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    Une étude, dont les résultats intitulés «Upper Palaeolithic ritualistic cannibalism at Gough's Cave (Somerset, UK): The human remains from head to toe» ont été publiés dans la revue Journal of Human Evolution, a permis de confirmer des pratiques de cannibalisme sur des restes humains retrouvés sur un site occupé par des Magdaléniens, il y a 14.700 ans.

     

    Ces ossements humains «désarticulés, décharnés, écrasés, mâchouillés» avaient été découverts «mêlés à d’abondants restes d’animaux, des outils taillés en silex et des objets en ivoire ou en bois de cervidés» dans la grotte de Gough, «une cavité calcaire des gorges du Cheddar, dans le Somerset (Angleterre)».

     

    Cette grotte, «découverte dans les années 1880, et essentiellement fouillées dans les années 1992, a été occupée par des chasseurs magdaléniens pendant de courtes périodes aux alentours de 14.700 ans», lors de séjours saisonniers, comme le suggèrent de nouvelles datations radiocarbones.

     

    Ce sont «plusieurs séries d’analyses taphonomiques méticuleuses (étude des processus intervenant depuis la mort jusqu’à la fossilisation d’un organisme)» qui ont indiqué que «les restes crâniens ont bien été intentionnellement transformés en coupes (récipients)» et qui ont fait apparaître «que les marques retrouvées sur la plupart des os émanaient de dents humaines, preuve que ceux-ci ont été soigneusement mastiqués».

     

    L'étude a pu déterminer «qu’au moins six personnes ont sans doute été consommées. Des adultes, mais aussi des adolescents, et peut-être un enfant». De plus, «les soins pris pour récupérer les crânes suggèrent des pratiques rituelles plutôt qu’un cannibalisme nutritionnel».

     

    Notons qu'en ce qui concerne la période magdalénienne (17.000 – 12.000), des cas semblables de cannibalisme «ont déjà été décrits en France, dans la Grotte du Placard (Dordogne), en Pologne, à Maszycka, ou en Allemagne, dans la vallée du Rhin» et que sur tous ces sites, «peu de sépultures magdaléniennes contenant des défunts complets» ont été retrouvés.

     

    Cependant, comme l'assemblage osseux de la grotte de Gough «est l’un des mieux documentés d’Europe», cela pourrait tend à mettre en lumière «qu’il existait sans doute d’autres modes funéraires que l’inhumation» à cette époque,  à l'instar de «ces traitements post-mortem de découpes de cadavres».

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Complete Genomes Reveal Signatures of Demographic and Genetic Declines in the Woolly Mammoth» ont été publiés dans la revue Current Biology, a permis de reconstituer quasi intégralement le génome des mammouths laineux (Mammuthus primigenius), grâce à des échantillons prélevés sur deux d'entre eux.

     

    Bien plus précis «que le précédent, effectué en 2008, qui avait permis de reconstituer 80 % du génome», ce séquençage génétique «a été obtenu grâce à des échantillons prélevés sur deux mammouths (Mammuthus primigenius) ayant vécu à 40000 années d'écart, dans le nord de la Sibérie pour l'un, sur l'île Wrangel, dans l'océan Arctique, pour le second».

     

    Le premier mammouth séquencé, vieux d'environ 4300 ans avant le présent, est l'un des derniers survivants de la population localisée sur l'île Wrangel. Le second mammouth est un spécimen provenant de la population du Pléistocène supérieur dans le nord de la Sibérie, daté de 44800 ans.

     

    Il est apparu que les trajectoires démographiques déduites de ces deux génomes sont qualitativement similaires et révèlent un goulot d'étranglement de la population au cours du Pléistocène Moyen ou inférieur.

     

    Pour ce qui concerne le mammouth Wrangel, l'étude est amenée à conclure sans surprise que son génome manifeste que la diversité génétique de la population sur l'île Wrangel était réduite peu de temps avant son extinction.

     

    Soulignons pour finir que si cette reconstitution de génome ouvre la possibilité d'une recréation des mammouths laineux, ce projet pose des problèmes éthiques, «puisqu'il faudrait qu'une éléphante porte un embryon de mammouth génétiquement modifié» et ensuite, à terme, probablement enfermer ces créatures dans un zoo.

     

    De ce fait, à la base, ce nouveau séquençage de l'ADN du mammouth a été conçu uniquement comme un «plan, à partir duquel on peut continuer à travailler» sur cet animal.

