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Une étude, dont les résultats intitulés «MGS‐TES spectra suggest a basaltic component in the regolith of Phobos» ont été publiés dans la revue Journal of Geophysical Research: Planets, apporte un nouvel élément au débat concernant l'origine des deux lunes de Mars, Phobos et Deimos, qui ont été découvertes au XIXe siècle.
Rappelons tout d'abord que deux hypothèses sont en concurrence: la première est que Phobos et Deimos, auraient pu être des «petits corps célestes capturés par Mars à un moment de son histoire» (en effet, lorsque l'on étudie l'aspect de ces lunes, on est amené à conclure que l'on est très probablement en présence de corps dont la composition serait très similaire des astéroïdes de type D, ce qui suggère qu'ils ont été capturés par Mars), tandis que, pour la seconde l'hypothèse, ils pourraient avoir été formés par accrétion en grande partie des matériaux éjectés par l'impact entre Mars et un plus petit corps céleste que cette planète.
Afin d'essayer de départager ces deux hypothèses, capture ou impact, l'étude ici présentée a «utilisé des échantillons de la fameuse météorite du lac Tagish, une chondrite carbonée rare dont on pense qu'elle est un bon représentant des matériaux constituant les astéroïdes de type D». Après avoir placé ces échantillons «dans les conditions de pression et de température subies par Phobos et Deimos dans le vide spatial avec des alternances d'exposition à la lumière du Soleil», une analyse spectrale de la lumière émise a été réalisée dans l'infrarouge moyen.
Parallèlement, ont été consultées «les données spectrales acquises dans cette bande par la mission Mars Global Surveyor (une mission spatiale de la Nasa qui a étudié de 1997 à 2006 l'atmosphère et la surface de Mars en circulant sur une orbite héliosynchrone autour de celle-ci) avec son spectromètre d'émission thermique».
Il est alors apparu que «le spectre des émissions de la surface de Phobos et Deimos dans l'infrarouge moyen ne ressemble pas du tout à celui de la météorite du lac Tagish», tandis que «ce dernier est parfaitement compatible avec du basalte en fine poudre associé à des phyllosilicates (ce genre de minéraux se trouve par exemple dans les argiles) et un peu de matière carbonée». Ce genre de composition correspond à «la théorie de l'impact puisque la surface de Mars est formée pour l'essentiel de basaltes qui peuvent s'altérer en donnant des argiles»: plus précisément, «ces matériaux se seraient mélangés à ceux d'un impacteur riche en carbone une fois dans l'espace» et, ensuite, le processus d'accrétion se serait enclenché pour aboutir à la formation de Phobos et Deimos.
Cependant, si la théorie de l'impact vient de marquer un point, «la prudence reste de mise», car «la météorite du lac Tagish est assez exceptionnelle» et «elle n'est peut-être pas vraiment représentative des astéroïdes de type D». En outre, «l'érosion spatiale provoquée par les particules de vent solaire peut faire évoluer l'état de la surface d'un astéroïde, rendant plus difficile l'interprétation de sa composition, ce qui est aussi valable pour Phobos et Deimos».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Neolithic water management and flooding in the Lesser Caucasus (Georgia)» ont été publiés dans la revue Quaternary Science Reviews, rapporte la découverte dans le Caucase méridional des vestiges les plus anciens témoignant d'une gestion de l'eau, dès 5.900 avant J.-C. Ces canaux, retrouvés sur le site néolithique de Gadachrili Gora (Géorgie), ont été empruntés par une crue de la rivière, qui a inondé le village et entraîné l'abandon de ces infrastructures hydrauliques.
Rappelons tout d'abord que, jusqu'ici, «les chercheurs situaient l'origine de la gestion de l'eau par l'Homme dans les sociétés néolithiques du Proche-Orient en 5.500 avant J.-C.. Dans ce contexte, les recherches décrites ici ont commencé en 2013 et «ont combiné archéologie, études stratigraphiques d'anciennes berges, analyses de restes végétaux, datations de morceaux de charbon par carbone 14, mesures de carbone 12 et 13 sur des graines, afin de reconstituer l'histoire du paysage et de ses habitants, et en particulier celle du lit de la rivière Shulaveri, un affluent de la Kura, connue pour ses crues dévastatrices».
Il est ainsi apparu qu'environ six millénaires avant notre ère, «des hommes de la culture néolithique dite de Shulaveri-Shomu ont construit des canaux pour dévier le cours de la rivière alors que le climat devenait plus humide et plus favorable à la culture». En outre, il a été constaté qu'une «crue exceptionnelle a emprunté ces canaux et a détruit le village établi à proximité».
