• Anthropologie: le développement de l'agriculture au néolithique en Europe aurait permis aux populations de prononcer distinctement les sons 'F' et 'V'! ____¤201903

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Human sound systems are shaped by post-Neolithic changes in bite configuration» ont été publiés dans la revue Science, révèle que le développement de l'agriculture au néolithique en Europe aurait permis aux populations de prononcer distinctement les sons 'F' et 'V'. C'est la première fois que des travaux rigoureux relient directement l'alimentation aux capacités linguistiques.

     

    Relevons tout d'abord qu'alors que «certains sons existent partout sur le globe comme le son 'm' et le 'a'», d'autres «sont plus rares, comme les clics de certaines langues de l'Afrique australe». Généralement, on pense que la large gamme de sons du langage humain «est apparue avec l'émergence de l'Homo sapiens il y a environ 300.000 ans».

     

    Pour sa part, l'étude ici présentée s'est intéressée à l'influence de la révolution néolithique qui a engendré d'immenses bouleversements «à partir d'approximativement 8000 ans en Europe». Dès cette époque, les populations de chasseurs-cueilleurs ont été remplacées par des populations qui maîtrisaient l'agriculture ou intégrées à elles.

     

    De ce fait, les hommes sont passés d'une alimentation peu transformée «à des mets plus raffinés et faciles à ingérer». Ce changement de régime alimentaire «a pu, dans un premier temps, s'accompagner de certaines carences», car «les populations pouvaient avoir tendance à manger tout le temps la même chose» puisque «les aliments transformés demandent moins d'efforts de mastication».

     

    A ce propos, notons que la mastication fatigue la mâchoire qui a tendance à se déformer: «les dents subissent alors un phénomène d'érosion» et «l'espace entre les mâchoires supérieure et inférieure se resserre au niveau des dents de devant». A cause de cela, «les hommes avaient beaucoup plus de difficulté à prononcer les sons proches du ceux assimilés aux lettres 'f' et 'v' qui demandent une légère aspiration de la lèvre inférieure et un contact entre la lèvre inférieure et les incisives supérieurs», un son «que l'on retrouve pourtant dans 50% des langues parlées dans le monde».

     

    En réalité, «Manger des aliments plus mous n'a pas, à proprement parler, ouvert de nouvelles capacités», c'est le fait de manger des aliments durs qui «limite la probabilité de voir ces sons diversifiés sortir de nos bouches», car si «nos ancêtres avaient peut-être toute la palette linguistique à leur portée», leur vie quotidienne et particulièrement la nourriture «a favorisé certaines sonorités», donnant des langues si différentes.

     

    Pour faire sa démonstration, cette étude a combiné «des données et des méthodes issues de différentes sciences, y compris l'anthropologie biologique, la phonétique et la linguistique historique» à partir «de vastes ensembles de données récemment développés et des modèles de simulation biomécaniques détaillés». Il est ainsi apparu «que la prononciation ou non du son 'f' n'est pas déterminée par des facteurs génétiques», mais «essentiellement par l'environnement dans lequel évoluent les individus».

     

     


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