Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Journal of Geophysical Research, démontre, grâce à l'analyse du bruit sismique enregistré sur le Piton de la Fournaise lors de deux éruptions, qu'il est possible par ce moyen de les prévoir.

Le bruit sismique est constitué de «toutes petites vibrations que l’on peut enregistrer en permanence de façon continue» et qui sont «provoquées par les événements météorologiques, océaniques, ou encore l’activité humaine»: ainsi, par exemple, «même les plus infimes vibrations induites par les vagues sur la côte peuvent être détectées et enregistrées par les sismomètres au sommet d’un volcan, à plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres de là».

Bien que non induites par les séismes ou les migrations de magma, ces vibrations infimes, qui se sont «propagées au travers de l’édifice volcanique, transportent avec elles les caractéristiques du cœur du volcan, et notamment l’état de son activité».

Grâce, en particulier, à un réseau de nouveaux capteurs sismologiques déployés en 2009, pendant le projet Undervolc, sur le Piton de la Fournaise (île de La Réunion) et à l'utilisation d'un modèle probabiliste, deux éruptions volcaniques survenues en octobre et décembre 2010 ont été analysées, permettant une cartographie, à posteriori, des «changements mécaniques de l’édifice volcanique qui précèdent ces éruptions».

Ces changements relevés «sont à la fois des changements des vitesses des ondes, mis en évidence pour la première fois dans cette étude, et des changements structuraux (fracturation, injections de magma) qui affectent les propriétés de diffraction», les changements structuraux étant «des indicateurs directs du fonctionnement pré-éruptif du volcan», qui «indiquent parfaitement à la position des éruptions observées».

Cette méthode offre non seulement «la possibilité de disposer d’une telle information, une à deux semaines avant que l’éruption se produise», mais, plus généralement, elle ouvre des perspectives «dans le domaine industriel de la géothermie ou de l’exploitation pétrolière, pour suivre l’évolution des matériaux géologiques en profondeur, et encore la surveillance des glissements de terrain».