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Une étude, dont les résultats intitulés «Genome of the pitcher plant Cephalotus reveals genetic changes associated with carnivory» ont été publiés dans la revue Nature Ecology & Evolution, a permis de découvrir que les plantes carnivores du monde entier, qui font partie des plantes à fleurs, ont développé la même recette moléculaire mortelle pour digérer les insectes, même lorsqu’elles sont séparées par des millions d'années d'évolution.
Indiquons tout d'abord que la plante pichet australienne, Cephalotus follicularis, espèce carnivore endémique «d’un petit trait de côte dans le sud-ouest de l'Australie», est «plus proche du carambole (Averrhoa carambola) que d'autres espèces de plantes pichet connues en Amérique et en Asie du Sud-Est». Cette observation «suggère que le caractère carnivore est apparu à plusieurs reprises chez les plantes, probablement pour faire face à des sols pauvres en nutriments» et «trouver l'azote et le phosphore nécessaire dans leurs proies».
L'étude ici présentée a séquencé le génome des plantes pichet australiennes qui «produisent des feuilles en forme de pichet mortelles qui ressemblent à une bouche garnie de dents, ainsi que des feuilles plates». Des gènes qui «sont activés différemment entre les feuilles de type pichet et les autres feuilles de la plante», ont ainsi été identifiés. Parmi ceux-ci, il y a «notamment des gènes impliqués dans la fabrication d’amidon et de sucres, qui aident à produire le nectar qui attire les insectes vers leur mort» et «des gènes codant pour les substances cireuses qui rendent l’évasion du pichet plus difficile».
En vue de déterminer «comment les plantes pichets mangent leur proie», le cocktail digestif de Cephalotus follicularis et plusieurs autres plantes carnivores non apparentées a été échantillonné ce qui a abouti à l'identification d'un «total de 35 protéines par spectrométrie de masse».
Il est apparu que «beaucoup de ces protéines sont apparentées à celles que d'autres plantes à fleurs utilisent pour repousser les pathogènes»: il semble, par exemple, que les plantes pichets australiennes et les autres plantes carnivores ont réutilisé les enzymes qui décomposent la chitine, que les plantes produisent «pour se défendre contre les champignons dont les parois cellulaires contiennent ce polymère», pour «digérer les exosquelettes des insectes, qui sont également constitués de chitine».
Cette étude a aussi «constaté que chez des espèces de plantes carnivores éloignées, incluant des espèces de plantes pichet, les gènes déployés pour produire les protéines des fluides digestifs ont une origine évolutive commune». De plus, «certains de ces gènes ont évolué indépendamment pour modifier la forme des enzymes qu'ils codent de façon similaire chez les différentes espèces».
En fin de compte, alors que «l'importance de la convergence évolutive pour les plantes carnivores» avaient déjà été mesurée, cette étude a permis de montrer «comment cette convergence peut se produire jusqu'au niveau moléculaire».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Natural amines inhibit activation of human plasmacytoid dendritic cells through CXCR4 engagement» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis de mettre en lumière le rôle de certains neuromédiateurs («molécules libérées par un neurone au niveau d'une synapse pour modifier l'activité d'une autre cellule») dans la régulation des défenses de l'organisme.
On sait, «depuis près d'un demi-siècle», que les infections virales et bactériennes favorisent allergies et dépression en affaiblissant le système immunitaire. Cependant, jusqu'à présent, «les mécanismes cellulaires à l'origine de cette vulnérabilité restaient méconnus».
Rappelons ici que «les réactions immunitaires d'un organisme sont guidées par les cellules dendritiques plasmacytoïdes (pDC)». Ainsi, «lorsque ces globules blancs relativement rares dans la circulation sanguine détectent une infection, ils relâchent de grandes quantités de molécules, des interférons» qui s'attaquent aux «virus, bactéries, parasites et même tumeurs cancéreuses» et déclenchent 'un état grippal' «que tout le monde connaît : fièvre, courbatures, maux de tête, etc.».
En raison de leur rôle, «les pDC sont souvent surnommées 'les sentinelles de l'immunité', ce qui signifie bien que les interférons sont leurs 'petites mains'. Néanmoins, «pour rester efficace, ce système de défense doit être mesuré dans ses réponses», car «une activation prolongée des pDC», qui épuise les cellules, «se révèle délétère dans le cas du sida ou de la sclérose en plaques».
Pour sa part, l'étude ici présentée révèle «que cette mécanique peut être enrayée en présence de certains neuromédiateurs (histamine, mais aussi sérotonine, dopamine...)»: en effet, ceux-ci empêchent «les cellules pDC de libérer les interférons», de sorte «qu'ils laissent l'organisme sans défense face aux infections». En outre, le rôle d'un récepteur membranaire, CXCR4, une protéine de surface «connue pour être l'une des deux clés (avec les CD4) qui permettent au virus d'infecter les cellules», a été «mis en évidence dans la régulation de la réponse immunitaire».
En conséquence, cette étude ouvre la voie à la mise au point de molécules modulatrices «ciblant ce récepteur CXCR4, qui vont moduler l'activité des neurotransmetteurs et donc l'activité des cellules pDC». D'une part, «si on arrive à faire produire plus d'interférons au pDC, cela ouvrira de nouvelles perspectives pour traiter les cancers», tandis que, d'autre part, «dans le cas de la sclérose en plaques où c'est le système immunitaire lui-même qui s'attaque aux axones», il faudra «plutôt freiner l'activité de ces cellules».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Hydrolagus erithacus sp. nov. (Chimaeriformes: Chimaeridae), a new species of chimaerid from the southeastern Atlantic and southwestern Indian oceans» ont été publiés dans la revue Zootaxa, a permis de décrire une nouvelle espèce de requin fantôme, dénommée Hydrolagus erithacus, à partir de neuf spécimens du sud-est de l’atlantique et du sud-ouest de l’océan indien capturés dans des profondeurs allant de 470 à 1000 mètres.
