Une étude, dont les résultats intitulés «Middle Miocene closure of the Central American Seaway» ont été publiés dans la revue Science, a abouti à démontrer que la fermeture de l’isthme de Panama se serait en réalité produite il y a 13 à 15 millions d’années, au lieu des 3 millions d’années avancées par certains scientifiques.

Alors que «pendant des dizaines de millions d’années et même plus, le Pacifique et l’Atlantique communiquaient au niveau de l’actuel isthme de Panama» par le 'Central American Seaway', la collision de deux plaques tectoniques, celle des Caraïbes et celle du Pacifique, a contraint «la seconde à plonger sous la première». Cette subduction, qui a «entraîné la formation de volcans sous-marins il y a 15 millions d’années», a «conduit une partie de la lithosphère océanique à émerger lentement».

Conjugué «avec l’accumulation de sédiments en provenance des deux continents», ce phénomène a abouti à «la constitution de l’isthme de Panama et à la disparition du Central American Seaway».

Il en a résulté «une modification de la circulation océanique avec des courants chauds poussés par les alizés qui se sont mis à prendre un sens inverse avec pour conséquence la création du Gulf Stream et l’englacement du Groenland au Pliocène», c'est-à-dire «la mise en place de la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC pour Atlantic Meridional Overturning Circulation)».

Comme l'explication donnée aux changements climatiques survenus il y a environ 3 millions d’années («qui s’étaient manifestés notamment par la croissance de l’inlandsis du Groenland»), correspondait au pic d'un «événement biologique majeur, le 'grand échange interaméricain'», qui est «la mise en compétition des mammifères, des oiseaux coureurs, des arthropodes, des reptiles, des amphibiens et même des poissons d'eau douce des deux Amériques qui pouvaient désormais migrer d’un continent à l’autre via l’isthme nouvellement formé», tout semblait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Cependant, l'étude ici présentée bouscule ce contentement: en effet, elle a cherché à analyser «de plus près des roches s’étant formées dans des mers et des rivières disparues au nord-ouest de l’Amérique du Sud» à partir des zircons, «des minéraux bien connus en géologie qui constituent une excellente mémoire du passé de la Terre et que l’on peut dater».

Plus précisément, la datation de ces zircons, qui ont très certainement «été charriés par des rivières au moment de la fermeture de l’isthme de Panama et ont continué à se déposer selon le même processus par la suite», montre que cette fermeture «se serait en réalité produite il y a 13 à 15 millions d’années, ce qui conforte des conclusions similaires» présentées depuis quelques années, mais amène à «repenser complètement les causes du changement climatique survenu il y a 3 millions d'années ainsi que le déroulement du grand échange interaméricain».