-
Une étude, dont les résultats intitulés «Human adipose stromal-vascular fraction self-organizes to form vascularized adipose tissue in 3D cultures» ont été publiés dans la revue Scientific Reports, a permis de développer, grâce à la culture en 3 dimensions, des petites unités cellulaires, dénommées adiposphères, qui miment les caractéristiques et l’organisation du tissu adipeux tel qu’il se présente chez l'homme in vivo.
Rappelons tout d'abord que «le tissu adipeux humain, richement vascularisé par un réseau de capillaires, est constitué de cellules graisseuses appelées 'adipocytes'». Jusqu'ici, «pour l’étudier en laboratoire les chercheurs travaillaient sur des modèles 2D qui ne rendaient pas compte de l’architecture en 3D de ce tissu, tel qu’on le retrouve dans le corps humain».
Alors que des «'minis organes' appelés 'organoïdes', capables de reproduire l’organisation cellulaire d’un organe spécifique avaient déjà été mis au point pour certains tissus comme l’intestin», jusqu’à présent, «il n’en existait pas qui permette de reproduire l’organisation cellulaire et vasculaire en 3D du tissu adipeux en laboratoire».
Cette situation vient de changer puisque l'étude ici présentée rapporte la mise au point «des organoïdes de ce tissu, appelés 'adiposphères'», grâce «à l’avènement des nouvelles méthodes de culture cellulaire en 3D, la maîtrise de la sélection et de la caractérisation des cellules stromales du tissu adipeux (des cellules de soutien du tissu)». Concrètement, «à partir de ces cellules stromales du tissu adipeux humain, des nouvelles conditions de culture en 2D, puis en 3D, ont été mises au point «permettant d’obtenir à la fois des adipocytes et des cellules endothéliales de ce tissu».
Au bout du compte, les adiposphères obtenues «contenaient un réseau vasculaire intact et organisé autour d’adipocytes de façon identique à celle du véritable tissu humain». En outre, ces adipocytes ont été «capables de se différencier en adipocytes de tissu brun ou blanc (les deux types de tissu adipeux chez l’humain) de la même manière que ceux rencontrés dans le corps humain».
Ces adiposphères ont été transplantées chez des souris pour «vérifier la fonctionnalité de leur réseau vasculaire». Il est alors non seulement apparu que «ce réseau se maintenait dans l’organisme, mais qu’en plus il s’était étendu en établissant des connections avec le système circulatoire de l’hôte». Des vaisseaux dits 'chimériques', «constitués à la fois de cellules de souris et de cellules humaines» ont ainsi pu être observés.
Ces éléments, qui «sont des signes de la bonne tolérance de l’hôte vis à vis des organoïdes transplantés», amènent à «conclure non seulement que ces petites structures sont fidèles à l’organisation du tissu humain, mais également qu’elles sont capables de se maintenir en vie grâce à l’établissement de connections avec le système circulatoire de l’hôte qui leur apporte l’oxygène et les nutriments nécessaires».
L'innovation décrite dans cet article «va permettre de poursuivre des études sur le fonctionnement et les propriétés du tissu adipeux chez l’homme, en diminuant ainsi l’utilisation des animaux et en travaillant directement sur du tissu humain». Elle va permettre également «de tester différents médicaments qui pourraient être utilisés dans le cadre d’un traitement de certaines maladies liées à une pathologie du tissu adipeux comme l’obésité ou le diabète de type 2».
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «Antlia2's role in driving the ripples in the outer gas disk of the Galaxy» ont été soumis à la revue The Astrophysical Journal Letters et sont disponibles en pdf, a permis d'établir que la galaxie naine ultradiffuse Antlia2, découverte récemment en orbite autour de notre Galaxie grâce à la mission Gaia, serait bien responsable d'ondulations dans la répartition de la matière dans le disque de la Voie lactée.
Les données de Gaia, qui mesure «avec une précision inédite les positions et les vitesses d'un grand nombre d'étoiles dans la Galaxie et dans sa banlieue proche» confirment ainsi «une prédiction faite il y a une décennie par l'astronome Sukanya Chakrabarti» en prouvant qu'il existe bien «une galaxie naine diffuse, et même très fortement ultradiffuse, riche en matière noire, non loin de notre Galaxie, passée inaperçue jusque-là car très peu lumineuse», qui perturbe indirectement par sa proximité et son champ de gravitation le disque de gaz formé d'hydrogène atomique de la Voie lactée».
