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Une étude, dont les résultats intitulés «Is there 1.5-million-year-old ice near Dome C, Antarctica?» ont été publiés dans la revue The Cryosphere, a permis de déterminer, en combinant observations radar et modélisation, plusieurs sites potentiels de glace vieille de 1,5 million d’années à proximité de la base franco-italienne Concordia * en Antarctique de l’Est, alors que la plus vieille glace forée jusqu’à présent, issue du forage EPICA Dome C, couvre les 800 000 dernières années.
Rappelons que «la neige sédimentant en surface des calottes polaires forme une archive de premier plan», car d'abord «son épaisseur de plusieurs kilomètres permet d’obtenir une résolution temporelle remarquable», ensuite, «elle n’est pas perturbée par des processus biologiques toujours difficiles à quantifier» et enfin, «elle renferme des bulles d’air qui sont des échantillons quasiment intacts des atmosphères passées». Ainsi, la plus ancienne forée, vieille de 800 000 ans, «permet de couvrir les grands cycles glaciaire-interglaciaire d’une période d’environ 100 000 ans».
Pour le moment, «au-delà d’environ 1 million d’années, d’autres archives paléoclimatiques, notamment les sédiments océaniques, indiquent que les cycles climatiques étaient d’amplitude moindre, avec une période d’environ 40 000 ans». Comme «une carotte de glace remontant à 1 million d’années» pourrait nous faire découvrir l’origine de cette transition climatique et indiquer le rôle que les gaz à effet de serre, et notamment le CO2, y ont joué, il est important de localiser en Antarctique de nouveaux sites avec de la glace très ancienne.Pour cela, dans le cadre de l'étude ici présentée, «des profils radar qui permettent de sonder la calotte polaire et d’observer des surfaces d’un âge donné, appelées isochrones, jusqu’à 80 % de la profondeur» ont été analysés. Puis un modèle simplifié de calotte polaire a servi à extrapoler les observations radar jusqu’au fond et a conduit à désigner «deux zones abritant potentiellement de la glace ancienne : à 40 km au sud-ouest de Concordia, proche d’un dôme secondaire (le petit Dôme C) ; à 20 km au nord-est de Concordia (la 'zone Nord')».
En fin de compte, l'identification de ces zones «devrait donner du travail aux glaciologues européens pour la décennie à venir» pour forer et analyser le résultat de ces forages.
Lien externe complémentaire (source Wikipedia)
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Une étude, dont les résultats intitulés «Group galaxy number density profiles far out: Is the ‘one-halo’ term NFW out to >10 virial radii?» sont publiés dans la revue MNRAS, a permis de mesurer, pour la première fois, le profil de densité intrinsèque des amas de galaxies et a montré qu'après avoir retiré leurs voisins de l’analyse, ces amas sont 10 fois plus étendus que ce qu’on croyait jusqu'à présent.
Notons tout d'abord que si «les observations et les simulations numériques indiquent que la distribution des galaxies autour des amas de galaxies suit un modèle universel», jusqu'ici «on ne savait pas jusqu’où s’étendent les amas, car, à grande distance de l’amas il y a confusion avec les petits amas voisins».
Plus précisément, «les études des profils de densité (nombre de galaxies par unité de volume en fonction de la distance au centre) des amas de galaxies se sont toutes focalisées sur la densité totale, qui suit le modèle 'NFW' * jusqu’au rayon dit du viriel ** à l’intérieur duquel les amas sont en équilibre dynamique» alors qu'au delà, «la densité totale est progressivement dominée par les galaxies d'autres amas moins massifs, ce qui rend difficile la mesure du profil de densité intrinsèque de chaque amas».
Dans ce contexte, l'étude ici présentée, «en assignant chaque galaxie à un seul amas (le plus proche de la galaxie après normalisation de leur séparation par le rayon de viriel de l’amas)» a évité «toute confusion entre l’amas étudié et les amas autour» dans l'analyse de «plus de 500 amas issus d’une simulation état-de-l’art de galaxies, dit L-Galaxies (Henriques et al. 2015). Il est alors apparu «que les amas s’étendent jusqu'à 13 rayons de viriel».
Ce résultat a pu être confirmé sur les données d’observation, «malgré la difficulté à mesurer les distances entre objets dans l’espace observable», puisque «le profil de densité intrinsèque des amas, projeté sur le ciel, s’étend jusqu'à 10 rayons de viriel» de sorte qu'on peut affirmer que les amas sont «10 fois plus grands que ce que l’on pensait».
Bien qu'au-delà du rayon de viriel, «le profil de densité intrinsèque dépend de la masse minimale des amas auxquels on assigne les galaxies», l'étude révèle «qu’il existe une masse d’assignation minimale particulière qui conduit à un profil de densité intrinsèque des amas suivant parfaitement le modèle NFW, dont la densité dans les zones externes est inversement proportionnelle au cube (carré en projection sur le ciel) de la distance au centre».
