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Climatologie: un modèle explique les variations abruptes de température au Groenland et en Atlantique Nord durant le dernier intervalle glaciaire, entre 130 000 et 15 000 ans!____¤201811
Une étude, dont les résultats intitulés «Ocean circulation, ice shelf, and sea ice interactions explain Dansgaard–Oeschger cycles» ont été publiés dans la revue PNAS, a permis, grâce à la modélisation du couplage entre d’un côté l'étendue de la glace de mer et des plateformes glaciaires marines, et de l’autre, la température des eaux proches de la surface de l'Atlantique Nord, d'expliquer les variations abruptes de température au Groenland et en Atlantique Nord durant le dernier intervalle glaciaire, entre 130 000 et 15 000 ans. De plus, ce modèle reproduit «le déphasage entre les températures des deux hémisphères durant cette période, telles qu’estimées à partir de mesures dans les carottes de glace au Groenland et en Antarctique».
Rappelons tout d'abord que «le dernier intervalle glaciaire a été marqué par des changements climatiques abrupts appelés événements de Dansgaard-Oeschger (DO)» (*), qui «se sont notamment manifestés par des augmentations rapides suivies par des diminutions plus lentes» d'un rapport isotopique de l'oxygène (18O/16O), «marqueur de la température, dans des carottes de glace du Groenland».
Alors que ces événements, «caractérisés par des augmentations importantes de température sur le Groenland jusqu'à 15°C en quelques décennies et un retour aux conditions glaciaires en plusieurs siècles», se sont «répétés à de nombreuses reprises durant le dernier cycle glaciaire», jusqu'ici «une théorie satisfaisante des cycles de Dansgaard-Oeschger», avec leurs augmentations et décroissances répétées du rapport isotopique de l'oxygène, manquait toujours, de sorte que «la cause de ces transitions et leur relation déphasée avec des événements correspondants en Antarctique» restaient peu claires.
Dans ce contexte, en vue d'expliquer «ces événements DO au Groenland, mais aussi leurs homologues observés en Antarctique», un modèle dynamique a pu être élaboré dans le cadre de cette étude. Il «se focalise sur les interactions entre les plateformes de glace issues des calottes de l'hémisphère nord (et plus précisément le Groenland), la glace de mer et les courants océaniques».
Ce modèle «démontre que le caractère répétitif et la rapidité de la phase de réchauffement des événements DO reposent sur les retraits rapides et les régénérations PLUS LENTES d'épaisses plateformes glaciaires marines, de plusieurs centaines de mètres, et de la glace de mer bien plus fine, de quelques mètres seulement autour des calottes de l'hémisphère nord», une variabilité «synchrone avec un changement de la température des eaux proches de la surface de l'Atlantique Nord, affectées par des variations de l'ensoleillement liées à l'étendue variable de la couverture de glace».
Ainsi, ce modèle «reproduit avec succès les caractéristiques observées dans les variations du rapport isotopique de l'oxygène, comme la forme en dents de scie des cycles DO (avec un réchauffement brutal et un refroidissement plus lent vers les conditions glaciaires), les intervalles entre événements DO successifs durant les derniers 130 000 ans, et aussi le déphasage du signal climatique observé dans les carottes de glace du Groenland et en Antarctique»: concrètement, «quand le Groenland se réchauffait, l'Antarctique se refroidissait, et inversement, les réchauffements abrupts observés au Groenland n'ayant pas toutefois leurs homologues en Antarctique».
Au bout du compte, cette étude montre «que les caractéristiques propres aux événements DO sont dus uniquement à des mécanismes de rétroaction intrinsèques au système climatique et que le réchauffement des eaux proches de la surface en Atlantique Nord pourrait avoir contribué au déclenchement des événements de Heinrich» (**), qui, eux aussi, «avec leurs débâcles massives d'icebergs dans l'Atlantique Nord», se sont répétés «à plusieurs reprises, principalement dans l'Atlantique Nord, en purgeant les immenses calottes recouvrant l'Amérique du Nord, la Scandinavie et le Groenland».En conséquence, ce modèle «offre un cadre unifié pour expliquer les caractéristiques majeures de la variabilité climatique multimillénaire pendant les intervalles glaciaires observés durant les derniers cycles climatiques» et, comme «cette étude propose une explication de tels changements climatiques abrupts», elle pourrait contribuer «à évaluer plus précisément le risque de transitions climatiques brusques dans un avenir proche».
Lien externe complémentaire (source Wikipedia)
(*) Événement de Dansgaard-Oeschger
Tags : Climatologie, 2018, PNAS, Dansgaard-Oeschger, Antarctique, Groenland, glace, température, oxygène, Heinrich, changement climatique, icebergs, D-O
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