• Archéologie: la dalle gravée de Saint-Bélec (Leuhan, Finistère), datant de l’âge du Bronze ancien, serait la plus ancienne carte en relief en Europe!____¤202104

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «La carte et le territoire : la dalle gravée du Bronze ancien de Saint-Bélec (Leuhan, Finistère)» ont été publiés dans la revue Bulletin de la Société préhistorique française, a permis de mettre en évidence la plus ancienne carte en relief en Europe, qui, en l'occurrence, date de l’âge du Bronze ancien (2150-1600 avant notre ère).

     

    Concrètement, cette étude «porte sur la dalle gravée de Saint-Bélec (Leuhan, Finistère)». Cette dalle ornée, «mise au jour en 1900 par Paul du Chatellier dans un tumulus et tombée dans l’oubli pendant un siècle», a été redécouverte en 2014 au musée des Antiquités nationales (MAN) de Saint-Germain-en-Laye et vient d'être interprétée «comme la plus ancienne représentation cartographique d’un territoire connue en Europe, probable marqueur du pouvoir politique d’une principauté de l’âge du Bronze ancien».

     

    Au départ, cette dalle cassée en schiste «a été utilisée, en réemploi, dans le coffre du tumulus de Saint-Bélec vers la fin de l’âge du Bronze ancien (c. 1900-1640 avant notre ère)». Elle «formait alors une des parois d’un coffre funéraire». Alors que «sa face gravée était orientée vers l’intérieur de la tombe», ses extrémités étaient masquées.

     

    Son étude a commencé en 2017, par «une couverture photogrammétrique et des campagnes de relevés 3D haute résolution afin d’enregistrer la topographie de la surface de la dalle et pour analyser la morphologie, la technologie et la chronologie relative des gravures». Cette dalle «en schiste de couleur gris-bleu d’origine locale» mesure «2,20 m de longueur, pour 1,53 m de largeur et 0,16 m d’épaisseur». L’une de ses particularités «est l’emploi du bas-relief» et «plusieurs techniques ont été employées dont le piquetage et l’incision».

     

    Son examen fait apparaître au centre «un motif trapézoïdal aux bords convexes, profondément gravé et sur lequel se greffent deux axes, l'un horizontal qui traverse la dalle de bout en bout et l’autre vertical, plus difficilement perceptible du fait de cassures». Ainsi, la composition est «divisée en quatre quarts qui comportent des signes inégalement répartis (cupules rondes et ovales, lignes droites ou courbes, carrés, cercles, ovales, motifs piriformes) formant une série de motifs complexes, joints par un réseau de lignes piquetées».

     

    L'étude constate que cette dalle «porte bien les trois éléments les plus probants d’une représentation cartographique préhistorique: une composition homogène avec des gravures identiques en technique et en style, une répétition des motifs et une relation spatiale entre ces motifs (réseau de lignes)». Pour confirmer cette hypothèse, la dalle a été comparée «à d’autres représentations similaires tirées de la Préhistoire européenne et de l’ethnographie (Touaregs, Papous, Aborigènes d’Australie...)».

     

    Comme «un examen de la surface gravée montre que la topographie de la dalle a été volontairement modifiée pour représenter la vallée de l’Odet, tandis que plusieurs lignes paraissent figurer le réseau hydrographique», la concordance entre les gravures et les éléments paysagers a été testée de manière probante par «plusieurs séries d’analyses statistiques de formes et de réseaux».

     

    Le géoréférencement, qui a alors été effectué, «montre que le territoire représenté sur la dalle correspondrait à une zone d’environ 30 km de long et 21 km de large, orientée selon un axe ENE-OSO correspondant au cours de l’Odet». Le motif central, «interprété comme symbole d’une enceinte» suggère l’hypothèse «qu’un territoire d’une communauté de l’âge du Bronze ait existé aux confins de trois sources (l’Odet, l’Isole et le Stêr Laër)». Du fait qu'il s'agit «probablement d’une carte mentale, certains éléments représentés peuvent être surdimensionnés, tandis que leurs positionnements ne sont pas nécessairement proportionnels à la distance qui les sépare les uns des autres».

     

    En fin de compte, «la cartographie de ce territoire est à mettre en perspective avec le contexte socio-historique de la culture dite des 'tumulus armoricains', qui témoigne d’une forte hiérarchisation sociale et d’un contrôle sans doute étroit de l’économie». Dans ce contexte, «les fameuses tombes 'princières' de cette période sont régulièrement distribuées dans l’espace, reliées entre elles par un réseau viaire et apparaissent comme les centres de territoires».

     

    Si la dalle de Saint-Bélec, «contemporaine du fameux disque céleste de Nebra (Allemagne)», figure bien «le territoire d’une entité politique fortement hiérarchisée et contrôlant étroitement un territoire au Bronze ancien, son bris pourrait avoir valeur de condamnation, de désacralisation», puisque «un acte d’enfouissement, accompagné d’un geste iconoclaste» pourraient «marquer la fin ou le rejet de ces élites qui auront exercé leur pouvoir sur la société durant plusieurs siècles au cours de l’âge du Bronze ancien».

     

     

     


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