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Anthropologie: les plus anciens fossiles d'Homo sapiens connus sont vieux de 300000 ans, soit 100000 ans de plus que les fossiles les plus anciens répertoriés jusqu'ici!____¤201706
Deux études, dont les résultats intitulés respectivement «The first Neanderthal remains from an open-air Middle Palaeolithic site in the Levant» et «The age of the hominin fossils from Jebel Irhoud, Morocco, and the origins of the Middle Stone Age» ont été publiés dans la revue Nature, aboutissent à la conclusion que la datation de fossiles découverts dans le site marocain de Jebel Ihroud augmente de 100 000 ans au moins l’ancienneté de notre espèce, alors que jusqu'ici les tous premiers H. sapiens (Omo 1 et Omo 2) connus étaient 'éthiopiens' et vieux d’environ 200 000 ans.
L'intérêt du site de Jebel Ihroud était apparu lorsqu'en 1961, «les exploitants d’une mine de barytine y avaient découvert un crâne humain quasi complet dans le remplissage d’une grotte». A la suite de cette trouvaille des fouilles avaient permis de retrouver «une boîte crânienne fragmentaire et une mandibule d’enfant» associés «à des restes de faune et à des outils de pierre débités par la méthode Levallois (caractéristique de tout le Paléolithique moyen)».
En raison de diverses incertitudes émanant des conclusions de ces premières fouilles, de nouvelles fouilles ont été entreprises en 2004 «dans la petite zone du site laissée de côté dans les années 1960». Les «strates de ce dépôt détritique consolidé (donc rocheux)» ont été «soigneusement» analysées et de nouveaux restes humains ont été découverts provenant de la strate 7, «comme très probablement les fossiles trouvés dans les années 1960».
Au total, «l'ensemble de ces restes représente au moins cinq individus : trois adultes, un adolescent et un enfant». Du fait que «la datation de la couche 7 par la méthode de la thermoluminescence donne aux fossiles humains de Jebel Ihroud un âge de 315000 ans (à 30000 ans près)», un âge confirmé par la méthode de datation «par résonance de spin électronique ou ESR», ces restes deviennent «les plus anciens fossiles sapiens connus à ce jour».
Cependant, en plus de leur caractère sapiens, l'examen de ces os «révèle nombre de traits archaïques»: par exemple, «une forme de l’encéphale assez différente de celle des H. sapiens récents et pour l’un des crânes des arcades sourcilières proéminentes».
Néanmoins, «ce caractère éminemment archaïque» semble en réduction, car «ces arcades sont relativement faibles par rapport à celles bien plus puissantes d’Homo neanderthalensis ou d’Homo heidelbergensis, l’ancêtre commun supposé des hommes modernes et des néandertaliens». En outre, «cette réduction des arcades s’accompagne par une tendance au redressement du front, qui chez les humains de Jebel Ihroud comme chez tous les H. sapiens installe la face à son aplomb plutôt que vers l’avant».
Pour totalement justifier le classement de «la forme humaine de Jebel Ihroud parmi les H. sapiens», une analyse morphométrique 3D, «une technique statistique qui permet, après avoir mesuré de nombreux traits (ici crâniens), de représenter les diverses formes anatomiques par des points dans un espace abstrait», a été mise en œuvre. Il en découle que les hommes de Jebel Ihroud «se distinguent tant des néandertaliens que des formes humaines anciennes (H. heidelbergensis notamment)».
Globalement, on peut constater une «certaine diversité» dans les formes anciennes d’Homo sapiens en Afrique: ainsi, les fossiles de Jebel Ihroud «peuvent être rapprochés de ceux de Omo 1 et 2 (195000 ans, Éthiopie) et de celui de Florisbad (259000 ans, Afrique du Sud), un crâne au statut incertain, mais qui passe pour sapiens auprès de certains paléoanthropologues» («Omo 2 vient par exemple se placer entre deux fossiles de Jebel Ihroud»).
En fin de compte, ces travaux «confirment que la différentiation de la forme humaine sapiens a bien eu lieu en Afrique et sur une vaste échelle de temps, puisqu’elle était déjà en marche il y a plus de 300000 ans».
Tags : Anthropologie, 2017, Nature, Homo sapiens, Homo neanderthalensis, Néandertaliens, Homo heidelbergensis, crânes, Paléolithique, grottes, outils, Levallois
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