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Astrophysique: la vitesse des vents, mesurée pour la première fois dans la moyenne atmosphère de Jupiter, peut atteindre 1450 kilomètres par heure, près des pôles de Jupiter! ____¤202103
Une étude, dont les résultats intitulés « First direct measurement of auroral and equatorial jets in the stratosphere of Jupiter» sont publiés dans la revue Astronomy & Astrophysics et disponibles en pdf, a permis, grâce à ALMA dont l'ESO est partenaire, de mesurer pour la première fois directement les vents dans la moyenne atmosphère de Jupiter: concrètement, à partir de l'analyse des conséquences de la collision de la comète Shoemaker-Levy 9 en 1994 qui a produit de nouvelles molécules dans la stratosphère de Jupiter circulant au gré des vents, il est apparu que la vitesse de ceux-ci peut atteindre 1450 kilomètres par heure, près des pôles de Jupiter.
Relevons tout d'abord que, jusqu'ici, il était impossible de «mesurer la vitesse des vents dans la stratosphère de Jupiter à l'aide de techniques de suivi des nuages» en raison «de l'absence de nuages dans cette partie de l'atmosphère». Dans ce contexte, l'étude ici présentée a pu, en utilisant 42 des 66 antennes de haute précision d'ALMA, «suivre l'une de ces molécules (le cyanure d'hydrogène) pour mesurer directement les 'courants-jets' stratosphériques sur Jupiter» (le mot 'courant-jet' étant employé «pour désigner des bandes étroites de vent dans l'atmosphère, comme les courants-jets (ou jet stream) de la Terre»).
Les données d'ALMA «ont permis de mesurer le décalage Doppler (de minuscules changements dans la fréquence du rayonnement émis par les molécules) causé par les vents dans cette région de la planète». Ces mesures révèlent «la présence de puissants jets, dont la vitesse peut atteindre 400 mètres par seconde, qui sont situés sous les aurores près des pôles». Ces vitesses de vent «sont plus de deux fois supérieures aux vitesses maximales atteintes dans la Grande Tache Rouge de Jupiter et plus de trois fois supérieures à la vitesse du vent mesurée sur les plus fortes tornades de la Terre».
Cette découverte «indique que ces jets pourraient se comporter comme un vortex géant d'un diamètre pouvant atteindre quatre fois celui de la Terre, et d'une hauteur de quelque 900 kilomètres», un tel vortex doit être considéré comme «un monstre météorologique unique dans notre système solaire».
Jusqu'ici, «les astronomes connaissaient l'existence de vents forts près des pôles de Jupiter, mais beaucoup plus haut dans l'atmosphère, à des centaines de kilomètres au-dessus de la zone visée» par cette étude. Alors que des études antérieures «avaient prédit que ces vents de la haute atmosphère diminueraient en vitesse et disparaîtraient bien avant d'atteindre la stratosphère», les nouvelles données d'ALMA démontrent le contraire.
D'autre part, en plus des surprenants vents polaires, cette étude a confirmé à l'aide d'ALMA «l'existence de forts vents stratosphériques autour de l'équateur de la planète, en mesurant directement leur vitesse, également pour la première fois». Il a été ainsi constaté que «les courants-jets repérés dans cette partie de la planète ont une vitesse moyenne d'environ 600 kilomètres par heure». Soulignons pour finir que, globalement, «les observations d'ALMA nécessaires pour suivre les vents stratosphériques aux pôles et à l'équateur de Jupiter ont nécessité moins de 30 minutes de temps de télescope».
Tags : Astrophysique, 2021, Jupiter, pôles, stratosphère, vents, Shoemaker-Levy 9, ALMA, Astronomy & Astrophysics, Grande Tache Rouge, courants-jets, vortex
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