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Une étude, dont les résultats intitulés «Why Molière most likely did write his plays» ont été publiés dans la revue Science Advances, a permis de démontrer que Corneille n’a écrit aucune des pièces de Molière, comme des écrivains et des scientifiques l’avançaient depuis un siècle, de sorte que Molière serait probablement l’unique auteur de son œuvre très conséquente, comme l’a prouvé leur étude stylistique comparée.
Relevons tout d'abord que «c'est Pierre Louÿs qui lança l’idée voilà cent ans, dans un article du Temps» que Pierre Corneille avait pu être le 'nègre' de Molière «pour la pièce 'Amphitryon'». Ce soupçon «s’est étendu peu à peu à l’ensemble de l’œuvre de Molière»: Concrètement, l'argument était: «comment un comédien, présumé sans grande éducation littéraire, à la fois valet de chambre du roi et directeur de troupe de théâtre, aurait-il pu écrire tant de chefs-d’œuvre?».
La théorie avancée dans le sillage de ce soupçon stipulait que Molière n’aurait été «que l’acteur principal des comédies qu’on lui attribue» et que Corneille, le véritable auteur, «serait resté dans l’ombre pour ne pas ternir sa réputation ni s’exposer aux controverses». Cette théorie avait semblé être «corroborée au début des années 2000 par des travaux en linguistique soutenant que le vocabulaire des pièces de Corneille et Molière était trop semblable pour qu’elles aient été écrites par deux auteurs différents».
Dans ce contexte, l'étude ici présentée tranche le débat «en utilisant des techniques dites d’ 'attribution d’autorité', qui reposent sur l’analyse statistique des habitudes d’écriture et des tics de langage nichés dans un texte pour en déduire son auteur». Plus précisément, «chaque individu écrit un texte avec une fréquence particulière des mots, des expressions, ou des structures grammaticales» de façon que «même en essayant de copier le style d’un autre, certaines caractéristiques demeurent malgré tout : par exemple, le nombre de “mots-outils” (“et”, “de”, “or”, “mais”...) demeure assez stable, probablement parce que leur usage est inconscient».
Ces techniques, qui «présentent une fiabilité remarquable» («les philologues les utilisent pour identifier l’auteur d’un texte médiéval, les services de renseignement pour l’auteur d’une lettre anonyme»), ont été employées «pendant trois ans pour comparer le vocabulaire, la grammaire, les rimes et les mots-outils de trente-sept comédies en vers de Molière et de Pierre Corneille mais aussi de Scarron, Rotrou et Thomas Corneille».
Au bout du compte, «quel que soit le critère étudié, il est apparu que les pièces de Molière possèdent des caractéristiques communes évidentes, qui n’ont rien à voir avec celles des autres auteurs de l’époque». En fait, ce sont même des œuvres de Pierre Corneille qui divergent le plus, «celles de Scarron ou Thomas Corneille étant même plus proches». Ainsi, il est «très probable que les œuvres de Molière n’aient jamais été écrites par Corneille, ni par un autre dramaturge de son temps», mais bien par lui-même.
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Une étude, dont les résultats intitulés «The conical shape of DIM lipids promotes Mycobacterium tuberculosis infection of macrophages» ont été publiés dans la revue PNAS, a permis de mettre en évidence de nouvelles propriétés biophysiques des lipides présents à la surface du bacille de la tuberculose, Mycobacterium tuberculosis: concrètement, ces lipides sont utilisés par la bactérie pour déformer la membrane des macrophages, cellules du système immunitaire, afin de promouvoir leur invasion.
Rappelons tout d'abord qu'en «dépit des progrès réalisés dans la prévention et la prise en charge de la tuberculose, cette infection demeure une cause majeure de mortalité dans le monde». De ce fait, en vue de mieux comprendre les mécanismes de virulence de Mycobacterium tuberculosis», l'étude ici présentée s'est focalisée sur «une famille de lipides présents à la surface de la bactérie dont les mécanismes moléculaires sont encore très mal compris» en raison de «la structure complexe de ces molécules très fortement hydrophobes, qui en font des objets particulièrement compliqués à étudier».
