• Anthropologie: le réchauffement climatique de la dernière période interglaciaire a engendré un effondrement des populations de chasseurs-cueilleurs Néandertaliens en Europe!____¤201902

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Impact of the last interglacial climate change on ecosystems and Neanderthals behavior at Baume Moula-Guercy, Ardèche, France» ont été publiés dans la revue Journal of Archaeological Science, a permis de montrer l’impact du puissant et brutal réchauffement climatique de la dernière période interglaciaire à la fois sur les paléoenvironnements et les comportements des populations de chasseurs-cueilleurs Néandertaliens en Europe.

     

    Relevons tout d'abord que l'analyse «des glaces polaires, des sédiments marins et des tourbières» indiquent que «la dernière période interglaciaire (128 000 à 114 000 ans) a été la plus chaude des derniers 400 000 ans»: en fait, «les températures étaient supérieures à celles que nous connaissons aujourd’hui et le niveau de la mer plus élevé de 6 à 9 mètres». Cependant, en raison «de l’extrême rareté des sites archéologiques appartenant à cette période, l’effet de cet événement majeur sur les paléoenvironnements et les défis auxquels les populations de chasseurs-cueilleurs Néandertaliens ont été confrontées, sont peu connus».

     

    Pour sa part, «grâce à une couche archéologique exceptionnelle, sans équivalent sur le continent européen conservée sans perturbation pendant plus de 120 000 ans dans la Baume Moula-Guercy à Soyons», l'étude ici présentée révèle que «le réchauffement climatique rapide a entraîné une reconfiguration générale des écosystèmes et une redistribution de toutes les espèces vivantes du continent européen, des plantes aux arbres et des reptiles aux grands mammifères, par la mise en place d’une épaisse forêt tempérée en remplacement de la steppe à graminées précédente».

     

    Dans ce contexte, «les mammifères caractéristiques des biotopes froids ont été remplacés par des espèces tempérées qui avaient trouvé refuge dans les péninsules méditerranéennes au cours de la phase glaciaire antérieure» et «des reptiles méditerranéens, dont la Tortue d’Hermann, absents de cette région ardéchoise de nos jours, ont occupé les espaces découverts, démontrant ainsi que le climat de cette région était plus chaud et plus sec que de nos jours».

     

    Soulignons ici, «comme de nombreux auteurs», que, «contrairement à l’idée généralement admise», la forêt tempérée «est un milieu de vie hostile pour les chasseurs-cueilleurs de nos jours comme dans le passé». Concrètement, «la biomasse de grands mammifères, qui constituaient les proies privilégiées des Néandertaliens y est nettement plus réduite que dans les steppes froides». Selon l'étude, «l’extension des milieux arborés a provoqué un effondrement drastique des populations néanderthaliennes», qui ne se maintiennent «que dans quelques rares régions européennes, dont le sud-est de la France».

     

    D'ailleurs, «alors que le cannibalisme des Néanderthaliens n’est attesté que dans 4 sites seulement durant les derniers 100 000 ans de leur existence sur le continent européen, deux sont datés de la dernière période interglaciaire, malgré sa faible durée». Le site le mieux documenté de cette période, «est celui de la Baume Moula-Guercy à Soyons», puisque «les stries au silex observées sur les os, les points d’impact pour casser les os et les crânes» amènent à conclure «que les occupants de la grotte ont consommé 6 de leurs congénères au cours d’un épisode unique d’endocannibalisme de survie».

     

     


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