• Anthropologie: la capacité à enrichir un savoir au fil des générations, tenue jusqu'à présent pour strictement humaine, a été mise en évidence chez des babouins!____¤201411

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Cultural evolution of systematically structured behaviour in a non-human primate» ont été publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B, a permis de réunir les conditions pour mettre en évidence, chez des babouins, la capacité à enrichir un savoir au fil des générations, appelée culture cumulative: c'est la première fois que cette capacité, tenue jusqu'à présent pour strictement humaine, est observée chez d'autres primates.

     

    L'étude ici présentée s'est effectuée à la station de primatologie de Rousset (CNRS). Dans ce cadre, les babouins, qui vivent en groupe, «peuvent à tout moment, de manière volontaire, se présenter devant des écrans tactiles pour jouer à une sorte de 'memory': «pendant une fraction de seconde, l'écran affiche une grille de 16 carrés, tous blancs sauf quatre rouges», ensuite, «l'image est remplacée par une grille identique mais composée uniquement de carrés blancs, et les babouins doivent toucher les quatre carrés qui étaient précédemment rouges».

     

    Dans un second temps, après la période d'apprentissage de la tâche «dans laquelle la position des quatre carrés rouges était aléatoire, le memory s'est doublé d'une sorte de 'jeu du téléphone arabe' visuel, où une information est transmise d'un individu à l'autre».

     

    Plus précisément, «la réponse d'un babouin (les carrés touchés à l'écran) était utilisée pour générer la grille que le babouin suivant devait mémoriser et reproduire, et ainsi de suite pendant 12 'générations'».

    Il est alors apparu que la performance des babouins était meilleure dans la phase impliquant une chaîne de transmission (en comparaison avec les essais aléatoires, qui se sont poursuivis pendant toute l'expérience)»: ainsi, le taux de succès («la tâche était considérée comme réussie lorsqu'au moins 3 carrés sur 4 étaient correctement mémorisés»), est «passé de 80 % à plus de 95 %».

     

    Si «à cause des erreurs des babouins, les grilles ont évolué entre le début et la fin de chaque chaîne de transmission», les motifs aléatoires générés par l'ordinateur ont tout de même «été progressivement remplacés par des 'tétrominos'(des formes de type 'Tétris' composées de quatre carrés adjacents)» qui «ne représentent que 6,2 % des configurations possibles».

     

    Comme «la performance des babouins sur ces formes rares était médiocre lors des essais aléatoires, mais augmentait au cours de la chaîne de transmission, lorsque les tétrominos s'accumulaient» et que, de plus, «lorsque l'expérience est répliquée plusieurs fois, les grilles de départ n'aboutissent pas au même lot de tétrominos», il en découle que cette étude met en lumière «que, comme les humains, les babouins ont la capacité de transmettre et d'accumuler des modifications au cours de 'générations culturelles', et que ces modifications graduelles, qui peuvent différer selon la lignée, se structurent et font gagner en efficacité».

     

    Ces observations, qui révèlent chez des primates non-humains «une forme d'évolution cumulative de la culture, avec ses trois propriétés caractéristiques (augmentation de la performance, émergence de structures et spécificité de lignée)», prouvent «que la culture cumulative ne nécessite pas des capacités proprement humaines, comme le langage», ce qui ouvre la voie à bien d'autres questionnements.

     


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