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Archéologie: à une certaine période de l'Holocène, les poissons ont constitué la très grande majorité du régime alimentaire des habitants du Tadrart Acacus (Sahara)!____¤202002
Une étude, dont les résultats intitulés «Aquatic fauna from the Takarkori rock shelter reveals the Holocene central Saharan climate and palaeohydrography» ont été publiés dans la revue PLOS ONE, révèle qu'à l'Holocène, au Sahara, dans le Tadrart Acacus, les poissons étaient tellement abondants qu'ils constituaient la très grande majorité du régime alimentaire des habitants du lieu.
Relevons tout d'abord qu'aujourd'hui, le Tadrart Acacus, situé au sud-ouest de la Libye, est l'une des zones les plus arides du monde, car, dans cette région «balayée par les vents et recouverte de dunes de sable», la température moyenne «dépasse les 40 °C l'été et la pluviosité est d'à peine 0 à 20 mm par an». Pourtant, «durant la période de l'Holocène, entre 12.000 et 6.000 ans avant J.C», le Sahara était «une vaste savane, avec une végétation luxuriante, des lacs et des marais peuplés d'hippopotames, de crocodiles et de poissons».
Ainsi, l'étude ici présentée a pu préciser que les anciens habitants de ce territoire se délectaient de tilapias, silures en analysant «17.500 fossiles datant de 10.200 à 4.650 ans prélevés près du site de Takarkori». Il est, en effet, apparu «que 80 % des restes d'animaux appartenaient à des poissons d’eau douce (tilapias et silures), avec des marques montrant qu'il s'agit de déchets alimentaires humains», les autres fossiles appartenant «à 19 % à des mammifères (bovins, moutons, gazelles, gros rongeurs...)» et à des «oiseaux, reptiles, amphibiens et mollusques» pour le 1 % restant.
Cette étude constate également «le changement rapide de climat intervenu dans le Sahara à cette époque»: concrètement, «alors que les arêtes de poisson représentent 90 % des restes datés de 10.200 à 8.000ans, cette proportion chute brutalement à 40 % dans la période la plus récente (5.900 à 4.650 ans)».
En fait, «la quantité de poissons diminue avec le temps concomitamment à une augmentation de la contribution des mammifères, ce qui montre que les habitants de Takarkori se sont progressivement concentrés sur la chasse et l'élevage» en raison de «l'assèchement de la région, qui a débuté vers 8.000 ans avant J.C». Autour du site, plusieurs lacs «ont alors subi des baisses de niveau importantes, jusqu'à disparaître complètement autour de 5.500 ans».
Néanmoins, les habitants ont «pu continuer à pêcher dans la rivière, comme le montre la proportion croissante de silures par rapport au tilapia, une espèce mieux adaptée aux rivières et aux salinités élevées». Le fait «que le poisson reste un pilier de l'alimentation des éleveurs, même à la période la plus récente» prouve qu'ils restaient «d'excellents pêcheurs».
Rappelons enfin que «le Tadrart Acacus est bien connu pour ses peintures rupestres décrivant la faune de l'époque: éléphants, girafes, autruches, chevaux...» et qu'on a découvert, en particulier, sur le site de Takarkori «les premiers signes en Afrique de la culture de céréales et du stockage de graines, des preuves de fabrication de yaourt et de bouillies sur des tessons de poterie, ainsi que des restes humains, naturellement momifiés, de pasteurs du Néolithique».
Tags : Archéologie, 2020, PLOS ONE, Holocène, Sahara, régime, tilapias, lacs, silures, chasse, élevage, pêcheurs, marais, peintures rupestres, alimentation
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