-
Une étude, dont les résultats intitulés «The tardigrade damage suppressor protein binds to nucleosomes and protects DNA from hydroxyl radicals» ont été publiés dans la revue eLife, a permis de démêler les fils du mécanisme moléculaire qui permet aux tardigrades de survivre à des conditions extrêmes telles que le froid, le vide et même les radiations.
Relevons tout d'abord qu'il «existe plus de 1.200 espèces de tardigrades» et rappelons que ce sont des «invertébrés microscopiques (ils mesurent moins d'un millimètre) aux allures d'oursons qui vivent en milieu aquatique». Certains, qui ont un comportement d'extrémophiles, «vivent dans des conditions particulièrement rudes: exposition aux radiations ou à des produits chimiques toxiques, températures très basses, etc».
Aujourd'hui, l'étude ici présentée est parvenue à expliquer «comment ces minuscules créatures se protègent, notamment des radiations». En fait, «le mécanisme repose sur une protéine appelée Dsup pour Damage suppression protein», qui «s'est déjà montrée capable de protéger des cellules humaines contre les rayons X».
D'après une analyse biochimique, «Dsup a tendance à se lier à la chromatine, une structure au cœur des cellules, essentiellement formée d'ADN» de sorte que «la protéine va constituer un nuage protecteur qui va mettre l'ADN à l'abri des radicaux hydroxyles produits par les rayons X». Ce mécanisme devait, selon l'étude, servir initialement «à aider les tardigrades à survivre dans des environnements moussus».
En fin de compte, grâce à cette étude, «des versions optimisées de Dsup» devraient «permettre de protéger l’ADN de nombreux types de cellules» ce qui débouchera sur «de nombreuses applications telles les thérapies cellulaires ou la production de produits pharmaceutiques dans des cellules en culture».
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «Zika virus enhances monocyte adhesion and transmigration favoring viral dissemination to neural cells» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis de démontrer que le virus Zika détourne un processus physiologique en se cachant dans des cellules immunitaires du sang qui vont naturellement migrer vers des organes de l’hôte, favorisant ainsi la dissémination du virus.
Rappelons que «le virus Zika a été découvert dans la forêt Zika (Uganda) il y a plus de 70 ans» et que «c’est en 2015, avec l’épidémie qui a frappée le Brésil, que les chercheurs ont identifié les pathologies associées à l’infection». Ce virus, qui «dissémine jusque dans le cerveau sans que l’on comprenne comment», est «responsable de neuropathies graves chez le fœtus comme chez l'adulte»: par exemple, «une femme enceinte par le virus Zika augmente significativement le risque de sous-développement du cerveau du fœtus».
Alors que la question en suspens «est de savoir comment le virus Zika atteint le cerveau, malgré la présence d’une barrière hématoencéphalique hermétique (barrières de cellules séparant le sang du cerveau)», l'étude ici présentée a «mis en évidence la capacité du virus à se cacher dans les monocytes (sous-type de globules blancs du sang)» et à «les forcer à migrer vers le cerveau, afin de passer cette barrière imperméable sans encombres».
Pour arriver à ces conclusions, «un modèle hybride original» a été développé pour «visualiser en temps réel et en 3 dimensions les vaisseaux sanguins fluorescents d’un poisson-zèbre injecté avec des monocytes humains infectés par le virus Zika». Il est ainsi apparu que «les monocytes exposés au virus ont acquis une plus forte capacité à adhérer à la paroi des vaisseaux sanguins et à migrer vers les tissus que des monocytes non-infectés». Cette observation «constitue l’une des premières preuves expérimentales in vivo que les virus utilisent le concept dit du 'cheval de Troie'».
En outre, il a été déterminé «par spectrométrie de masse que les monocytes infectés présentent à leur surface une augmentation significative de l’expression d’une dizaine de molécules d’adhésion, leur conférant cette capacité à s’attacher aux cellules endothéliales» qui favorise la migration des monocytes «du sang vers les tissus adjacents».
