Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B, révèle que la musique, composante culturelle universelle, pourrait devenir un marqueur fiable, au même titre que l'ADN, pour retracer l’histoire humaine, par exemple celle des migrations.

Cette conclusion découle de corrélations découvertes entre la musique et les gènes de neuf ethnies vivant depuis des siècles sur l’île de Taïwan. Plus précisément, «220 chansons traditionnelles de ces peuples, le plus souvent rituelles, et composées de chœurs», ont été décryptées «en les décomposant en 41 caractères (tempo, rythme, texte, etc.), à l’aide de deux logiciels spécialisés» et comparées à 1.050 séquences génétiques archivées d’hommes et de femmes de ces populations: il a été constaté que «bien que ces peuples partagent des ancêtres communs, au fur et à mesure que les contacts ont diminué, l’ADN s’est transformé, de la même façon que la musique a acquis ses propres caractéristiques et s’est accompagnée de ses innovations singulières».

Il apparaît ainsi que les différences entre les conceptions musicales constituent «un indice aussi efficace que les divergences dans les langues», ce qui est très précieux dans le cas des peuplades taïwanaises, «car on suppose que la région a fait office de point de départ de grandes migrations humaines à travers le Pacifique, et ont donné naissance aux populations aux langues austronésiennes».

Cependant, si cette démarche ne peut pas, «à la différence de l’ADN, s’appliquer pour les peuples disparus, à moins de disposer de traces concrètes de leurs chants rituels», elle peut aider les ethnologues à considérer des indices culturels supplémentaires en vue d’établir des parentés entre des populations isolées les unes des autres.