En fin de compte, «cette grande étendue des amas de galaxies va changer la manière de construire des grands catalogues virtuels de galaxies par la méthode populaire, dite 'HOD', où partant d’une simulation dynamique de l’Univers, on place des galaxies dans chaque amas (conformément au modèle NFW)», car «au lieu de peupler les amas de galaxies jusqu'à 1 ou 2 rayons de viriel», il faudra le faire «jusqu'à 13 rayons de viriel». Cependant, il reste «à comprendre l’origine de la grande étendue des amas, ainsi que les fondements du modèle NFW».
Liens externes complémentaires (source Wikipedia)
* Modèle Navarro-Frenk-White (modèle NFW)
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Une étude, dont les résultats intitulés «A temperate exo-Earth around a quiet M dwarf at 3.4 parsecs» ont été publiés dans la revue Astronomy & Astrophysics et sont disponibles en pdf, rapporte la découverte, grâce à l’instrument HARPS (High Accuracy Radial velocity Planet Searcher) de l’ESO installé à l’Observatoire de La Silla (Chili), d'une planète tempérée de type Terre en orbite autour de la naine rouge Ross 128 *, située à seulement 11 années-lumière du Système Solaire, sa période orbitale étant de 9,9 jours.
Immatriculée Ross 128 b **, cette exoplanète, «constitue, à ce jour, le second monde tempéré le plus proche du Système Solaire après Proxima b» et comme «Ross 128 b est également la planète la plus proche de nous en orbite autour d’une naine rouge inactive» («Ross 128 est l’étoile proche la plus calme»), cela renforce «la probabilité qu’elle abrite la vie» et la désigne comme étant «une cible de choix pour l’Extremely Large Telescope de l’ESO qui sera en mesure de détecter, au sein de son atmosphère, la présence ou non de biomarqueurs».
Rappelons ici que les naines rouges, qui «figurent parmi les étoiles les plus froides, les moins brillantes (et pourtant les plus abondantes) de l’Univers», constituent «d’excellentes hôtes potentielles d’exoplanètes et font l’objet d’études toujours plus nombreuses», car «il est bien plus facile de détecter des exoTerres à proximité de ces étoiles qu’autour d’étoiles semblables au Soleil». Cependant «de nombreuses étoiles de type naine rouge, y compris Proxima Centauri, s’embrasent parfois, baignant leurs planètes dans des rayonnements ultraviolet et X mortels».
Cela ne semble pas être le cas de Ross 128 «de sorte que les planètes qu’elle abrite pourraient constituer les mondes habitables les plus proches de notre Système Solaire», car «bien qu’elle se situe actuellement à 11 années-lumière de la Terre, Ross 128 s’approche de nous» et «pourrait devenir notre plus proche voisine stellaire d’ici moins de 79 000 ans (un clin d’œil à l’échelle cosmique)». Alors, Ross 128 b détrônera Proxima b, en «devenant l’exoplanète la plus proche de la Terre».
Bien que Ross 128 b se situe «à une distance 20 fois plus petite de son étoile hôte que la distance séparant la Terre du Soleil», cette exoterre ne reçoit que «1,38 fois plus de rayonnement que la Terre». Il en ressort que «la température d’équilibre de Ross 128 b est estimée entre – 60 et + 20°C, grâce à la nature froide et peu brillante de la petite naine rouge autour de laquelle elle se meut, et dont la température de surface équivaut à la moitié de celle du Soleil».
Néanmoins si Ross 128 b peut être assimilée à une planète tempérée, l'incertitude demeure «quant à la localisation de la planète à l’intérieur, à l’extérieur ou à l’orée de la zone habitable, condition requise pour que de l’eau liquide couvre tout ou partie de sa surface».
Liens externes complémentaires (source Simbad)
* Ross 128
** Ross 128 b
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Une étude, dont les résultats intitulés «Early Neolithic wine of Georgia in the South Caucasus» ont été publiés dans la revue PNAS, fait état de la découverte dans le sud du Caucase, en Géorgie, de poteries néolithiques vieilles de 8.000 ans contenant les plus anciens indices chimiques de production de vin: en effet, jusqu'ici les plus anciennes indications de production de vin étaient datées «de 5.400 à 5.000 ans avant l'ère chrétienne» et provenaient des montagnes de Zagros en Iran.
Plus précisément, l'analyse des substances retrouvées dans les huit jarres mises au jour a permis de détecter «la présence d'acide tartrique, signature chimique du raisin et du vin» et de trois autres acides liés à la viticulture (l'acide malique, l'acide succinique et l'acide citrique).
La Géorgie se retrouve ainsi «au cœur du berceau de la domestication de la vigne et de la viticulture», puisque «la combinaison des données archéologiques, chimiques, botaniques, climatiques et de datation montre que la variété de vigne Vitis vinifera était abondante autour des deux sites d'excavation en Géorgie» qui ont été fouillés.
Ces deux sites, «riches en poteries du début du néolithique datant de 8.100 à 6.600 ans», sont «Gadachrili Gora et Shulaveris Gora, situés à une cinquantaine de kilomètres de Tbilissi». Il apparaît que «les vignes eurasiennes, qui produisent aujourd'hui 99,9% du vin dans le monde, sont originaires du Caucase» et il s'agit ici des «vestiges de la plus ancienne domestication de vignes sauvages en Eurasie dans le seul but de produire du vin».