Pour «se rapprocher de conditions plus physiologiques, des 'mini-cerveaux' produits in vitro à partir de cellules souches embryonnaires humaines» ont aussi été utilisés dans cette étude «pour révéler que les monocytes infectés par le virus Zika favorisent la dissémination du virus dans le cerveau par rapport à des virus n’étant pas transportés par les monocytes».
Pour finir, «un inhibiteur capable d’empêcher la migration des monocytes infectés, mais pas la migration des monocytes non-infectés» a été identifié. Au bout du compte, cette étude permet d'imaginer «de nouvelles stratégies visant à empêcher la migration des monocytes vers le cerveau et ainsi éviter l’apparition de pathologies neurologiques induites par le virus».
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «Two major accretion epochs in M31 from two distinct populations of globular clusters» sont publiés dans la revue Nature, a permis de révéler que la galaxie d'Andromède (M31), la plus grande voisine de la Voie lactée (d'ailleurs, elles devraient toutes les deux entreront en collision d'ici quatre milliards d'années), aurait, à deux reprises au moins par le passé, connu de violents épisodes de cannibalisme.
Concrètement, les amas globulaires de M31 ont été étudiés «comme des restes d'anciennes collisions galactiques»: effectivement, le fait que le halo stellaire de la galaxie d'Andromède soit «bien plus grand et plus complexe que celui de notre Voie lactée», laisse penser que cette galaxie a eu «un passé violent de véritable cannibale galactique».
Il est alors apparu que M31 «aurait, au cours des quelques milliards d'années écoulées, gobé plusieurs petites galaxies» et «même englouti M32p, la troisième plus grande galaxie de notre voisinage, après la galaxie d'Andromède et la Voie lactée». De plus, elle «aurait aussi connu un autre épisode boulimique il y a 10 milliards d'années, aux premiers instants de son existence».
Deux éléments sont «surprenants»: en premier lieu, «ces deux grands épisodes ont été alimentés par des galaxies venant de directions différentes» et, en second lieu, «l'épisode le plus ancien semble se situer dans le plan des galaxies naines qui orbitent autour de M31. L'hypothèse avancée pour expliquer cela est que «peut-être sous l'influence de la toile cosmique [ce vaste réseau de filaments de matières reliant les galaxies] mais ce n'est pour l'heure que pure spéculation».
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «The low density and magnetization of a massive galaxy halo exposed by a fast radio burst» ont été publiés dans la revue Science et sont disponibles en pdf, rapporte que des astronomes ont pu pour la toute première fois observer un sursaut radio traversant un halo galactique grâce au VLT de l’ESO. Cet étrange paquet d’ondes radio, d'une durée inférieure à la milliseconde, qui n’a subi pratiquement aucune perturbation, laisse penser que le halo se caractérise par une densité étonnamment faible et un champ magnétique peu intense.
Concrètement, «en novembre 2018, le radiotélescope ASKAP (Australian Square Kilometre Array Pathfinder) a détecté un sursaut radio rapide baptisé FRB 181112». Ensuite, «des observations de suivi effectuées au moyen du Very Large Telescope (VLT) de l’ESO et d’autres télescopes ont révélé que les ondes radio avaient traversé le halo d’une galaxie massive avant d’atteindre la Terre».
L'analyse du «signal du sursaut radio rapide a révélé la nature du champ magnétique entourant la galaxie ainsi que la structure du halo de gaz», ce qui constitue, en fait, «une nouvelle technique innovante d’exploration de la nature des halos galactiques». En effet, la superposition des «images acquises dans les domaines radio et visibles», a indiqué «que le sursaut radio rapide transperçait le halo de la galaxie d’avant-plan».
Rappelons ici qu'un halo galactique «se compose de matière noire et de matière ordinaire – ou baryonique – principalement sous la forme d’un gaz ionisé de température élevée». Alors que «la zone lumineuse d’une galaxie massive doit s’étendre sur quelque 30 000 années lumière», son halo sphérique «est caractérisé quant à lui par un diamètre dix fois supérieur».
