Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Geology, a permis d'établir que la formation des Bahamas pouvait s'expliquer par la fertilisation des eaux peu profondes de cette région par des poussières du Sahara apportées par les vents.

L’archipel des Bahamas, entre la mer des Antilles et celle des Sargasses est «la partie émergée d’une vaste plateforme carbonatée qui a commencé à se former au moins depuis le début du Crétacé», puisque «des campagnes de carottages ont même permis de trouver des dépôts de carbonate datant du Jurassique supérieur à 5 km de profondeur».

Dans le cadre de l'étude ici présentée, «près de 270 carottes prélevées dans les sédiments marins du Grand Banc des Bahamas sur une période de trois ans» ont été analysés. Les concentrations du fer et du manganèse apparaissent plus élevées «à l’ouest de l’archipel d’Andros, précisément là où est constatée la formation des suspensions calcaires dans l’eau que l’on appelle des 'whitings' dans le jargon des océanographes anglo-saxons».

Ces suspensions sont la conséquence de l’activité de certaines cyanobactéries photosynthétiques, qui, pour fixer l’azote atmosphérique, «ont besoin de 10 fois plus de fer que les autres organismes photosynthétiques».

Comme le processus de la précipitation du carbonate de calcium «laisse une trace dans les sédiments sous la forme d'un isotope de l’azote, 15N», on peut «établir un lien de cause à effet entre l’enrichissement des eaux en fer par des poussières apportées par les vents et la formation des sédiments carbonatés des Bahamas».

La conclusion, c'est donc que «les vents chargés en poussières qui prennent naissance au-dessus des dunes de sable du Sahara façonnent des archipels entiers à plus de 8.000 km de distance».

Cette observation aboutit à «un véritable changement de paradigme», puisque qu'elle suggère que «d’autres plateformes carbonatées sur la planète (et au cours de son histoire) ont pu naître de la même façon».