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Fabry–Perot optical fiber strainmeter with an embeddable, low-power interrogation system» ont été publiés dans la revue Optica, a permis de mesurer d'infimes déformations de la croûte terrestre, de l'ordre d'un millimètre sur une longueur de mille kilomètres, grâce au plus petit spectromètre du monde.

     

    Rappelons tout d'abord que la croûte terrestre se déforme non seulement à la suite de tremblements de terre qui surviennent soudainement, mais aussi, plus lentement, sous l'effet des marées terrestres ou des séismes lents. Cependant, les déformations lentes «sont parfois difficiles à détecter avec des moyens à grande échelle comme le GPS ou avec les capteurs sismiques».

    Pour parvenir à observer de telles déformations, l'étude ici présentée a effectué ses expériences «dans le Laboratoire souterrain à bas bruit (CNRS/Université de Nice/Université d’Avignon), installé dans un ancien poste de tir nucléaire du plateau d’Albion», car ce lieu permet la réalisation de travaux fiables «à l’abri, trois cents mètres sous terre, des variations de pression et de température».

     

    Le spectromètre SWIFTS utilisé, d'une taille extrêmement réduite (30x1.5x1.5 millimètres), fournit des mesures «avec un ensemble de la taille d’une boîte d’allumettes». Ce système «fonctionne grâce à une lumière blanche circulant dans une fibre qui va être réfléchie par deux interféromètres de Fabry-Perot, composés chacun de deux réseaux de Bragg» (un réseau de Bragg étant «un miroir microscopique à l'intérieur d'une fibre optique qui est obtenu par un traitement aux ultraviolets».

     

    Comme «l'ensemble de ces réflexions ne vont transmettre que certaines longueurs d’onde à SWIFTS», le spectromètre peut «mesurer en une fraction de seconde la position relative des deux miroirs, à 1 nanomètre près, ce qui permet de mesurer l’ampleur de la déformation».

     

    Ce système «a ainsi pu mesurer un phénomène, provoqué notamment par les marées terrestres, à l’échelle d’un milliardième de déformation», ce qui «équivaut à une variation d’un millimètre sur une longueur de mille kilomètres». Par ailleurs, «outre les mesures liées aux marées terrestres, l’appareil a également mesuré un signal en provenance du séisme d’Iquique au Chili en 2014».

    Ces performances rendent, par conséquent, possible l'installation à terme d'un réseau de capteurs «sur des zones d’activité tectonique ou sur des volcans»: en effet, comme «des études sur les séismes d’Izmit en Turquie en 1999 et de Tohoku-Oki au Japon en 2011 ont montré l’existence de glissements précurseurs lents avant le choc principal» (que SWIFTS a la capacité de mesurer), ce réseau pourrait «contribuer à détecter en avance l’arrivée de telles catastrophes».

     

     


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    Une étude, dont les résultats intitulés «Structure of the human 80S ribosome» ont été publiés dans la revue Nature, a permis de mettre en évidence, à l'échelle atomique, la structure tridimensionnelle du ribosome humain complet et les interactions fines qui y ont lieu.

     

    Rappelons tout d'abord que «les ribosomes sont de grands complexes constitués de protéines et d'ARN repliés ensemble qui, au sein des cellules de tous les êtres vivants, interviennent comme des nano-machineries moléculaires dans l'expression des gènes et la bio-synthèse des protéines». Si «la structure des ribosomes de différentes espèces était déjà précisément connue à l'échelle atomique», la détermination de celle «particulièrement complexe du ribosome humain restait un défi majeur à relever».

     

    Cette performance, réalisée dans le cadre de l'étude ici présentée, a été rendu possible par un ensemble de technologies de pointe: plus précisément, «les échantillons, hautement purifiés puis congelés, ont été visualisés par cryo-microscopie électronique» (une méthode qui «permet de travailler sur des objets figés dont l'orientation ne change pas et dont la structure et les fonctions biologiques sont préservées») et les «images obtenues par le cryo-microscope électronique nouvelle génération de l'IGBMC (unique en France)» ont été exploitées par «une combinaison de traitement d'images et de reconstruction 3D».

