• Génétique: pour échapper au mécanisme de défense des plantes, l'aleurode du tabac, un redoutable ravageur, s'est approprié un de leurs gènes! ____¤202104

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Whitefly hijacks a plant detoxification gene that neutralizes plant toxins» sont publiés dans la revue Cell, a permis de percer le secret d'un redoutable ravageur, l'aleurode du tabac, pour échapper au mécanisme de défense des plantes: il s'est approprié un de leurs gènes.

     

    Relevons tout d'abord que l'aleurode du tabac (Bemisia tabaci), «une petite mouche blanche qui provoque des dégâts considérables sur les cultures (coton, tabac, tomate, patate douce, poivron...)», est d'autant plus néfaste qu'il «transmet aussi de nombreux virus pathogènes aux plantes et s'avère extrêmement résistant aux insecticides».

     

    L'étude ici présentée, qui a «séquencé le génome de l'aleurode du tabac», a trouvé «un gène inconnu nommé BtPMaT1, codant pour une protéine qui neutralise les glycosides phénoliques, des métabolites toxiques pour les insectes herbivores». La recherche de l'origine de ce gène, «encore jamais recensé chez un insecte», a fait apparaître qu'il existait des gènes similaires «uniquement chez des plantes, des champignons et des bactéries».

     

    D'après l'étude, «il est probable qu'un virus présent dans une plante ait intégré le gène dans son génome, puis qu'un aleurode ait mangé cette plante infectée» de sorte que «le virus a alors transféré le gène au génome de l'insecte», puis qu'il «s'est fixé dans la population». Ce transfert «se serait produit il y a entre 35 millions et 80 millions d'années, lorsque l'aleurode du tabac s'est séparé des autres espèces d'aleurodes ne possédant pas le gène».

     

    C'est le «premier transfert horizontal de gènes entre une plante et un insecte», mais «l'importance évolutive du transfert horizontal de gènes» était déjà «bien connue chez les procaryotes». Aujourd'hui, il est évident que ce transfert horizontal de gènes «est également un moteur important de l'évolution adaptative des eucaryotes».

     

    Pour valider cette explication, ce gène a été désactivé «en modifiant génétiquement des plants de tomates afin qu'elles produisent un petit morceau d'ARN interférant avec le gène». Il a été ainsi constaté que «lorsque les aleurodes se sont nourris avec ces plantes, leur mortalité a été significativement plus élevée». Il en résulte que des cultures génétiquement modifiées pourraient être utilisées «pour cibler les phytoravageurs».

     

    Soulignons, cependant, qu'il «existe d'autres rares cas où des animaux peuvent acquérir des gènes exogènes de plantes»: par exemple, certaines limaces de mer peuvent «'voler' des gènes d’algues photosynthétiques, leur permettant notamment de fabriquer leur propre matière organique en l'absence de nourriture ou de régénérer leur corps», mais ce ne sont pas de véritables transferts de gènes «dans la mesure où l'ingestion de l'algue ne modifie pas le génome de l'animal (on parle de kleptoplastie)», car le chloroplaste ne reste pas dans la limace de façon permanente.

     

     


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