• Botanique: la patate douce descend d'une plante d'Amérique centrale et des Caraïbes appelée Ipomoea trifida et sa présence en Polynésie s'explique par une dispersion naturelle!____¤201804

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Reconciling Conflicting Phylogenies in the Origin of Sweet Potato and Dispersal to Polynesia» ont été publiés dans la revue Current Biology, prouve que la patate douce descend d'une plante d'Amérique centrale et des Caraïbes appelée Ipomoea trifida et montre que la présence de ce légume en Polynésie s'explique par une dispersion naturelle «sans intervention humaine».

     

    Notons tout d'abord que la patate douce, qui est tubercule tropical consommé en bien des endroits du monde, est originaire d'Amérique: en fait, elle a colonisé la Polynésie bien avant les grandes explorations européennes, ce qui a poussé les historiens à supposer que les austronésiens auraient rapporté eux-mêmes la plante sur leurs îles durant l'époque précolombienne». Malgré tout son ascendance et son évolution restent relativement énigmatiques puisque «certains chercheurs lui trouvent de multiples ancêtres, d'autres un seul».

     

    Dans ce contexte, l'étude ici présentée a été entreprise pour apporter des éclaircissements, grâce à une analyse phylogénétique extensive sur la patate douce et toutes les espèces apparentées: plus précisément, «199 spécimens de patates douces, de son nom latin Ipomoea batatas, et de plantes sauvages apparentées appartenant au genre Ipomoea» ont été analysés par «un séquençage de l'ADN du noyau et de celui des chloroplastes (des organites présents dans les cellules des plantes)».

     

    Au bout du compte, il est apparu que la patate douce a une origine unique, car «elle descend d'une plante d'Amérique centrale et des Caraïbes appelée Ipomoea trifida». En outre, il a été déterminé «que la patate douce est née bien avant les êtres humains, il y a au moins 800.000 ans» de sorte que cette découverte réfute la théorie dominante et remet en question «l'existence de contacts précolombiens à travers le Pacifique», puisque «la présence de ce légume en Polynésie» peut être complètement expliquée «par une dispersion naturelle, par le vent, la mer ou les oiseaux».

     

    En réalité, cette méthodologie, «plus complète que celles qui se restreignent à l'ADN nucléaire», a fourni «des arbres phylogénétiques en apparence discordants», car alors «que l'ADN du noyau pointe vers une origine unique, en établissant que I. trifida est son plus proche parent», de son côté «l'ADN chloroplastique indique deux origines génétiques».

     

    L'étude réconcilie ces données en postulant que «I. trifida a joué un double rôle dans l'évolution de la patate douce», la conclusion étant «que la patate douce a évolué à partir de son géniteur il y a au moins 800.000 ans» et que, dans un second temps, après que les deux espèces sont devenues distinctes, «elles se sont hybridées» dans «les 56.000 ans qui ont suivi la divergence entre les deux espèces».

     

    Au cours de ce croisement, «le génome chloroplastique de I. trifida s'est introduit dans les chloroplastes de la patate douce, sans transfert d'ADN nucléique», un phénomène, «courant dans l'évolution des espèces», qui «a engendré deux lignées de patates douces qui diffèrent seulement par leur ADN chloroplastique».

     

    Par ailleurs, cette étude s'est aussi penchée sur «des patates douces collectées dans les îles de l'actuelle Polynésie française en 1769, par Joseph Banks et Daniel Solander, durant l'expédition du capitaine Cook». Il a été constaté «que cette variété de patate douce possède une signature génétique unique» qui montre qu'elle «aurait divergé des spécimens américains il y a au moins 100.000 ans et serait isolée du continent depuis plusieurs millénaires».

     

    L'étude souligne que «la patate douce s'est retrouvée naturellement en Polynésie, sans intervention humaine», un type de voyage qui s'observe «chez d'autres espèces apparentées»: bien que la flottabilité des graines de patates douces n'a pas fait l'objet de cette étude, «des travaux antérieurs ont montré que celles de plusieurs espèces du genre Ipomoea pouvaient résister sur de longues distances en mer».

     

     


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