Une étude, dont les résultats intitulés «Multiple Images of a Highly Magnified Supernova Formed by an Early-Type Cluster Galaxy Lens» ont été publiés dans la revue Science et sont disponibles sur arxiv.org, a permis de voir, pour la première fois, à partir d'images fournies par Hubble, une croix d'Einstein associée à une supernova (c'est-à dire que, par effet de lentille gravitationnelle, quatre images de celle-ci étaient visibles): observée tout d'abord le 11 novembre 2014, «la luminosité de l’explosion a été multipliée par 20».

En fait, c'est au cours de l'analyse d'images d'Hubble concernant «l’amas de galaxies MACS J1149.6+2223 situé à environ 5 milliards d’années-lumière de la Voie lactée» que ce «nouvel avatar d’une croix d'Einstein» a été détecté («le premier du genre à avoir pris cette dénomination était une forme particulière d'un mirage gravitationnel, correspondant à la démultiplication par quatre de l'image d'un quasar, G2237 + 0305»).

La distance de cette supernova, «à savoir 9,3 milliards d’années-lumière», a été déterminée à partir des analyses spectrales de cette croix d’Einstein «réalisées au sol à l’aide des instruments du W.M. Keck Observatory au sommet du Mauna Kea, à Hawaï».

De plus, comme il est possible «de déterminer la répartition de la matière noire dans un amas de galaxie, puis d’utiliser un modèle numérique sur ordinateur pour prédire les effets de lentilles» générés par cet amas, il est apparu «que, dans le cas de MACS J1149.6+2223, les quatre images observées de la supernova ont commencé à être visibles à quelques jours ou quelques semaines d’intervalle».

Ainsi, comme les rayons lumineux issus de l’explosion se sont «faufilés à travers une distribution inhomogène de matière noire, empruntant des trajets de longueurs différentes», il a été même déduit qu'une première image de la supernova «devait être déjà visible, mais associée à une autre galaxie de l’amas, il y a environ 20 ans» et qu'une cinquième image «devrait apparaître d’ici 5 ans».

Il en résulte que l'observation de l'occurrence de cette supernova, «prédite par les modèles de matière noire actuels», va fournir «des informations pour tester et affiner ces modèles qui, à leur tour, servirons à mieux explorer et comprendre les amas de galaxies et les distributions de matière noire qui leur sont associées».

Soulignons, enfin que cette supernova «a été baptisée Refsdal, en hommage à l’astronome norvégien Sjur Refsdal qui a prédit dès 1964 que l’effet de lentille gravitationnelle pouvait se manifester avec des délais multiples dans l’apparition des images de l’explosion».