Comme «la version domestiquée du raisin pour la production de vin de table compte aujourd'hui plus de 10.000 variétés dans le monde» («dont plus de 500 pour la seule Géorgie»), on peut en déduire «que les vignes ont fait l'objet de nombreux croisements pour créer différents cépages depuis très longtemps dans cette région d'Eurasie» où, durant le néolithique, le climat «était assez proche de celui des régions viticoles d'aujourd'hui en Italie et dans le sud de la France». Relevons ici que «la plupart des cépages classiques appartiennent à cette espèce comme le cabernet sauvignon, le chardonnay, le syrah, le merlot, la grenache, le mourvèdre ou le riesling».
Cette étude laisse penser que la viticulture a été «le principal élément du mode de vie néolithique» à se répandre dans le Caucase et au-delà vers le sud en Irak, en Syrie et en Turquie»: c'est d'ailleurs à cette période que la poterie («idéale pour fabriquer, servir et conserver des boissons fermentées», a été inventée «avec aussi de nombreuses avancées dans la technologie, la cuisine et l'art».
Au bout du compte, il ressort «que dans ces anciennes sociétés, boire et offrir du vin faisait partie de quasiment tous les aspects de la vie», le vin devenant «une composante incontournable des cultes religieux, de la pharmacopée, de la cuisine, de l'économie et de la vie sociale à travers tout le Moyen-Orient» en étant à la fois médicament, «lubrifiant social» et «une substance altérant l'esprit».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Ionised gas structure of 100 kpc in an over-dense region of the galaxy group COSMOS-Gr30 at z~0.7» sont publiés dans la revue Astronomy & Astrophysics et sont disponibles en pdf sur arxiv.org, a permis de découvrir, grâce à l'instrument MUSE du VLT de l'ESO installé au Chili, un nuage de gaz ionisé géant qui mesure plus de 300 000 années lumière, soit trois fois le diamètre de la Voie Lactée, et enveloppe dix galaxies situées dans une région particulièrement dense d'un groupe de galaxies appelé COSMOS-Gr30, distant de 6.5 milliards d'années lumière de la Terre.
La puissance de MUSE indique que «cette grande quantité de gaz n'est pas primordiale». En effet, si de grands nuages de gaz «ont déjà été observés par le passé», ils «étaient généralement plus petits, moins brillants, et souvent associés à des galaxies très massives hébergeant un trou noir géant dont l'intense rayonnement pouvait expliquer leur chauffage».
Ce nuage de gaz qui devient ainsi «la plus grosse structure de ce type connue à ce jour» est la preuve de l'existence «de tous nouveaux processus, certainement reliés à l'environnement très dense dans lequel se situe cette structure»: plus précisément, «ce nuage de gaz pourrait être le témoignage des processus violents invoqués généralement pour expliquer l'arrêt brutal de la formation d'étoiles dans les galaxies habitant les structures les plus denses de l'Univers».
Ce nuage hors-norme a été découvert et étudié en détail grâce à l'incroyable sensibilité de l'instrument MUSE, développé pour Very Large Telescope (VLT), qui couvre les longueurs d'onde visibles: c'est « un outil puissant et unique pour mettre en lumière des objets célestes qui restaient jusque-là dans l'ombre», car il «combine à la fois les possibilités d'un instrument imageur et la capacité d'un spectrographe».
L'observation effectuée par MUSE fait apparaître que cette grande quantité de gaz «a été vraisemblablement extirpée des galaxies, soit au cours de violentes interactions pouvant aller jusqu'à la fusion des galaxies, soit par des super-vents dus à l'activité de trous noirs géants ou à l'effet cumulé des supernovae».
Pour expliquer «comment ce nuage pouvait être chauffé aussi loin des galaxies», l'étude cite plusieurs processus: la majeure partie semble être ionisée par «le rayonnement intense émis par des étoiles nouvellement formées dans les galaxies, et par les chocs entre les nuages de gaz éjectés de ces mêmes galaxies» et, «dans une région plus localisée de ce nuage, un trou noir géant en phase active serait à l'origine du chauffage du gaz».
En fin de compte, cette découverte montre «que la rencontre de plusieurs galaxies à l'intersection des filaments de la toile cosmique peut engendrer une série de processus qui éjecte une quantité énorme de gaz en dehors des galaxies et qu'il existe des mécanismes capables d'ioniser ce gaz à très grande distance des galaxies».
Il se peut «que ce phénomène soit le prélude à la formation de galaxies très massives, sans gaz ni formation d'étoiles, au centre de grandes structures telles que les amas de galaxies et que ce genre de phénomène soit en partie responsable de l'arrêt de la formation d'étoiles dans ces structures» ou alors il est possible «que le gaz reforme un disque, ce qui pourrait expliquer l'existence de galaxies passives possédant un disque épais d'étoiles plutôt vieilles et un disque plus jeune, tel qu'observé dans la Voie Lactée».
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