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Ecologie: les espèces peu abondantes de mammifères terrestres et d'oiseaux, écologiquement irremplaçables, sont plus menacées par l’Homme que les espèces communes!____¤202010
Une étude, dont les résultats intitulés «Global distribution and conservation status of ecologically rare mammal and bird species» ont été publiés dans la revue Nature communications, a permis, en étudiant deux bases de données regroupant l’ensemble des mammifères terrestres et des oiseaux à l’échelle mondiale, de montrer que, bien que les espèces peu abondantes soient présentes sur tous les continents, elles sont déjà plus menacées par l’Homme que les espèces écologiquement communes et seront plus impactées par les changements climatiques à venir.
Relevons tout d'abord que si «il a longtemps été supposé que les espèces rares contribuaient faiblement au fonctionnement des écosystèmes», des études récentes ont «remis en cause cette hypothèse, la notion de rareté ne recouvrant pas seulement l’abondance ou l'étendue géographique des espèces, mais aussi l’originalité de leurs rôles écologiques». Ces espèces étant irremplaçables en raison de leurs fonctions uniques, il est impératif «de comprendre leurs caractéristiques écologiques, de cartographier leur distribution et d’évaluer leur vulnérabilité aux menaces actuelles et futures».
Dans ce contexte, l'étude ici présentée a «cartographié le nombre d'espèces écologiquement rares dans des zones géographiques de 50 km par 50 km à travers le monde», à «partir de deux bases de données regroupant les espèces de mammifères terrestres (4 654 espèces) et d’oiseaux (9 287 espèces) à l’échelle mondiale».
Il est ainsi apparu «que la rareté écologique des mammifères se concentre dans les tropiques et dans l'hémisphère sud, avec des pics dans les îles indonésiennes, à Madagascar et au Costa Rica». Elle concerne surtout les espèces nocturnes et frugivores («par exemple, les chauves-souris ou les lémuriens) ou insectivores (comme certains petits rongeurs»).
Pour leur part, «les espèces d’oiseaux écologiquement rares se rencontrent principalement dans les régions montagneuses tropicales et subtropicales, en particulier en Nouvelle-Guinée, en Indonésie, dans les Andes et en Amérique centrale». Ce sont essentiellement des «espèces frugivores ou nectarivores (comme les oiseaux mouches)». Cette rareté écologique est, dans les deux cas, «largement surreprésentée dans les îles».
Cette étude, qui a, de plus, classé ces espèces en fonction de leur statut sur la liste rouge de l’UICN, montre «que les espèces écologiquement rares étaient surreprésentées dans les catégories menacées de l'UICN, tant pour les mammifères (71%) que pour les oiseaux (44,2%) par rapport aux espèces écologiquement communes (2 % et 0,5 %, respectivement)».
Pour chaque espèce, «leur exposition à l’impact anthropique, au développement humain (IDH) et aux conflits armés, ces deux derniers influençant les politiques de conservation» a été évaluée. Le constat est «que les mammifères et les oiseaux écologiquement rares étaient plus touchés par l'influence humaine que les espèces plus communes et qu’ils étaient présents dans tous les types de pays, indépendamment de leur indice de développement ou du nombre de conflits».
L'étude montre enfin «à l’aide de modélisations, que les oiseaux écologiquement rares seront les plus touchés» par le changement climatique et que «nombre d’entre eux risquent l’extinction d’ici 40 ans».
Au bout du compte, «ce 'profilage' des espèces écologiquement rares met en évidence que leur préservation, même dans les zones actuellement protégées, n’est pas suffisante», car, alors que «la conservation des espèces est, aujourd’hui encore, trop souvent basée sur leur identité et leur statut démographique», la prise en compte essentielle «de l’originalité de leurs rôles écologiques» devrait «guider les actions de conservation».
Tags : Ecologie, 2020, Nature communications, espèces, mammifères, oiseaux, IDH, UICN, chauves-souris, oiseaux-mouches, rongeurs, lémuriens, insectivores
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