Cette nouvelle galaxie naine en orbite autour de la Voie lactée «a reçu le nom d'Antlia ('la pompe', dérivé du grec ancien ἀντλία), Antlia2 car elle s'ajoute à une autre galaxie naine découverte il y a plus longtemps et portant le nom d'Antlia». Elles peuvent être observées «dans la constellation peu lumineuse de l'hémisphère Sud établie par Nicolas-Louis de Lacaille au XVIIIe siècle et qu'il a appelée La Machine pneumatique».
Située «à environ 422.000 années-lumière de la Voie lactée», Antlia 2 est «plus loin que le Grand Nuage de Magellan, mais son diamètre est comparable (environ 14.000 années-lumière) et sa luminosité est 10.000 fois moindre, ce qui explique qu'on ait mis autant de temps pour découvrir et établir sa présence».
Les dernières données de Gaia ont été utilisées «pour nourrir des simulations numériques» qui, au bout du compte, renforcent «l'hypothèse que l'influence gravitationnelle de la galaxie naine serait bien responsable des ondulations dans la répartition du gaz d'hydrogène atomique dans la partie externe du disque de la Voie lactée». Elles indiquent surtout que «Antlia 2 serait même entrée en collision avec notre Galaxie dans un passé pas si lointain».
Par ailleurs, «ce travail peut aider à développer des méthodes pour chasser des galaxies naines riches en matière noire et très peu lumineuses», car on sait «que le modèle cosmologique standard prédit l'existence de plus de galaxies naines satellites des grandes galaxies qu'il n'en est observé». De plus, les caractéristiques d'Antlia 2 et «son effet sur la Voie lactée sont fonction des modèles de matière noire utilisés et donc, elle pourrait servir de laboratoire pour tester ces modèles».
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «RocS drives chromosome segregation and nucleoid protection in Streptococcus pneumoniae» ont été publiés dans la revue Nature Microbiology, a permis de découvrir que la protéine RocS agit comme un véritable métronome du cycle cellulaire de la bactérie pathogène Streptococcus pneumoniae: plus précisément, il a été démontré que cette protéine assure la répartition du matériel génétique tout en contrôlant la division cellulaire et la formation de l'enveloppe protectrice indispensable à l'infection de l'hôte à la surface des cellules filles.
Relevons tout d'abord qu'au cours de leur division cellulaire, «les bactéries doivent dupliquer et distribuer fidèlement leur patrimoine génétique à leur descendance». Jusqu'ici «de nombreuses études réalisées chez différentes bactéries modèles ont permis d'élucider une partie des mécanismes mis en jeu», mais «ces mécanismes ne sont pas conservés» chez «de nombreuses autres espèces bactériennes pour lesquelles les connaissances sont très limitées». En outre, «l'énigme reste entière en ce qui concerne les mécanismes de coordination avec les autres processus cellulaires indispensables au développement de chaque espèce bactérienne».
Il avait été «déjà démontré que des enzymes spécifiques, appelées protéine-kinases jouent un rôle central dans la division cellulaire, la morphogénèse de la cellule et l'assemblage de la capsule polysaccharidique qui est le facteur de virulence majeur du pneumocoque». C'est en analysant «le rôle de la protéine-kinase CpsD, qui est nécessaire à la biosynthèse, l'export et la polymérisation de la capsule polysaccharidique», que la protéine RocS ('Regulator of Chromosome Segregation') a été identifiée et caractérisée.
Aujourd'hui, il apparait que «RocS interagit non seulement avec l'ADN de manière non spécifique mais également avec la membrane de la bactérie» (deux propriétés «essentielles à la ségrégation du chromosome») et, en plus, «RocS interagit avec la protéine ParB qui marque spécifiquement la zone où le chromosome commence à se dupliquer (l'origine de réplication)». Ainsi, RocS conduit «la ségrégation du chromosome en contrôlant directement la séparation des deux origines de réplication des deux chromosomes fils nouvellement formés».
Enfin, cette étude démontre «que la protéine RocS possède une seconde fonction permettant de protéger le chromosome lors de la division cellulaire», car, du fait de l'interaction de RocS avec la tyrosine-kinase CpsD, «des mutations de CpsD entravant la production de capsule induisent également une altération de la division du pneumocoque qui est contrôlé par RocS». De la sorte, «en absence de RocS, ce contrôle n'est plus effectif et les cellules se divisent sans être protégées par leur capsule et en ne possédant pas l'intégralité de leur chromosome ce qui compromet non seulement leur viabilité mais également leur capacité d'infection».
