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Anthropologie: l'analyse de plus de 400 génomes anciens raconte l'histoire des premiers peuplements de la péninsule Ibérique!____¤201903
Une étude, dont les résultats intitulés «The genomic history of the Iberian Peninsula over the past 8000 years» ont été publiés dans la revue Science, a permis, grâce à l'analyse de plus de 400 génomes anciens de raconter l'histoire des premiers peuplements de la péninsule Ibérique.
Plus précisément, ces analyses ont portées sur «272 restes d'ADN de personnes ayant vécu entre il y a 13.000 ans et 500 ans», auxquels se sont ajoutés 131 génomes déjà étudiés, afin de caractériser les différentes vagues migratoires, qui «se sont succédées et ont contribué à façonner les populations actuelles».
Rappelons ici que «comme le reste de l'Europe, la péninsule ibérique a longtemps été peuplée par l'homme de Néandertal, une espèce cousine de notre ancêtre Homo sapiens qui, lui, commence à s'installer dans la région il y a 44.000 ans». Il semble que «les premiers Homo sapiens ayant colonisé la péninsule» ont, sinon causé, du moins profité de l'extinction de l'Homme de Néandertal», dont «les raisons de la disparition restent débattues», pour finir à leur tour «par connaître le même sort».
Il y a environ 10.000 ans, des populations provenant d'Anatolie, qui ont déjà découvert l'agriculture, arrivent en Europe et «apportent la révolution néolithique». Alors que «les groupes de chasseurs-cueilleurs dispersés dans toute la péninsule ibérique» ont «une constitution génétique nettement différente les uns des autres», l'arrivée des peuples anatoliens «est à la fois un bouleversement dans la vie de tous les jours mais aussi d'un point de vue génétique». Concrètement, «l'analyse ADN des restes des individus ayant vécu après cette période montre que leur génome est à 90% issu de ces peuples d'Anatolie».
En fait, «l'Espagne n'est pas un cas isolé, car toute l'Europe est concernée avec une temporalité et des origines légèrement différentes» puisque, par exemple, des tribus, qui se sont répandues jusqu'en Allemagne, «sont passées par les plaines du Danube» tandis que «celles qui ont peuplé l'Espagne sont passées par la Méditerranée».
Ensuite, «il y a 4500 ans, de nouvelles populations venues des steppes arrivent, et près de 40% de l'ADN des populations postérieures est issu de cette vague migratoire». Comme «après cette date 100% des chromosomes Y (qui n'est présent que chez l'homme)» sont «directement liés à ces populations des steppes», l'étude en conclut «que la quasi-totalité des lignées paternelles en Espagne remonte à ces envahisseurs venus de l'Est, qui possédaient peut-être un avantage reproductif» (les auteurs «refusent d'en déduire que ces mouvements migratoires ont été accompagnés de massacres qui auraient supprimé les autres lignées paternelles, car aucune trace archéologique ne permet de prouver l'existence de tels combats»).
Cette vague a, là encore, concerné toute l'Europe, «mais, sur la péninsule ibérique, les populations des steppes sont arrivées un peu plus tardivement». Le lien entre «ces peuples venus de l'Est» et «les langues indo-européennes» n'est pas vraiment prouvé, car «les analyses des individus de l'âge de fer, c'est-à-dire d'il y a 2900 ans, montrent une relative harmonisation génétique sur toute la péninsule», mais si «tous ont une ascendance significative des peuples des steppes», tous «ne parlaient pas les langues indo-européennes, c'est notamment le cas des Basques».
Après ces deux vagues migratoires qui «ont modelé en grande partie la population de toute la péninsule», les mélanges ont continué avec «des Romains, puis des populations d'Afrique du Nord, mais aussi des Grecs et des populations d'Europe centrale»: en particulier, «une personne inhumée dans la péninsule ibérique entre 2400 av. et 2000 av. J.-C. avait une ascendance entièrement nord-africaine, ce qui montre l'existence d'échanges entre les deux rives de la Méditerranée déjà à cette époque».
Notons pour finir, l'existence de «marqueurs génétiques venant de divers horizons que l'on retrouve partout, sauf au Pays basque» où le peuple basque, «enclavé dans ses montages», est «l'un des rares groupes à avoir conservé le génome des populations de l'âge de fer, c'est-à-dire celui d'il y a 2900 ans».
Tags : Anthropologie, génétique, 2019, Science, génome, histoire, populations, Méditerranée, agriculture, chromosome Y, langues, Romains, Grecs, Âge du fer
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