Indiquons tout d'abord que «les espèces du genre Hydrolagus, très semblables s'avèrent difficiles à distinguer morphologiquement». Pour sa part, la chimère décrite ici «arbore d’impressionnantes dents… de lapin» ce qui fait qu'elle rentre bien dans le genre Hydrolagus («littéralement 'lièvre d’eau' en grec»).
Plusieurs aspects permettent de différencier ce requin fantôme: en particulier, sa «coloration noire et uniforme» de la peau, «sa grosse tête par rapport à son corps» et sa grande taille «à maturité»(environ 1 mètre de longueur, ce qui le place «en deuxième position des plus grandes espèces de requin fantôme sur les cinquante déjà connues») le distinguent des autres. De son côté, l'analyse génétique («comparaison des séquences du gène NADH2 mitochondrial avec d'autres espèces Hydrolagus») suggère également que Hydrolagus erithacus constitue bien une espèce distincte.
Plusieurs autres aspects physiologiques le caractérisent. D'abord, «des canaux équipés de nombreux pores sur le devant de la tête lui permettent de détecter ses proies dans des environnements désespérément sombres». Ensuite, «une épine venimeuse précède sa première nageoire dorsale» et «la seconde s’étend sur pas moins de 80% de la longueur de l’animal». De plus, il utilise aussi sa nageoire pectorale pour se déplacer, dans un mouvement de battement, «contrairement aux autres qui se servent de leurs nageoires caudales».
Pour finir, notons que son squelette, comme celui de ses congénères, «se compose exclusivement de cartilage» à l'exception de ses dents et de sa fine épine «qui elles, sont calcifiées».
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Une étude, dont les résultats intitulés «A single splice site mutation in human-specific ARHGAP11B causes basal progenitor amplification» ont été publiés dans la revue Science Advances, met en lumière comment une mutation chez nos lointains ancêtres Homo erectus, qui parcouraient la planète il y a 500000 ans avec des cerveaux environ deux fois plus petits que ceux Homo sapiens, a été le déclic permettant de «maîtriser l’abstraction et les notions complexes».
La mutation en question «est la plus simple qu’on puisse imaginer en génétique» puisqu'elle «concerne les lettres A, C, T, G qui forment la double hélice d’ADN, et qu’on appelle bases azotées». Plus précisément, un C, qui «a été remplacé par erreur (les cellules font parfois des erreurs de réplication de l’ADN) par un G», a produit un effet inattendu: le gène qui se trouvait à cet endroit a alors contenu «un trio de lettres GTA (et non plus CTA)», interprété par les cellules du corps «comme un signal de coupure». De ce fait, le gène est coupé par des enzymes et «raccourci par un procédé nommé épissage» qui l'ampute «de 55 bases azotées».
Alors que le gène à l’œuvre chez nos ancêtres «régulait la croissances de filaments d’actine dans les neurones, les protéines qui forment le squelette interne des cellules», la version raccourcie que nous possédons aujourd’hui dans notre génome, ARHGAP11B, «ne remplit plus cette fonction, mais stimule la division des neurones à partir de cellules mères, dites progénitrices, dans certaines zones cruciales du cerveau, les ventricules».
Concrètement, ce gène muté fait que les cellules progénitrices «se divisent à un rythme accru, donnant naissance à de jeunes neurones qui migrent ensuite des ventricules vers la périphérie du cerveau, participant à la croissance du cortex», qui, à force de s’étendre, «est obligé de se plisser pour 'tenir' de façon compacte à l’intérieur de la boîte crânienne, donnant cet aspect replié caractéristique du cerveau humain».
Le transfert de la version mutée du gène à des souris prouve que leur cerveau produit «des neurones à un rythme accrû, bien supérieur au taux habituel». Il est donc probable que ce changement, ponctuel sur un seul maillon de l’ADN, a suffi «pour transformer un cerveau d’erectus en cerveau d’Homo sapiens».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Gloria Knolls Slide: A prominent submarine landslide complex on the Great Barrier Reef margin of north-eastern Australi» ont été publiés dans la revue Marine Geology, a permis d'identifier, à 75 km au large d'Innisfail, localité de l’État du Queensland (Australie), les traces d'un gigantesque glissement de terrain sous-marin qui pourrait avoir provoqué un tsunami monumental il y a 300.000 ans.
C'est l'élaboration «d'une cartographie en trois dimensions des fonds marins dans la zone de la Grande Barrière de corail» qui a conduit à découvrir, 'de façon fortuite', «cet effondrement du talus continental, probablement provoqué par un séisme». Plus précisément, alors que «huit tertres sous-marins 'au milieu de nulle part'» avaient déjà été repérés, une vaste cavité dans le talus a été découverte «en reconstituant leur cartographie». Elle correspond a une «gigantesque portion du talus continental qui manque, sur une longueur de 20 km et une profondeur de 8 km».
Au total, ce glissement de terrain «a emporté 32 km carrés de matière, 'soit environ 30 fois le volume d'Uluru'» (Uluru est le «célèbre rocher australien de 348 mètres de haut, qui est aussi connu sous le nom d'Ayers Rock»). La datation des «fossiles de coraux d'eau profonde retrouvés à plus d'un km de profondeur sur les tertres sous-marins» a permis d'estimer la date du glissement de terrain («le plus vieux a été daté à 302.000 ans»), qui «pourrait avoir engendré des vagues de tsunami de 27 mètres de haut», mais ce phénomène «pourrait avoir été dissipé par la présence importante de récifs coralliens».
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