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «Genetic resistance to DEHP-induced transgenerational endocrine disruption» ont été publiés dans la revue PLOS ONE, a permis de montrer que la susceptibilité aux phtalates dépend largement du patrimoine génétique de chacun, ce qui pose la question de la vulnérabilité individuelle ainsi que de la possible transmission aux générations futures de modifications épigénétiques qui auraient normalement dû s’effacer au cours du développement fœtal.
Rappelons tout d'abord que «les phtalates, l’un des perturbateurs endocriniens les plus répandus, sont couramment utilisés par l’industrie dans de nombreux produits en plastique (jouets, vêtements, biberons ou même matériel médical) ainsi que dans des cosmétiques»: l'effet toxique des phtalates sur le système endocrinien est inquiétant, car «l’exposition des fœtus mâles aux phtalates peut avoir des conséquences dévastatrices pour la fertilité des futurs individus en modifiant les éléments régulateurs de l’expression des gènes responsables de la spermatogénèse». A cause de cela «des normes commencent à être imposées pour en limiter l’usage».
En 2015, en comparant deux groupes de souris, il avait été observé «une sensibilité très différente aux phtalates»: plus précisément, l'observation de la concentration et de la qualité des spermatozoïdes de descendants mâles de femelles gestantes exposées à des doses de phtalates a fait apparaître que «si un groupe présentait une très mauvaise qualité du sperme, l’autre groupe, pourtant exposé aux mêmes doses, s’en sortait sans dommage».
Pour déterminer «où se situait la différence entre les deux groupes», la totalité «des variations de l’épigénome et du génome de ces deux groupes de souris a été analysée». Dans le cadre de l'étude ici présentée, il a été «administré aux deux groupes de souris une dose de phtalate pendant 8 jours entre 8 et 18 jours de gestation». Puis «les variations épigénétiques et génétiques dans des portions précises du génome, situées au voisinage des gènes liés à la spermatogénèse» ont été analysées.
Il en a résulté la mise au jour du «mécanisme épigénétique exact à l’œuvre modulant à la hausse ou à la baisse l’expression des gènes, et donc influant sur la qualité et la mobilité des spermatozoïdes». Ainsi, «des sites de liaison hormonaux qui ne sont pas présents dans le groupe résistant» ont été identifiés «dans le génome des souris vulnérables aux phtalates». Il est probable que c'est là «que se fixent les perturbateurs endocriniens qui peuvent alors inactiver les gènes concernés» alors que l’autre groupe est doté d'un «site de liaison d’une protéine dans son génome qui, au contraire, augmente la production d’éléments protecteurs».
En outre, il a été découvert que «non seulement l’effet épigénétique des phtalates empêche les gènes de la spermatogénèse de s’exprimer correctement», mais également que «l’effacement épigénétique normalement présent entre les générations semble ne plus se faire complètement sur les deux générations suivant l’exposition de l’individu».
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «Linear Mitochondrial Genome in Anthozoa (Cnidaria): A Case Study in Ceriantharia» ont été publiés dans la revue Scientific Reports, a permis de révéler que l'anémone cérianthe rayé (Isarachnanthus nocturnus) possède un génome mitochondrial presque cinq fois plus grand que le nôtre avec 80.923 paires de bases exactement: de ce fait, il «serait le plus gros mitogénome animal connu au monde».
Relevons tout d'abord que «le génome présent dans les mitochondries est plus court que celui du noyau cellulaire». En particulier, chez l'Homme, «le génome du noyau comprend environ trois milliards de paires de bases et celui des mitochondries, 16.569 de paires de bases».
Pour sa part, l'anémone Isarachnanthus nocturnus en question ici «vit dans l'océan Atlantique, des côtes de Patagonie, d'Argentine jusqu'aux États-Unis, à moins de 15 mètres de profondeur». Le génome de son noyau «n'a pas été séquencé», mais le fait que son génome mitochondrial, ou 'mitogénome' soit cinq fois plus grand que le nôtre signifie que «notre génome a été plus 'filtré' au cours de notre évolution», car il est probable que conserver un génome géant est «plus coûteux en termes de dépense énergétique».
En fin de compte, cette étude génétique pourrait «conduire à revoir la classification de certaines espèces de cnidaires», car il apparaît «que le cérianthe rayé et une autre anémone, Pachycerianthus magnus, qui vit en Asie», ont «des mitogénomes linéaires comme les méduses, et non circulaires comme la plupart des animaux»: du fait que ces deux anémones «semblent appartenir à un groupe particulier», il faudra «d'autres travaux pour approfondir la classification de ces animaux et notamment séquencer leurs génomes nucléaires».
votre commentaire