• Anthropologie: une vaste analyse génomique a permis de retracer le chemin migratoire des populations de langues bantoues!____¤201705

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Dispersals and genetic adaptation of Bantu-speaking populations in Africa and North America» ont été publiés dans la revue Science, a permis, grâce à une vaste analyse génomique de retracer le chemin migratoire des populations de langues bantoues (aujourd'hui 310 millions de personnes) qui était jusqu'ici controversé.

     

    Notons tout d'abord qu'à la suite de l’émergence de l’agriculture en Afrique, il y a 4000 à 5000 ans, les peuples de langues bantoues, «jusqu’alors chasseurs-cueilleurs vivant dans une région située entre le Cameroun et le Nigeria», ont pu, grâce à la maîtrise de cette nouvelle technologie, investir de nouveaux territoires et étendre progressivement leur zone d’habitat «suivant un périple de plusieurs millénaires» en s'installant dans toute l’Afrique subsaharienne.

     

    Jusqu'ici, deux théories étaient avancées concernant le chemin migratoire emprunté par ces peuples: «alors qu’une première théorie, dite du 'Early split' (séparation précoce) affirmait que les Bantous s’étaient scindés dès le départ, en quittant leur berceau originel, en deux mouvements, vers l’est et le sud, l’hypothèse du 'Late split' (séparation tardive) suggérait, elle, que ces peuples avaient d’abord traversé la forêt équatoriale (le Gabon actuel), avant de se diviser selon deux flux migratoires, l’un vers le sud, et l’autre vers l’Afrique de l’Est».

     

    Désormais, la puissante étude génomique ici présentée, «portant sur 2000 individus issus de 57 populations de toute l’Afrique subsaharienne», permet de trancher la question en faveur de la théorie du 'Late split' puisqu'il apparaît «que les populations de langues bantoues de l’est et du sud de l’Afrique sont plus semblables génétiquement aux populations du sud qu’à celles du nord de la forêt équatoriale»: ainsi, «les Bantous auraient d’abord traversé la forêt équatoriale, pour ensuite suivre leurs voies migratoires vers l’est et le sud de l’Afrique sub-Saharienne, où ils auraient rencontrés d’autres peuples autochtones de ces régions».

     

    D'autre part, en ce qui concerne le métissage des peuples de langues bantoues avec les populations locales qu’ils ont rencontrées, les analyses montrent qu’au cours du dernier millénaire, les Bantous se sont «mélangés avec des populations pygmées d’Afrique centrale de l’Ouest, des populations Afro-Asiatiques d’Afrique de l’Est et enfin avec des populations San d’Afrique du Sud».

     

    L'étude relève que «les métissages successifs auraient été bénéfiques aux peuples Bantous, en leur permettant d’acquérir des mutations génétiques avantageuses facilitant leur adaptation à leurs nouveaux habitats». Plus précisément, les populations Bantoues ont acquis de leur métissage avec les Pygmées, «une nouvelle forme du système 'HLA', aidant à la mise en place de la réponse immunitaire en cas d’infection» tandis qu'en arrivant à l’est de l’Afrique subsaharienne, les Bantous ont hérité des populations locales «une variabilité associée au gène de la lactase, qui permet de continuer à digérer du lait à l’âge adulte».

     

    Enfin, dans son dernier volet, cette étude s’est intéressée aux origines des Afro-américains en comparant le génome «de près de 5000 Afro-américains de tous les États-Unis avec celui des populations d’Afrique vivant actuellement dans les anciens grands ports d’esclavage». Les différentes contributions de ces sites de traite d’esclaves ont ainsi pu être évaluées.

     

    Concrètement, «près de 50% du génome des Afro-américains seraient issus du port historiquement appelé 'Golfe du Bénin'», alors que «près de 30%, provient de l’Afrique centrale de l’Ouest (Gabon, Angola)» et que «13% viennent de l’ancien port de Sénégambie (bassin des fleuves Sénégal et Gambie) et 7% de la Côte au Vent (Côte d’Ivoire)».

     

     


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