Notons que «l'analyse des graines n'a pas permis de prouver que les canaux ont servi à l'irrigation».En tout cas, «à la suite de cet événement, la rivière Shulaveri a vu son lit complètement bouleversé: l'abandon probable des infrastructures hydrauliques, l'érosion, la tectonique et l'évolution du climat ont accompli leur œuvre».
En fin de compte, comme «une autre équipe a mis au jour des structures hydrauliques analogues, appartenant à la même période, en Azerbaïdjan, dans une autre région voisine du Caucase», ces découvertes «invitent à approfondir les liens entre les pratiques de gestion de l'eau et les changements climatiques passés, ou encore l'impact environnemental des modes d'occupation des sols sur l'équilibre des hydrosystèmes».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Plausible home stars of the interstellar object 'Oumuamua found in Gaia DR2» ont été soumis à la revue The Astronomical Journal et sont disponibles en pdf, a permis de proposer quatre étoiles candidates au titre de lieu de naissance de 'Oumuamua (*), en s'appuyant sur le catalogue DR2 de GAIA contenant les vitesses radiales d'environ sept millions d'étoiles.
Rappelons tout d'abord que la découverte, l'année dernière, du premier de objet interstellaire connu, «baptisé depuis 'Oumuamua», a suscité beaucoup de recherches pour en connaître l'origine. Les paramètres de sa trajectoire permettent «de rétrocalculer ses mouvements passés». Sa vitesse «étant très faible devant celle de la lumière», il faut «pouvoir compter sur les positions d'étoiles dans la banlieue du Soleil il y a plusieurs millions d'années» en les calculant, à partir de leurs positions et vitesses actuelles.
Pour sa part, l'étude ici présentée a intégré le fait «que 'Oumuamua s'était bel et bien comporté (bien que faiblement) comme une comète (les images prises ne le laissaient pas supposer) et pas comme un astéroïde aux abords du Soleil», car «ses émissions de gaz avaient biaisé les premiers calculs concernant son orbite parce qu'elles n'avaient pas été prises en compte».
L'étude a pu ainsi proposer quatre candidates, qui sont des étoiles naines: plus précisément, «il y a au moins un million d'années, c'est l'étoile naine rougeâtre HIP 3757 (**) qui s'est approchée le plus près de 'Oumuamua, à environ 1,96 année-lumière », puis vient HD 292249 (***), une étoile cadidate «similaire à notre Soleil et qui était un peu moins proche de 'Oumuamua il y a 3,8 millions d'années», tandis que «les deux autres candidats ont rencontré 'Oumuamua respectivement il y a 1,1 et 6,3 millions d'années».
Cependant, ces estimations sont à prendre avec prudence non seulement à cause «des incertitudes inhérentes à toutes les mesures» et aux calculs menés avec elles, mais aussi parce qu'on ne connaît pas encore «les données astrométriques de toutes les étoiles qui pourraient initialement être de bons candidats». Comme un troisième catalogue de données de GAIA sera bientôt publié, il pourra «faire bouger les choses».
D'autre part, alors que «les scénarios de la naissance de 'Oumuamua reposent sur l'existence de planètes géantes ou d'étoiles doubles», il faut souligner qu'aucune géante «n'est connue autour des quatre étoiles avancées aujourd'hui, qui ne sont d'ailleurs pas des binaires».
Lien externe complémentaire (source Wikipedia)
(*) 1I/ʻOumuamua
Liens externes complémentaires (source Simbad)
(**) HIP 3757
(***) HD 292249
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Une étude, dont les résultats intitulés «Locally-curved geometry generates bending cracks in the African elephant skin» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis de découvrir que les millions de minuscules crevasses, qui couvrent la peau des éléphants d'Afrique, sont des fractures dans l’épiderme, profondes d’un millimètre et que celles-ci proviennent des tensions sur les bosses et creux de la peau micro-vallonnée de l’éléphant, tensions provoquées par l’épaississement naturel de la peau avec l’âge.
Rappelons tout d'abord que, comme l’éléphant «est dépourvu de glandes sudoripares», il ne transpire pas de sorte qu'il doit «s’asperger régulièrement d’eau». Face à cette situation, les crevasses de sa peau «lui permettent d’en absorber beaucoup plus et de la conserver plus longtemps que si sa peau était lisse». Ainsi, toute cette eau retenue va, en s’évaporant, permettre à l’éléphant «de ne pas surchauffer dans son environnement chaud et sec».
