• Géophysique: l’analyse sismique des vibrations du sol a permis d'analyser un événement de crue très dévastateur, causé par la vidange soudaine d’un lac pro-glaciaire au Népal!____¤201810

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Glacial lake outburst floods as drivers of fluvial erosion in the Himalaya» ont été publiés dans la revue Science, a permis, grâce à une technique d’observation particulièrement innovante basée sur l’analyse sismique des vibrations du sol, d'analyser un événement de crue particulièrement dévastateur, causé par la vidange soudaine d’un lac pro-glaciaire dans la vallée du Bhotekoshi/Sunkoshi, au Népal.

     

    Rappelons tout d'abord qu'une vague d’eau d’une dizaine de mètres de haut a dévalé, le 5 Juillet 2016, «les pentes abruptes de la vallée du Bhotekoshi/Sunkoshi, au Népal». Elle «provenait d’un lac de haute montagne jusqu’alors bloqué par une moraine pro-glaciaire qui, après rupture soudaine, libéra d’un seul coup plus de 100 000 tonnes d’eau vers l’aval, l’équivalent du poids de la tour Montparnasse».

     

    Cet événement dévastateur a été analysé selon une méthode «basée sur l’analyse des vibrations du sol enregistrées par des sismomètres qui avaient été déployés un an auparavant suite au séisme de Gorkha (avril 2015)». Il est ainsi apparu que «ces événements de crues générées par la vidange de lacs, rares mais particulièrement extrêmes, ont un impact majeur sur l’érosion à long terme des vallées de montagnes», car «ces masses inhabituelles d’eau sont les seules permettant de mobiliser et transporter les plus gros rochers présents dans la rivière, lesquels protègent ordinairement son lit et limitent son érosion».

     

    Cette conclusion «remet en cause la vision commune selon laquelle les précipitations de mousson seraient le forçage principal de l’érosion des vallées de montagnes» puisque «d’autres forçages contrôlant la formation et l’évolution des lacs glaciaires, tels que les séismes et la dynamique glaciaire résultant des changements climatiques, pourraient jouer un rôle primordial dans l’érosion fluviale et donc dans l’évolution des vallées de ces régions».

     

    Concrètement, la crue en question dans cette étude, qui «a eu lieu en fin de journée, quand les habitants étaient encore éveillés», a «généré des vibrations du sol si fortes qu’elles ont pu être ressenties par la population avant l’arrivée de la vague». Le réseau de sismomètres déployé «dans la vallée juste avant la crue» a permis de détecter «non pas une vague, mais deux».

     

    Plus précisément, «la première vague, constituée principalement d’eau, se propagea à une vitesse ahurissante de 30 km/h, 10 fois plus vite qu’un écoulement normal dans ce type de rivières», tandis que «la deuxième, chargée de nombreux rochers et sédiments grossiers mélangés à l’eau, se propagea plus lentement, mais à 18 km/h tout de même». Cette seconde vague «fut la plus énergétique» de sorte que «comparativement à la première, c’est elle qui a dû jouer un rôle prépondérant dans la déstabilisation du lit et des berges de la rivière».

     

    En outre, l'étude montre, à partir de ces observations sismiques, «que le transport sédimentaire dans la rivière est resté anormalement fort (jusqu’à 30 fois plus fort que la normale) durant plusieurs semaines après la crue». Cette recrudescence de transport, qui «matérialise une dynamique hors équilibre» indiquant «que les rivières gardent en mémoire les événements extrêmes passés», devra, de ce fait, «être prise en compte dans les modèles d’érosion».

     

     

     


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