• Géologie: des mesures par GPS montrent que, contrairement aux autres segments de la marge andine, la subduction de la plaque Nazca s’opère par glissement asismique stable!____¤201403


    Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Géoscience, a permis de mesurer pour la première fois par GPS la déformation active de la région nord Pérou et sud Équateur et de montrer que, contrairement aux autres segments de la marge andine, la subduction de la plaque Nazca sous le continent sud-américain s’opère par glissement asismique stable. Il en résulte que «cette zone n’est sans doute pas capable de produire de grands séismes et de tsunamis pouvant traverser le Pacifique».

    Par ailleurs, les mesures géodésiques ont révélé le mouvement divergent de deux grands blocs continentaux, le bloc nord-andin en Équateur et Colombie, et un nouveau bloc "Inca" au Pérou.

     L’occurrence des grands séismes découlant de la subduction d’une plaque océanique sous un continent «est contrôlée par deux processus»: d'un part, «le couplage mécanique le long de l’interface entre les plaques où s’accumule l’énergie élastique» qui est relâchée lors de ces séismes et, d'autre part, la déformation permanente, sous l’effet de la subduction, de la plaque continentale, qui contribue au développement d’une chaîne de montagnes et qui est «responsable des séismes dans la croûte».

    Afin d'étudier la sismicité de la marge andine d’Amérique du Sud, ont eté «développé depuis 2008 un réseau comprenant 16 stations GPS continues, et un réseau de 30 points GPS de campagne dans le cadre du projet ANR ADN (ANR-07-BLAN-0143-01)». Ces réseaux ont été complétés «par 35 points de campagne de l’Institut Géographiques Militaire d’Equateur (IGM), observés depuis 1994 et des stations GPS continues des instituts géophysiques du Pérou et d’Equateur, et des instituts géographiques nationaux du Pérou, d’Equateur et de Colombie».

    Ainsi, les mesures «ont permis de quantifier les vitesses de 100 points depuis le Pérou central jusqu’au sud de la Colombie, avec une précision de l’ordre du millimètre par an». Il est alors apparu que «dans les zones où de grands séismes de subduction se produisent, le champ de vitesse présente un gradient avec des vitesses diminuant depuis la côte vers l’intérieur du continent».

    Alors que ce gradient «reflète l’accumulation de contraintes élastiques préparant les futurs séismes le long de l’interface de subduction», aucun gradient n'a été détecté, «à la précision des mesures»,  sur un «segment d’environ 1000km de long au nord Pérou et au sud Equateur», qui «représente environ ~20% de la longueur de la subduction Andine».

    De ce fait, tout se passe comme si «la convergence de la plaque Nazca sous le continent sud-américain se produit par un glissement stable et asismique le long de l’interface de subduction». Comme «l'Amérique Centrale, une partie de la subduction Aléoutienne-Alaska, le nord de la Nouvelle Zélande fonctionnent de manière similaire», cela suggère que cette classe de subduction pourrait «être plus fréquente que ce que l’on avait anticipé jusqu’à maintenant».

    De plus, les mesures ont également mis en évidence l'existence d'un «grand bloc continental, coincé entre la plaque Nazca et l’Amérique du Sud, long de plus de 1500km et large de 300-400km, qui est en translation de 5-6 mm/an vers le sud-est par rapport à l’Amérique du Sud». L'étude dénomme ce bloc continental, le "sliver Inca" «en raison de son extension géographique, correspondant au premier ordre à celle de l’Empire Inca à son apogée».

    Ainsi, globalement la déformation actuelle des Andes «est dominée par la translation de grands domaines continentaux comprenant les Andes et leur marge»: plus précisément, «la direction de convergence de la plaque Nazca vers la plaque Amérique du Sud n’est pas perpendiculaire à la côte andine et le mouvement de ces domaines continentaux est cohérent avec l’obliquité de cette convergence, qui change de sens au niveau des deux grands coudes de la subduction andine».

    La découverte de ces grands blocs continentaux et la quantification de leur mouvement, qui «fournit un cadre nouveau pour comprendre l’évolution récente des Andes et de leur marge»,  permet en outre de réévaluer l’aléa sismique dans cette région.


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