• Anthropologie: le séquençage du génome de 320 individus a permis de reconstituer de quelle façon les populations humaines se sont adaptées aux îles du Pacifique!____¤202104

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Genomic insights into population history and biological adaptation in Oceania» ont été publiés dans la revue Nature, a permis, grâce au séquençage du génome de 320 individus, de reconstituer de quelle façon les populations humaines se sont adaptées aux îles du Pacifique, de faire apparaître des aspects encore insoupçonnés de l’histoire du peuplement de cette région et d'établir des liens entre ce peuplement et l'état de santé actuel de ces peuples.

     

    Relevons tout d'abord que «peu après la sortie de l’Homme d’Afrique, un premier peuplement du Pacifique a eu lieu en Océanie proche (Papouasie-Nouvelle-Guinée, archipel Bismarck et îles Salomon) il y a environ 45000 ans, alors que l’Océanie lointaine (le Vanuatu, les îles Wallis et Futuna, la Polynésie, etc.) restait inhabitée».

     

    Par ailleurs, «ll est admis qu’il y a 5 000 ans, des Hommes sont partis de Taïwan, sont passés par les Philippines, puis par ces îles déjà habitées de l’Océanie proche, pour enfin peupler, pour la première fois, l’Océanie». Ainsi, «sur la route qui les a menés jusqu’en ces terres éloignées, les ancêtres des populations du Pacifique Sud ont rencontré des groupes d’hommes archaïques, avec lesquels ils se sont métissés», car, aujourd’hui, «les populations océaniennes cumulent 2 à 3 % de matériel génétique hérité de l’Homme de Néandertal (que toutes les populations hors d’Afrique possèdent également), mais également jusqu’à 3 % de matériel génétique hérité de l’Homme de Denisova (cousin des Néandertaliens, supposé provenir d’Asie)».

     

    Pour sa part, l'étude ici présentée a «cherché à comprendre la façon dont cet ancien métissage a pu favoriser l’adaptation des populations du Pacifique à leurs environnements insulaires, y compris les pathogènes», en se basant «sur le séquençage des génomes entiers de plus de 320 individus issus de Taïwan, des Philippines, de l’archipel Bismarck, des îles Salomon, de Santa Cruz et du Vanuatu».

     

    Le peuplement par l’Homme des différentes îles de l’Océanie proche a été daté aux environs de 40000 ans, «confirmant les hypothèses archéologiques» et montrant, en outre, «que ce peuplement initial a été suivi par une période d’isolement génétique entre îles». L'étude révèle aussi «une importante réduction de la taille de la population juste avant cet événement».

     

    Par ailleurs, ce travail remet en cause l’hypothèse «selon laquelle il y a environ 5 000 ans, une population quitte Taïwan pour peupler rapidement l’Océanie proche et lointaine» et suggère plutôt «que l’Homme quitte Taïwan il y a plus de 5 000 ans, et que le métissage qui accompagne l’arrivée des Austronésiens en Océanie proche ne débute que 2 000 ans plus tard»: en fait, les expansions partant de Taiwan aurait pris un certain temps et seraient «peut-être passées par une phase de maturation aux Philippines ou en Indonésie».

     

    Le calcul du «pourcentage de l’héritage néandertalien et dénisovien dans ces populations du Pacifique Sud» indique que, contrairement à l’héritage néandertalien, très homogène entre les vingt populations étudiées (environ 2,5 %), «l’héritage de l’Homme de Denisova varie considérablement entre populations: de presque 0 % à Taiwan et aux Philippines et jusqu’à 3,2 % en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Vanuatu (Océanie lointaine)».

     

    En fin de compte, les données confirment «que l’héritage néandertalien confère des mutations bénéfiques aux populations actuelles associées à de nombreux phénotypes: la pigmentation de la peau, le métabolisme, le développement neuronal, etc.» et elles montrent «que le métissage avec les Dénisoviens a apporté presque exclusivement des mutations bénéfiques reliées à la régulation de la réponse immunitaire» de sorte que les populations du Pacifique ont bien profité des avantages de ces deux métissages.

     

    Surtout, l’étude met en évidence «que le métissage avec les Dénisoviens ne s’est pas fait en une fois, mais au cours d’au moins quatre événements indépendants» et elle établit «que les Dénisoviens avec qui les populations du Pacifique se sont métissées formaient en réalité des populations très diverses». Cette information découle du fait qu’en analysant «les 3 % d’héritage archaïque découvert dans les génomes des hommes modernes, on ressuscite les génomes des Dénisoviens et on révèle ainsi la grande diversité génétique de ces hommes archaïques».

     

    Enfin, il a été constaté «que le métabolisme des lipides, et du cholestérol en particulier, a également été la cible de la sélection naturelle en Océanie». Cette observation «donne des pistes pour mieux comprendre pourquoi les changements récents de mode de vie de ces populations peuvent s’être accompagnés de désordres métaboliques».

     

     


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