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Génétique: un gène accroissant le nombre de cellules souches de neurones a permis de 'pirater' l'évolution en augmentant le volume du néocortex chez des embryons de singes! ____¤202006
Une étude, dont les résultats intitulés «Human-specific ARHGAP11B increases size and folding of primate neocortex in the fetal marmoset», ont été publiés dans la revue Science, est parvenue, grâce à un gène accroissant le nombre de cellules souches de neurones, à 'pirater' l'évolution du cerveau «en augmentant le volume du néocortex chez des embryons de ouistitis». Autrement dit, elle a reproduit en accéléré la transformation du cerveau de singe vers le cerveau humain. Cette expérience, qui soulève «de nombreuses interrogations» a, cependant, été interrompue pour des raisons éthiques.
Relevons tout d'abord que «sept millions d'années séparent les grands singes des premiers Homo sapiens» et que cette lente évolution «s'est notamment traduite par une augmentation de la taille du cerveau, et une modification de sa structure, avec notamment une expansion du néocortex cérébral», la partie la plus jeune du cortex cérébral, qui «est environ trois fois plus grand que celui de notre plus proche parent, le chimpanzé».
Comme le néocortex cérébral «est au centre des fonctions cognitives comme le raisonnement ou le langage», l'étude ici présentée a cherché à «savoir comment le néocortex a pu devenir si grand et nous donner nos capacités cognitives» en se focalisant sur le gène ARHGAP11B, «issu d'une mutation du gène ARHGAP11A, qui s'est produite il y a environ 1,5 million d'années le long de la ligne évolutive qui a conduit aux Néandertaliens, aux Dénisoviens et aux humains d'aujourd'hui, après que cette lignée s'est séparée de celle du chimpanzé».
ARHGAP11B «code pour une protéine connue pour sa capacité à accroître la production de cellules souches neurones». En fait, «la mutation dans le gène ARHGAP11B d'une seule lettre génétique, à savoir le passage d'un C à un G» a entraîné la perte «de 55 nucléotides dans la formation de l'ARN messager correspondant», ce qui a «conduit à un changement dans la retranscription des acides aminés dans la protéine». En fin de compte, «cette mutation semble avoir immédiatement influencé l'évolution humaine».
Cette étude se situe dans le prolongement d'un travail effectué en 2015, qui avait permis d'accroître la production de cellules souches cérébrales chez des souris «avec une version 'boostée' du gène». Cette fois-ci, l'expérience a été menée «avec la version normale du gène humain» chez des fœtus de ouistitis: concrètement, «le gène a été implanté chez des embryons de ouistitis trois à cinq jours après l'ovulation» et on a ensuite laissé grandir ces embryons «jusqu'à l'âge de 101 jours, soit 50 jours avant la date de naissance normale».
Il a alors été observé «trois évolutions majeures dans le développement cérébral des singes: une augmentation de la taille du néocortex; une configuration en plis (circonvolutions), qui permet chez l'humain d'augmenter la taille du cerveau tout en tenant dans le volume restreint de la boîte crânienne; une augmentation du nombre de cellules progénératives des neurones, spécifiquement de ceux de la couche supérieure, ceux qui jouent un rôle essentiel dans l'évolution cérébrale chez les primates».
En tout cas, pour des raisons éthiques, la naissance des singes génétiquement modifiés n'a pas été menée à son terme.
Tags : Génétique, anthropologie, évolution, 2020, Science, cellules souches, néocortex, ouistitis, plis, fœtus, nucléotides, ARHGAP11B, ARHGAP11A, cerveau
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