Pour sa part, l'étude ici présentée a «constaté qu’il s’agissait de véritables fractures des couches cornées de l’épiderme», alors que l'épiderme corné des éléphants «est 50 fois plus épais que le nôtre». Ensuite, l'analyse de «la couche qui se situe sous les zones de ruptures» a fait apparaître «que le derme de l’éléphant ne constitue pas une surface plane comme chez les humains, mais forme une structure semblable aux vallées alpines, faites de pics de minuscules montagnes, nommées papilles, et de vallées creuses». Au bout du compte, les analyses d’échantillons de peau d’éléphants «montrent que les crevasses suivent le dessin formé par les micro-vallées qui entourent ces micro-montagnes».
De plus, le fait que «les crevasses sont absentes chez le nouveau-né, dont la peau est encore souple», suggère qu’elles se forment «à cause de l’extrême sécheresse de la peau des pachydermes qui se rétrécirait avec le temps avant de craquer, comme dans la boue séchée». Cependant, un modèle informatique construit pour tester cette hypothèse a généré «des crevasses qui traversaient également des papilles, cas de figure qui n’existe pas chez l’éléphant».
Ce même modèle mathématique a alors été utilisé pour tester une seconde hypothèse selon laquelle la peau craque à la suite de «son épaississement spectaculaire sur une surface micro-vallonnée». Finalement, le modèle a bien confirmé que l’épaississement de la peau provoque «de fortes tensions entre les papilles, aboutissant à un pliage de l’épiderme qui craque exclusivement dans les vallées».
Néanmoins, on peut se demander pourquoi «ces fractures profondes sont absentes chez l’éléphant d’Asie bien que sa peau soit également micro-vallonnée». L’explication se trouverait «dans la fonction de ces crevasses profondes»: en effet, «la peau de l’éléphant d’Afrique peut stocker 5 à 10 fois plus d’eau qu’une peau lisse» permettant «à l’animal de se refroidir pendant une longue période» et, en plus, «ces crevasses permettent à la boue de rester accrochée à la peau, constituant une couche protectrice contre le soleil et les attaques incessantes des insectes». En fin de compte, l’éléphant d’Asie n’aurait pas de crevasse, «probablement parce qu’il vit dans un climat moins chaud et plus humide, où le refroidissement par évaporation est beaucoup moins efficace», si bien qu'il n’aurait pas besoin d’une peau craquelée.
Pour finir, on peut remarquer que «la peau de l’éléphant d’Afrique présente de fortes similitudes morphologiques avec celle des personnes atteintes d’ichtyose vulgaire, un trouble congénital cutané fréquent, touchant environ une personne sur 250, connu pour provoquer le dessèchement et le craquage de la peau suite à un épaississement de la couche cornée de l’épiderme». Il s'en suit que «si des comparaisons détaillées en biologie moléculaire validaient ces similarités, cela démontrerait que des mutations génétiques similaires, apparues indépendamment chez l’homme et l’éléphant d’Afrique, se seraient révélées défavorable chez l’un et hautement utile chez l’autre».
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Une étude, dont les résultats intitulés «Nearly all the sky is covered by Lyman-α emission around high-redshift galaxies» sont publiés dans la revue Nature, a permis, grâce à des observations du ciel profond (Univers jeune) effectuées au moyen du spectrographe MUSE qui équipe le VLT de l’ESO, de révéler l’existence de vastes réservoirs cosmiques d’hydrogène atomique en périphérie de lointaines galaxies.
Plus précisément, grâce à l’instrument MUSE, «un excès inattendu d’émission Lyman-alpha au sein du Champ Ultra Profond d’Hubble (HUDF)» a été découvert. Comme «cette émission couvre la quasi-totalité du champ de vue», elle laisse penser «que la presque totalité du ciel est emplie d’un rayonnement invisible de type Lyman alpha issu de l’Univers jeune».
Indiquons ici que la région UHDF observée, qui «se situe dans la constellation du Fourneau», fut scrutée en profondeur et «cartographiée par le Télescope Spatial Hubble du consortium NASA/ESA en 2004» au bout de 270 heures d’observation. Ces observations qui «ont révélé l’existence de milliers de galaxies à l’arrière-plan d’une petite zone sombre du ciel», donnent «un aperçu des vastes dimensions de l’Univers».
La détection de l’émission Lyman alpha au sein de l’UHDF, grâce «aux exceptionnelles performances de MUSE» qui a réalisé une image composite montrant «le rayonnement Lyman alpha de couleur bleue, superposé à la célèbre image UHDF», est une première, puisque «cette raie de faible intensité en provenance des enveloppes gazeuses des premières galaxies n’avait jamais été observée auparavant».
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