation de gènes différents du gène muté d'origine», met en lumière «l'efficacité de la sélection naturelle pour fournir des solutions alternatives aux organismes leur permettant de s’adapter à leur environnement».

     

     

    Lien externe complémentaire (source Wikipedia)

    * Carpe commune

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Permafrost carbon as a missing link to explain CO 2 changes during the last deglaciation» sont publiés dans la revue Nature Geoscience, a permis de modéliser pour la première fois l’évolution temporelle des sols gelés à l’échelle globale et les transferts de carbone associés dans le contexte de la dernière transition climatique glaciaire-interglaciaire. Les mécanismes en question sont ainsi apparu en mesure d'amplifier fortement le changement climatique futur.

     

    Notons tout d'abord que «l'évolution de la teneur en gaz carbonique dans l’atmosphère terrestre résulte de nombreux mécanismes dont l’importance relative dépend des périodes de temps considérées». Plus précisément, «si les facteurs prépondérants aux échelles de temps géologiques de dizaines de millions d’années sont l’intensité de l’activité volcanique (principale source de CO2) et l’érosion continentale (principal puits de CO2)», d’autres facteurs interviennent à l’échelle des milliers et dizaines de milliers d’années: ils impliquent les deux réservoirs principaux de carbone que sont l’océan et la biosphère continentale.

     

    Comme «l’importance relative de ces mécanismes pour expliquer l’augmentation de 40 % du CO2 atmosphérique entre une glaciation et une période interglaciaire» fait aujourd'hui débat, l'étude ici présentée a cherché à évaluer «le rôle joué par les sols gelés dans l’évolution du CO2 au cours de la dernière déglaciation».

     

    Pour cela, dans un premier temps, une modélisation spécifique des sols gelés, qui renferment actuellement selon les estimations «entre 1000 et 1500 milliards de tonnes de carbone», «a été mise au point et testée par rapport à la période actuelle pour laquelle on dispose de nombreuses observations».

     

    Dans un deuxième temps, l'intégration de ce nouveau module «dans un modèle simplifié du système Terre comprenant déjà l'essentiel des autres mécanismes impliqués dans le cycle naturel du carbone» a permis «de calculer les flux de carbone entrants et sortants depuis ce réservoir, en tenant compte de l’évolution de facteurs tels que l’insolation reçue à la surface de la Terre, le niveau des mers, ou encore les flux d’eau douce provenant des inlandsis en fonte» (Les simulations ont été testées grâce «aux données issues des carottes marines, mais aussi des carottes de glace et notamment le rapport isotopique 13C/12C du CO2, une information permettant d’évaluer plus spécifiquement les apports de carbone atmosphérique d’origine continentale»).


    Les simulations ont montré que seule la prise en compte de la dynamique des sols gelés permet de reproduire de manière satisfaisante l’évolution du rapport isotopique
    13C/12C du CO2. Concrètement, «cette contribution importante du dégel des sols et du transfert de carbone vers l’atmosphère prédomine durant la période de temps comprise entre moins 17 500 et moins 16 000 ans, alors que le CO2 augmente d’environ 35 parties par million, soit plus d’un tiers de l’amplitude de l’augmentation glaciaire-interglaciaire du CO2, et le rapport isotopique 13C/12C du CO2 diminue de 0,4 ‰».


    Alors que jusqu'ici «on pensait que la biosphère continentale avait essentiellement absorbé du CO
    2 atmosphérique durant la déglaciation par la croissance végétale, voyant par exemple des steppes et toundras glaciaires remplacées par des forêts denses», cette étude indique «qu’une autre composante du réservoir de carbone biosphérique, le carbone stocké dans les sols gelés, a partiellement compensé cet effet, au point de contribuer de manière importante à la tendance temporelle du CO2».


    Enfin, l'utilisation de ce modèle «dans le contexte du changement climatique du XXIe siècle» pour simuler «l’évolution climatique future», fait apparaître «une amplification du réchauffement global compris entre 10 et 40 %», selon «les scénarios considérés d’émissions de CO
    2 par les activités humaines» avec «la prise en compte de la rétroaction climat / sols gelés dans le modèle de complexité intermédiaire». En particulier, il prévoit d’ici 2100, «un transfert compris entre 40 et 80 milliards de tonnes de carbone entre les sols en dégel et l’atmosphère, augmentant d’autant plus la teneur en CO2 de l’atmosphère et le forçage radiatif associé».

     

     


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