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Génétique: des gènes hérités de rétrovirus, connus pour être essentiels au placenta des mammifères, seraient aussi responsables de la masse musculaire plus développée des mâles!____¤201609
Une étude, dont les résultats intitulés «Genetic Evidence That Captured Retroviral Envelope syncytins Contribute to Myoblast Fusion and Muscle Sexual Dimorphism in Mice» ont été publiés dans la revue PLOS Genetics, révèle que des gènes hérités d'anciens rétrovirus, déjà connus pour être essentiels au placenta des mammifères, seraient également responsables de la masse musculaire plus développée des mâles.
Rappelons tout d'abord que les rétrovirus (ces virus possédent «une enzyme qui permet la transcription de leur génome ARN en molécule d'ADN 'complémentaire' capable de s'intégrer à l'ADN de la cellule hôte») sont en mesure d'intégrer leur matériel génétique dans les chromosomes de la cellule infectée. Du fait que les gènes viraux peuvent être transmis à la descendance «dans les rares cas où la cellule infectée est impliquée dans la reproduction», il a été établi que «près de 8 % du génome des mammifères est composé de vestiges de rétrovirus, les rétrovirus 'endogènes'».
Si la plupart rétrovirus 'endogènes' sont inactifs, «certains restent capables de produire des protéines»: ainsi, les syncytines, «protéines présentes chez tous les mammifères», sont «codées par des gènes hérités de rétrovirus capturés par leurs ancêtres».
Il y a un peu plus de cinq ans, il a été démontré «que les syncytines contribuent à la formation du placenta» grâce «à l'inactivation de ces gènes chez des souris»: en effet, «leur capacité ancestrale de faire fusionner deux membranes entre elles» génère le syncytiotrophoblaste, «tissu formé par la fusion de très nombreuses cellules dérivées de l'embryon, à l'interface materno-fœtale».
Pour sa part, l'étude ici présentée a identifié un effet 'collatéral' de ces protéines, grâce à ces mêmes souris modifiées: en l'occurrence, les syncytines «donnent aux mâles une masse musculaire supérieure à celle des femelles».En effet, comme le syncytiotrophoblaste, le muscle est «formé à partir de cellules souches qui fusionnent entre elles» et il est apparu que «chez les souris mâles génétiquement modifiées, ces fibres sont 20 % moins grosses et présentent 20 % de noyaux en moins par rapport à des mâles standard», de sorte qu'elles «sont alors similaires à celles des femelles, tout comme leur masse musculaire totale».
En résumé, tout se passe «comme si l'inactivation des syncytines conduisait à un déficit de fusion lors de la croissance des muscles, mais uniquement chez les mâles». De plus, le même phénomène s'observe «dans des conditions de régénération musculaire après lésion» puisque «les souris mâles incapables de produire des syncytines ont une régénération moins efficace que les autres mâles, mais comparable à celle des femelles».
Une confirmation de cette découverte chez d'autres mammifères «pourrait rendre compte du dimorphisme musculaire observé entre mâles et femelles, différence qui n'est pas observée de manière aussi systématique chez des animaux qui pondent des œufs».Pour le moment, une partie du chemin a été effectuée, puisqu'il a été montré «en mettant en culture des cellules souches musculaires de différentes espèces de mammifères (souris, mouton, chien, homme)» que «les syncytines contribuent effectivement à la formation des fibres musculaires chez toutes les espèces testées». Il reste cependant à vérifier «si, chez ces espèces aussi, l'action des syncytines est bien spécifique aux mâles».
Tags : Génétique, biologie, médecine, 2016, PLOS Genetics, gènes, ADN, ARN, protéines, syncytines, rétrovirus, mammifères, placenta, muscles, mâles, femelles
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