Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Molecular Biology and Evolution, a permis, grâce à de nouveaux outils statistiques sur la transmission des gènes, couplés avec une approche ethnographique, de reconstruire pour la première fois l'histoire démographique détaillée de 23 populations d'Afrique Centrale (Gabon et Cameroun) appartenant à deux groupes aux modes de vie contrastés : 10 populations de chasseurs-cueilleurs forestiers, englobés historiquement sous le terme «Pygmées», et 13 populations voisines d'agriculteurs sédentaires («non-Pygmées»).

En analysant conjointement les marqueurs génétiques des autosomes, du chromosome X, du chromosome Y et de l’ADN-mt, des différences fondamentales entre chasseurs-cueilleurs pygmées et agriculteurs non-pygmées en Afrique Centrale ont été révélées. Alors qu'à l’instar de la majorité des populations du monde aujourd’hui, les populations non-pygmées d’Afrique Centrale montrent une diversité génétique concordant avec leurs traditions de patrilocalité et de polygamie, les populations pygmées présentent une diversité génétique ressemblant plutôt à celle attendue dans des populations matrilocales.

Comme la plupart de ces populations de chasseurs-cueilleurs pratiquent, tout comme leurs voisins, patrilocalité et polygamie, ce sont des différences dans le respect de ces deux types de règles sociales que la recherche a pu mettre en évidence, montrant comment des comportements socio-culturels complexes et variables peuvent, aujourd'hui encore, profondément influencer la diversité génétique des populations humaines.