• Géologie: l'analyse d’archives sédimentaires remet en cause les scénarios imaginés jusque-là relatifs à la glaciation majeure de la fin de l’Ordovicien!____¤201410

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «A Cenozoic-style scenario for the end-Ordovician glaciation» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis de montrer grâce à l'analyse comparée d’archives sédimentaires au Maroc et au Québec que la glaciation majeure de la fin de l’Ordovicien, il y a environ 444 Ma, était composée d’une récurrence de cycles glaciaires relativement longs (probablement 1.2 million d’années), ce qui remet en cause les scénarios imaginés jusque-là.

     

    Rappelons, tout d'abord, que la dernière grande période de glaciation, «initiée il y a environ 33 millions d’années au Cénozoïque avec la croissance de l’inlandsis antarctique», culmine au Quaternaire «avec la mise en place d’inlandsis couvrant à plusieurs reprises la plus grande partie de l’Amérique du Nord et de la Scandinavie».



    Or, «à la fin de l’Ordovicien (445-443Ma), une autre glaciation d’ampleur équivalente a vu le développement d’une masse de glace sur le Gondwana», un ancien méga-continent, qui «incluait l’actuelle Afrique, alors positionnée au droit du pôle Sud».

     

    Cet inlandsis ordovicien, à son maximum d’extension, «couvrait l’intégralité du Sahara, débordant sur le Maghreb, voire l’Europe du Sud», alors que l'Amérique du Nord et la Scandinavie étaient proches des tropiques.



    L'étude ici présentée a eu pour objectif d'établir «la chronologie et les effets des cycles glaciaires de la fin de l’Ordovicien à l’échelle planétaire» en utilisant une approche de stratigraphie séquentielle permettant le décryptage, en parallèle, de deux types d’archives sédimentaires au Maroc et au Québec.

     

    Ainsi, au Maroc, «sur la frange nord du Sahara dans l’Anti-Atlas», les affleurements ordoviciens «représentent un enregistrement de la glaciation en domaine de haute latitude», tandis qu'au Québec, sur l’île d’Anticosti (golfe du St Laurent), «les sédiments de même âge représentent un enregistrement en domaine tropical, où l’impact de la glaciation se fait essentiellement ressentir sur les variations du niveau de la mer : chutes de niveau marin en période glaciaire et transgressions postglaciaires (glacio-eustatisme)».

     

    Il est alors apparu dans les deux cas, «en dépit de contextes radicalement différents, plate-forme stable à sédimentation sablo-argileuse dans l’Anti-Atlas et plate-forme carbonatée en domaine d’avant-pays à Anticosti», un parallélisme frappant entre les cycles stratigraphiques «qui s'avèrent corrélables trait pour trait, indiquant un contrôle global par le glacio-eustatisme».

     

    Grâce, en particulier, à la connaissance par ailleurs de la période de temps représentée par ces archives sédimentaires, «les trois principaux cycles stratigraphiques identifiés sur le terrain» ont pu être interprétés «comme la signature de cycles glaciaires d'origine astronomique et d’une durée d’environ 1,2 million d’années».

     

    En conséquence, «de tels cycles glaciaires longs, contrôlés par la variation cyclique de l'obliquité de l’axe des pôles terrestres, pourraient être la réponse du système climatique terrestre à des forçages tectoniques ou astronomiques intervenant en période à relativement forte concentration de CO2 atmosphérique, point commun entre les glaciations oligocène et ordovicienne».

     

    La perception «que cette glaciation passée ne correspond pas à un seul et unique événement climatique, mais inclut au contraire une succession de cycles glaciaires, permet de réviser les modèles qui ont été proposés jusqu’ici pour expliciter les relations entre changement global et biodiversité à la fin de l’Ordovicien», car «cette période voit intervenir, en parallèle de la glaciation, une double crise de la biodiversité à l’origine d’une extinction majeure, deuxième en importance après l’extinction de la limite Permien-Trias».

     

     

    De plus, les cycles géochimiques, qui sont également perturbés, «se marquent par des variations isotopiques de grande ampleur, la plus connue correspondant à une augmentation de 2 à 5‰ du 13C».

     

    Alors que, jusqu'à présent, «on considérait généralement que les deux crises successives de biodiversité étaient respectivement contemporaines de l’initiation puis de la fin de la glaciation», on constate aujourd'hui que «la crise d’extinction initiale est contemporaine de la période de déglaciation correspondant à la fin du premier cycle glaciaire».

     

    En outre, «l’excursion isotopique principale ne correspond pas à la période de maximum glaciaire comme généralement admis, mais intervient lors de la phase ultime de déglaciation succédant au troisième cycle glaciaire» et cette étude remet en cause même «le caractère présumé synchrone à l’échelle du globe des excursions isotopiques de la fin de l’Ordovicien» (pour certaines d’entre elles au moins).

     

     

    On peut donc espérer qu'avec cette chronologie révisée de la fin de l’Ordovicien, «de nouveaux modèles biogéochimiques élucideront peut-être bientôt les liens de causalité entre cycles glaciaires, crises de la biodiversité et excursions isotopiques, qui ont chacun caractérisé cette période de l’histoire de la Terre restant encore énigmatique».

     

     


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