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Anthropologie: l'adaptation du génome des peuples d’Océanie a assuré leur survie! ____¤202207
Une étude, dont les résultats intitulés «Chronology of natural selection in Oceanian genomes» ont été publiés dans la revue iScience, a permis, en analysant la diversité génomique de 239 individus d’Océanie et d’Asie Insulaire, de montrer que l'adaptation du génome des peuples d’Océanie a assuré leur survie.
Relevons tout d'abord qu'il y a environ 50 000 ans, la ligne de Wallace, frontière biogéographique, définie par de forts courants marins, qui sépare l’Asie insulaire de l’Océanie, était franchie par l’espèce humaine.Concrètement, "à l’est de la ligne de Wallace, les terres d’Australie et de Nouvelle Guinée formaient jusqu’au milieu de l’Holocène, i il y a environ 5 000 ans, un ancien continent appelé Sahul, au sein duquel se sont développées, pendant des millions d’années, une faune et une flore uniques au monde (mammifères marsupiaux et monotrèmes, forêts d’eucalyptus, etc.)". Comme "les fouilles archéologiques attestent d’une présence humaine du nord au sud de cet ancien continent entre -46 000 et -49 000 ans", il en résulte "que les premiers groupes humains ont rapidement peuplé ce territoire".
Alors que jusqu'ici aucune recherche "n’avait pu indiquer si le peuplement de cet écosystème inconnu avait été facilité par certaines adaptations génétiques", l"étude ici présentée, visant "à analyser la diversité génomique de 239 individus d’Océanie et d’Asie insulaire", a pu "détecter et dater les possibles adaptations génétiques propres aux premiers groupes humains ayant traversé la ligne de Wallace", grâce au Papuan Past Project, débuté en 2016, en collaboration avec l’Université de Papouasie Nouvelle-Guinée, qui est « l’un des rares projets internationaux qui permet d’étudier le peuplement et l’adaptation des populations de Nouvelle-Guinée et d’Océanie ».
Après avoir, ces dernières années, permis de définir les routes migratoires
empruntées par les premiers colons, le Papuan Past Project a cherché à savoir "si ce peuplement avait engendré des adaptations génétiques spécifiques à Sahul". Au bout du compte, "les génomes des populations océaniennes ont révélé un fort signal de sélection naturelle daté entre -54 et -52 000 ans, soit la période présumée de leur arrivée en Sahul".Ce signal génétique, qui semble constituer "la première preuve biologique d’une adaptation génétique datant des premiers pas du genre humain en Sahul", est "en partie hérité de Denisova, cet ancien homininé, cousin de Néandertal, que les groupes humains pourraient avoir rencontré en Asie insulaire voire en Océanie". Des analyses bio-informatiques plus poussées ont alors montré que ce signal est "porté par des gènes impliqués dans deux types de fonctions biologiques, essentielles à la survie humaine : la réponse immunitaire et le métabolisme".
En fait, "les gènes du métabolisme sous sélection chez les Océaniens ont un rôle prépondérant dans la digestion des produits végétaux", car "les populations de Nouvelle Guinée ont été parmi les premières au monde à inventer des pratiques horticoles et agricoles (dès -8000 ans dans les vallées d’altitude) et à exploiter les plantes, il y a 44 000 - 49 000 ans" et "actuellement, l’essentiel de leur régime alimentaire est basé sur la consommation de plantes". Ainsi,"ce rapport tout à fait particulier au monde végétal pourrait, en partie, expliquer la pression de sélection sur des gènes impliqués dans leur digestion".
Ces observations incitent à "explorer plus en profondeur le rôle biologique de ces gènes chez les populations océaniennes car la modification récente de leurs pratiques alimentaires (notamment l’importation de produits) pourrait avoir un impact fort sur leur santé alors qu’elles sont adaptées à un régime alimentaire vieux de plusieurs milliers d’années".
Tags : Anthropologie, 2022, iScience, adaptation, génome, Océanie, survie, ligne de Wallace, Wallace, Australie, Sahul, Homme de Denisova, régime, peuplement
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