La combinaison de la résonance magnétique nucléaire (RMN) du solide et de la modélisation moléculaire multi-échelles a permis d'identifier «comment ces lipides pouvaient déformer différents types de membranes», un phénomène «étroitement lié à la forme conique que ce lipide adopte au sein des membranes des macrophages». Ensuite, cette étude a mis en évidence, au moyen de «lipides de différentes structures», que «la capacité d’invasion de la bactérie M. tuberculosis est accentuée si l’on ajoute des lipides de plus en plus coniques à la surface des macrophages».
Au bout du compte, ces travaux, qui révèlent «des propriétés biophysiques de lipides mycobactériens» liées «à la capacité de M. tuberculosis d’envahir les macrophages, une étape clé de son cycle infectieux», ouvrent «de nouvelles perspectives pour comprendre la nature des effets biophysiques membranaires des facteurs lipidiques de virulence de M. tuberculosis et ses conséquences sur le devenir de l’infection».
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Une étude, dont les résultats intitulés «A wide star-black-hole binary system from radial-velocity measurements» sont publiées dans la revue Nature, a permis de découvrir un trou noir qui ne devrait pas exister puisqu'il contient environ 70 masses solaires, alors que tous les trous noirs stellaires connus dans la Voie lactée ne dépassent pas la quinzaine de masses solaires, en accord avec les théories expliquant leur formation par effondrement gravitationnel d'une étoile lorsqu'elle devient une supernova.
Relevons qu'actuellement on estime «qu'il existe au moins 100 millions de trous noirs stellaires dans la Voie lactée, donc issus de l'effondrement gravitationnel d'étoiles de plus de 8 masses solaires en fin de vie». Alors que la masse des trous noirs stellaires connus dans la Voie lactée «est ordinairement d'une dizaine de masses solaires (entre 5 et 15 pour être un peu plus précis), ce qui coïncide avec les estimations provenant des calculs décrivant la formation de ces trous noirs à partir d'une supernova», LB-1, le trou noir stellaire détecté, aurait «aux incertitudes près (+11/-13) un masse de «68 masses solaires».
La détection de LB-1, qui fait partie d'un système binaire situé «à environ 15.000 années-lumière du Système solaire» dont l'autre composante «est une géante bleue de 8 masses solaires», est «le fruit d'une campagne d'observations effectuant des mesures spectroscopiques dans le but de faire l'équivalent des détections d'exoplanètes par la méthode des vitesses radiales».
Les observations ont d'abord été effectuées avec le Large Sky Area Multi-Object Fibre Spectroscopic Telescope «ou télescope Guo Shoujing, en abrégé Lamost, un télescope optique chinois de quatre mètres de diamètre», puis avec «le Gran Telescopio Canarias del Roque de los Muchachos Observatory (La Palma), le fameux Grantecan», et les télescopes «avec des miroirs de 10 mètres de diamètre de l'observatoire W. M. Keck sur le mont Mauna Kea de l'île d'Hawaï».
LB-1, que l'on ne voit pas directement dans le visible, signale sa présence «par les oscillations de son étoile compagne, ce qui provoque des décalages spectraux par effet Doppler». Cette méthode des vitesses radiales a ainsi indiqué que ce trou noir avait une période orbitale d'environ 79 jours.
Le problème est qu'étant donnée sa masse, LB-1 «semble impossible à expliquer», car «des étoiles suffisamment massives pour former un trou noir "monstre" de 70 masses solaires devraient être totalement détruites par des explosions de supernovae à instabilité de paires qui ne laissent que du gaz et de la poussière, et non des trous noirs».
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Deux études, dont les résultats intitulés respectivement «Dynamic Polarization of the Multiciliated Planarian Epidermis between Body Plan Landmarks» et «Emergence of a Bilaterally Symmetric Pattern from Chiral Components in the Planarian Epidermis» ont été publiés dans la revue Developmental Cell, ont permis,en utilisant un modèle invertébré, la planaire, de mettre en évidence des mécanismes permettant de contrôler la direction du battement ciliaire dans un épithélium multicilié. Deux voies de signalisation conservées qui coopèrent d’une façon inédite pour polariser le battement ciliaire ont été identifiées.
