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Anthropologie: l'examen de squelettes, exhumés dans une nécropole romaine du IIe au IVe siècle située au sud de Londres, indique que deux individus étaient originaires de Chine!____¤201610
Une étude, dont les résultats intitulés «Going south of the river: A multidisciplinary analysis of ancestry, mobility and diet in a population from Roman Southwark, London» ont été publiés dans la revue Journal of Archaeological Science, révèle que l'examen de 19 squelettes sur les 22 exhumés dans une nécropole romaine du IIe au IVe siècle située à Lant Street dans le quartier de Southwark, au sud de Londres, indique que deux individus seraient originaires de Chine.
Rappelons tout d'abord que Londres était «au temps des Césars», sous le nom de Londinium, «la capitale de la province romaine de Grande-Bretagne (Britannia)». Alors que, jusqu'ici, les spécialistes ignoraient «que des populations d’Extrême-Orient asiatique aient pu avoir des contacts directs avec l’Empire romain», une analyse des deux dépouilles en question a fait apparaître qu'elles étaient «proches des populations chinoises et japonaises du XIXe siècle».
Plus précisément, ce sont «des analyses isotopiques du strontium et de l'oxygène présents dans ces restes humains», en plus de l'examen de la morphologie des crânes qui ont conduit à cette conclusion. Grâce aux isotopes retrouvés dans l’émail dentaire des restes retrouvés, il a été globalement établi «que 6 individus avaient passé leur enfance sous d’autres cieux que ceux de la capitale britannique» (les isotopes «sont en effet un marqueur permettant d'identifier la mobilité géographique des individus»), l'origine de quatre d’entre eux étant l'Afrique du Nord, «région avec laquelle l’empire entretenait des liens serrés» et, pour deux d'entre eux, la 'Chine'.
Une hypothèse avancée est ces deux individus pourraient être des «descendants de populations qui (pour une raison ou une autre) se sont retrouvées à l’intérieur du lime romain, la frontière impériale». Cependant comme «les processus comparatifs utilisés par les anthropologues légistes pour établir les provenances géographiques ont leurs limites», des analyses génétiques sont attendues pour vérifier «s’il s’agit vraiment de 'Chinois'».
Cette information, dans le cas où cette identification serait confirmée, poserait tout de même un petit problème car, si au IIe siècle de notre ère «les Romains n’ignoraient pas l’existence de la Chine, la très lointaine et énigmatique Sérique», jusqu'ici «les contacts ne semblaient jamais avoir été établis directement (en dehors de deux cas possibles en 166 de notre ère)» car en fait, les luxueuses soieries chinoises «étaient acheminées vers Rome via la 'route de la Soie'» essentiellement» par l’intermédiaire des Parthes (des Perses), avec lesquels commerçaient les Romains» et secondairement «via l'Inde et l'Asie Centrale».
Tags : Anthropologie, 2016, Journal of Archaeological Science, squelettes, Romains, dents, émail, isotopes, strontium, oxygène, soie, crânes, nécropoles
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