     

    Il en a résulté un degré de précision rare dans la visualisation de la structure atomique du ribosome humain complet, puisque la résolution est supérieure à 3 angströms (0,3 nanomètres): ainsi, «le modèle obtenu représente les 220 000 atomes qui constituent les deux sous-unités du ribosome et permet, pour la première fois, d'explorer son agencement en détail, de voir et d'identifier les différents acides aminés et nucléotides en 3 dimensions».

     

    Cette étude s'est alors «particulièrement intéressés aux différents sites de liaison et aux interactions fines qui y ont lieu»: par exemple, il est apparu «qu'après avoir livré les acides aminés qu'ils transportaient, les ARN de transfert continuent à interagir avec le ribosome dans un site particulier (le site de sortie des ARNt)».

     

    La dynamique «des deux sous-unités du ribosome qui tournent légèrement sur elles-mêmes au cours du processus de bio-synthèse des protéines, entrainant un fort remodelage de la configuration 3D de la structure à leur interface» a été également mise en lumière.

     

    Ces observations ouvrent désormais la voie à de nouvelles explorations majeures. En particulier, il est envisageable «d'étudier les effets secondaires de certains antibiotiques, destinés à s'attaquer aux ribosomes bactériens, qui peuvent cibler 'par erreur' le ribosome humain»: ainsi, «pour augmenter la spécificité des molécules thérapeutiques et éviter qu'elles ne se fixent au mauvais endroit», une première étape sera «la constitution d'un répertoire des sites de liaison existants» .

     

    A plus long terme, ces données pourront en outre «être utilisés pour la mise au point de traitement de maladies liées aux dysfonctionnements du ribosome et à la dérégulation de la synthèse des protéines»: par exemple, dans le cas des cancers, «pouvoir cibler les ribosomes des cellules malades permettrait de réduire leurs taux de synthèse de protéines».

     

     


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  • Une étude, dont les résultats intitulés «Essential Roles of Dopamine and Serotonin in Tooth Repair: Functional Interplay Between Odontogenic Stem Cells and Platelets» ont été publiés dans la revue Stem Cells, a permis de mieux comprendre le mécanisme naturel par lequel des cellules souches dentaires parviennent à réparer des lésions de la dent.

     

    Rappelons tout d'abord que «la partie 'vivante' de la dent, ou cavité dentaire, est constituée de la pulpe dentaire composée de vaisseaux et de nerfs» et qu'autour se «retrouve une substance dure, la dentine ou ivoire, elle-même recouverte d'un tissu encore plus dur, l'émail».

     

    Si on savait que lors de l'apparition d'une lésion dentaire, «les cellules souches dormantes de la pulpe se réveillent pour tenter de réparer la dent», jusqu'à présent, on ignorait «tout de ce processus de réparation».

     

    Dans le cadre de l'étude ici présentée, des cellules souches de dent ont été extraites de la pulpe de molaire de souris et analysées. Il en a découlé l'identification à leur surface de «5 récepteurs spécifiques à la dopamine et à la sérotonine, deux neurotransmetteurs essentiels à l'organisme». Ces récepteurs indiquent que ces cellules souches avaient la capacité «de répondre à la présence de dopamine et sérotonine en cas de lésion».

     

    D'autres analyses ont fait apparaître que les plaquettes sanguines secrètent ces neurotransmetteurs, «après avoir été activées par la lésion dentaire»: plus précisément, «la dopamine et la sérotonine libérées par ces plaquettes recrutent les cellules souches pour réparer la dent en se fixant à leurs récepteurs» . Ainsi, ce processus a pu être confirmé par «une absence de réparation dentaire chez les rats dont les plaquettes modifiées ne produisaient pas de sérotonine ni de dopamine».

     

    De plus, une analyse des 5 récepteurs a été ensuite entreprise pour tenter de les caractériser. Il a ainsi été établi que si l'un d'entre eux «ne semble pas impacter le processus de réparation», les 4 autres étaient «très impliqués» dans ce processus, puisque «le blocage in vivo d'un seul d'entre eux suffit pour empêcher la réparation dentaire».

     

    En conclusion, cette étude conduit à «envisager des stratégies thérapeutiques inédites qui viseraient à mobiliser les cellules souches résidentes de la pulpe afin d'amplifier le pouvoir naturel de réparation des dents sans avoir recours à des matériaux de substitution» comme ceux utilisés actuellement par les dentistes (hydroxyde de calcium pour le coiffage pulpaire et «biomatériaux à base de phosphate tricalciques pour réparer la dent et combler les lésions»).

     

     


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