Notons tout d'abord que «les cellules multiciliées forment jusqu’à plusieurs centaines de cils motiles qui battent de manière coordonnée pour générer un flux de liquide ou déplacer des particules et des cellules». Ces cellules multiciliées sont, chez l’humain, «en particulier nécessaires à la clairance respiratoire, un mécanisme qui permet de renouveler la barrière protectrice de mucus qui protège les poumons contre les pathogènes et les poussières». De ce fait, les «perturbations de la fonction de ces cellules causées par certaines mutations génétiques» peuvent «être à l’origine de pathologies respiratoires sévères».
Comme, en dehors des vertébrés, «les cellules multiciliées servent à la locomotion de diverses espèces animales comme les planaires, des vers plats connus pour leur extraordinaire capacités de régénération», ces animaux peuvent servir de modèles «pour comprendre la fonction des épithéliums multiciliés».
Du fait que, «pour remplir leur rôle, les cils à la surface de ces épithéliums doivent battre de façon coordonnée et dans la bonne direction», il est apparu que «chez la planaire, le battement ciliaire est dirigé vers la partie postérieure de l’animal mais aussi vers les côtés, et ce d’autant plus que les cils sont proches des bords», une organisation qui «génère un motif symétrique de part et d’autre de la ligne médiane», obtenu «via l’action conjointe de deux voies de signalisation conservées chez les animaux, les voies Wnt/PCP et Fat/Dachsous».
Cette symétrie bilatérale «observée dans l’épiderme des planaires est générée à partir de réseaux de cytosquelette qui présentent une asymétrie chirale (un objet est dit chiral s'il n'est pas superposable à son image dans un miroir), propriété qui dérive de la chiralité intrinsèque des centrioles».
En conséquence, «la voie Fat/Dachsous, qui contrôle la polarisation médio-latérale des centrioles et des cils», agit «via un mécanisme partiellement différent dans les moitiés droite et gauche du corps pour compenser l’asymétrie du réseau de cytosquelette et former un motif symétrique».
Ce travail, qui permet «d’identifier de nouveaux acteurs moléculaires conservés nécessaires à la polarisation des épithéliums multiciliés», aide à mieux comprendre «comment les animaux dits Bilatériens, dont nous faisons partie, peuvent générer un plan d’organisation symétrique à partir d’éléments constitutifs chiraux, éléments qui sont très répandus dans le vivant».
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Une étude, dont les résultats intitulés «High Angular Resolution ALMA Images of Dust and Molecules in the SN 1987A Ejecta» sont publiés dans la revue The Astrophysical Journal, a permis de repérer, grâce au réseau ALMA, l'étoile à neutrons issue de l'explosion de la supernova SN 1987A.
Rappelons tout d'abord que c'est le 23 février 1987 que «la supernova 1987A (SN1987A) est apparue aux yeux des astronomes qui observaient alors le ciel de l'hémisphère sud». Elle s'est produite dans le Grand nuage de Magellan, «à quelque 160.000 années-lumière de notre Terre»: quelques mois plus tard, «sa luminosité a atteint un maximum» avant de décliner progressivement.
Avant cet évènement, «les astronomes pensaient que seules les supergéantes rouges finissaient en supernovae, mais il est apparu que SK-69 202 (Sanduleak -69° 202a) (*), l'étoile à l'origine de SN1987A, était, en fait, une supergéante bleue, «une étoile de quelque 20 fois la masse de notre Soleil, soit trop peu pour que celle-ci s'effondre ensuite en un trou noir». C'est la raison pour laquelle «les astronomes se sont lancés à la recherche, d'une étoile à neutrons, dans les restes de la supernova».
Alors que, pendant plus de 30 ans cette recherche a échoué, l'étude ici présentée rapporte la découverte, grâce au réseau ALMA, dans le nuage de poussière, reste de l'explosion de SN 1987A (cette explosion «a donné naissance à de grandes quantités de gaz, d'abord à des températures supérieures à un million de degrés mais qui se sont ensuite refroidies» pour «prendre la forme solide de poussières»), d'une zone plus brillante que les autres zones, qui «bien qu'elle ne se situe pas parfaitement au centre du nuage, correspond à la localisation supposée de l'étoile à neutrons» en question.
Ce repérage découle du fait qu'ALMA «offre un accès à une gamme de longueurs d'ondes» dans laquelle «l'étoile à neutrons fait briller le nuage qui nous la cachait jusqu'à présent» comme un brouillard masque un projecteur.
Lien externe complémentaire (source Simbad)
(*) SK-69 202
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