Une étude, dont les résultats intitulés «Direct dating reveals the early history of opium poppy in western Europe» ont été publiés dans la revue Scientific Reports, a permis de dater par AMS (ECHOMicadas) des restes archéologiques de pavot parmi les plus anciens découverts en Europe.

Relevons tout d'abord que «le pavot somnifère (Papaver somniferum L.) est l’une des espèces végétales les plus fascinantes de l'histoire de l'humanité». Cependant, l'origine et la diffusion du pavot somnifère, par rapport «aux céréales comme l'engrain ou l’amidonnier, dont la domestication a commencé il y a environ 12 000 ans au Proche-Orient», sont peu étudiées.

Concrètement, «les preuves les plus directes de sa présence, avant les premières mentions textuelles et iconographiques, sont les graines carbonisées et gorgées d'eau, très rarement des capsules et des disques stigmatiques, découvertes sur les sites archéologiques».

Néanmoins, «Sur la base des plus anciennes attestations datées du Néolithique (entre 5900 et 4900 cal BC) en Europe occidentale, et sur la répartition géographique de l’ancêtre sauvage supposé du pavot somnifère (P. somniferum subsp. setigerum (DC.) L. Corb.) c’est-à-dire le pourtour occidental du bassin méditerranéen», plusieurs scénarios ont été proposés.

Cependant, comme «le cadre chronologique a été principalement étayé par la datation au radiocarbone des sites, en utilisant des vestiges de courte durée de vie (os d'animaux, plantes annuelles) et de longue durée de vie (charbon, bois), mais en ignorant les restes de pavot eux-mêmes», alors que «les petites graines sont susceptibles de connaître des mouvements post-dépositionnels et pourraient donc constituer des intrusions sur les sites», la datation directe des graines de pavot à opium s'impose, mais, jusqu'ici, elle «était jugée impossible en raison de leur taille (généralement inférieure à 10-30 microgrammes/graine)».

Aujourd'hui, la situation a changé avec «l'avènement d'une nouvelle génération de spectrométrie de masse à accélérateur compact (AMS), associée à des protocoles de préparation optimisés», qui réduit «considérablement la quantité minimale d'échantillons nécessaires pour dater les événements archéologiques». De ce fait, l'étude ici présentée a eu «pour ambition de tester la faisabilité de dater des petites macrorestes végétaux, comme les graines de pavot, afin de tracer l’origine et la diffusion ancienne de la plante».

Pour y parvenir, 11 sites néolithiques, qui «appartiennent aux grands complexes agricoles pionniers d'Europe occidentale (5900-3500 avant notre ère)» et «sont parmi les plus anciens ayant livré du pavot dans le monde». ont «été sélectionnés et 13 dates réalisées directement sur du pavot somnifère».

Au bout du compte, il apparaît que la présence du pavot à opium est attestée au «moins depuis le milieu du sixième millénaire sur un site d’Italie centrale» et que «sa dispersion en dehors de sa zone d'origine a été précoce, puisque le pavot est attesté à l'ouest du Rhin entre 5300 et 5200 ans avant notre ère».

Par ailleurs, «le pavot a été introduit dans les Alpes occidentales vers 5000-4800» et «sur trois sites, des graines de pavot somnifère intrusives ont été mises en évidence, soit provenant de couches archéologiques plus récentes soit de l’époque moderne ce qui appui l’importance de dater directement les restes archéologiques de pavot pour proposer un cadre chronologique solide».

Ainsi, cette recherche, qui «met en évidence des rythmes différents dans l'introduction du pavot à opium en Europe occidentale», ouvre «la voie à la datation d’une large série d’échantillons de pavot somnifère associé à d’autres axes de recherche afin pour mieux comprendre le processus de domestication de la plante qui pourrait être une des seules plantes domestiquées au Néolithique d’origine européenne».