Comme «lorsqu’il chemine vers le centre galactique, le gaz du halo alimente la formation d’étoiles» tandis que, à l’inverse, «d’autres processus, telles les explosions de supernovae, expulsent la matière en dehors des régions de formation d’étoiles et au sein du halo galactique», l'analyse du halo de gaz «permet aux astronomes de mieux comprendre ces processus d’éjection capables de stopper la formation d’étoiles».
Pour sa part, l'étude ici présentée indique que «le halo de cette galaxie est étonnamment calme», car le signal radio «ne fut pas perturbé par la galaxie, ce qui contredit les prévisions de modèles antérieurs».
Plus précisément, «le signal de FRB 181112 se composait de quelques impulsions d’une durée inférieure à 40 microsecondes (ce qui est 10 000 fois plus court que le clignement d’un œil)» et «la courte durée de ces impulsions a permis de fixer une limite supérieure à la densité du halo de gaz», car «la traversée d’un milieu de densité supérieure augmenterait la durée du signal radio».
Au bout du compte, le calcul révèle que «la densité du halo de gaz devait être inférieure à 0,1 atome par centimètre cube (ce qui équivaut à plusieurs centaines d’atomes contenus au sein d’un volume semblable à celui du ballon d’un enfant). A noter que «l'étude n’a pas permis de mettre en évidence l’existence de nuages froids et turbulents ni de petits amas denses de gaz froid du halo». Enfin, le sursaut radio rapide a «renseigné sur le champ magnétique du halo: il est très faible – un milliard de fois plus faible que celui d’un aimant de réfrigérateur».
Ces conclusions, «caractérisant un seul et unique halo galactique», ne permettent pas pour le moment de dire «que la faible densité et le faible champ magnétique» mesurés ici sont inhabituels ou que «les études antérieures de halos galactiques ont surestimé ces propriétés».
votre commentaire -
Une étude, dont les résultats intitulés «Milk of ruminants in ceramic baby bottles from prehistoric child graves» ont été publiés dans la revue Nature, laisse penser, à la suite de l'analyse de trois poteries préhistoriques présentant un bec troué qui ont été retrouvées dans des tombes d’enfants vieilles de plus de 3000 ans en Bavière, que certaines poteries dotées d’un bec troué servaient à sevrer précocement les enfants.
Relevons tout d'abord que les poteries dotées d’un bec troué «représentant parfois des animaux», certaines étant même vieilles de 10.000 ans, sont connues de longue date. Cependant, jusqu'ici, leur fonction n’était «pas très claire», puisqu'elles pouvaient éventuellement «servir à nourrir des malades ou des personnes infirmes» ou être des jouets pour les enfants ou encore être des biberons à part entière.
Dans ce contexte, l'étude ici présentée penche pour la dernière hypothèse, car «des traces de lipides caractéristiques du lait animal» ont été retrouvées «sur les parois des poteries (de vache, de chèvre ou de brebis a priori, même s’il est impossible de trancher entre l’une ou l’autre espèce)».
On savait «depuis plusieurs années que les hommes préhistoriques consommaient du lait et des produits laitiers, même s’ils ne digéraient pas bien le lactose». Par ailleurs, différents indices suggéraient «qu’il existait des formes d’élevage dont l’objectif était d’assurer une production laitière continue». Aujourd'hui, avec cette nouvelle découverte, il apparaît désormais que cette pratique a pu jouer «un rôle crucial dans la révolution démographique du néolithique».
Plus précisément, alors que «l’agriculture et la sédentarisation ont assuré aux hommes un mode de vie plus stable», le rôle du sevrage précoce a été lui aussi capital, car «tant qu’une femme allaite complètement son enfant, elle reste moins fertile, et si cette période dure plusieurs années comme cela semblait être le cas dans les populations de chasseurs-cueilleurs, cela avait nécessairement un effet négatif sur le taux de fécondité».
Ces 'biberons' fournissent ainsi «des indices sur la manière dont le sevrage était mis en œuvre»: probablement, les enfants devaient effectuer «une transition par du lait animal, avant de basculer vers une forme ou une autre de diversification alimentaire».
votre commentaire