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Géophysique: près d'Istanbul, de nombreux séismes de faible magnitude se produisent dans des couches sédimentaires riches en gaz dans l'ouest de la Mer de Marmara!____¤201805
Une étude, dont les résultats intitulés «Gas and seismicity within the Istanbul seismic gap» ont été publiés dans la revue Scientific Reports, a permis de montrer que, dans la région d'Istanbul, de nombreux séismes de faible magnitude se produisent au large, dans la partie ouest de la Mer de Marmara, dans des couches sédimentaires riches en gaz, ce qui suggère que les processus liés au gaz devraient être aussi envisagés pour une interprétation complète de la micro-sismicité.
Rappelons tout d'abord que la compréhension de la micro-sismicité «est une question cruciale pour l'évaluation des aléas sismiques»: en particulier, «cette problématique est particulièrement critique pour la région d'Istanbul, située le long de la Faille Nord-Anatolienne, et dont la population (plus de 15 millions d'habitants) est fortement exposée au risque sismique».
Dans ce contexte, soulignons ici qu'à «l’exception de quelques sites particuliers, au Japon et sur la côte Ouest du Canada, les stations d’observation sont disposées à terre, loin des zones où les processus sont actifs». Cependant, il faut noter que, par exemple, dans la zone Euro-Méditerranéenne, «les deux séismes les plus forts des trois derniers siècles se sont produits en mer et ont été suivis de tsunamis dévastateurs: au large de Lisbonne, en 1755 et au large de Messine, en 1908». De ce fait, «si nous voulons progresser de manière significative», comme «les réseaux à terre ne suffisent pas, il est nécessaire de développer une approche spécifique 'fond de mer'».
Une catastrophe récente permet de prendre conscience de la dimension des enjeux: en 1999, en Turquie, «la faille Nord-Anatolienne rompt par deux fois, faisant plus de 20000 victimes, dans les régions d’Izmit et de Düzce, villes proches d’Istanbul». Comme «la région d’Istanbul, peuplée de 15 millions d’habitants, peut, elle aussi, connaître le même sort, si des séismes équivalents venaient à se produire en Mer de Marmara, le long du segment immergé de la Faille Nord-Anatolienne», des décisions ont alors été prises: «des investissements considérables ont été consentis; de nouveaux codes de construction ont été établis; des programmes de renforcement du bâti existant ont été mis en place».
En outre, «des réseaux denses de surveillance sismologique ont été déployés à terre, sur tout le pourtour de la Mer de Marmara, pour l'alerte précoce et pour mieux comprendre le fonctionnement de la faille sous-marine», mais, avec des stations à terre («situées à plus de 20 kilomètres de la faille dans la partie ouest»), «il est impossible de déterminer avec précision la profondeur des séismes, surtout lorsque ceux-ci sont peu profonds et de faible magnitude».
Pour sa part, l'étude ici présentée, qui s'appuie «sur des déploiements temporaires d'instruments en mer réalisés dans le cadre du projet d'infrastructure européenne EMSO, montre «que bon nombre des petits séismes en Mer de Marmara se produisent dans les bassins sédimentaires chargés en gaz»: si la présence de gaz était connue (elle «s'est entre autres traduite par des émissions dans la colonne d'eau lors du séisme de 1999»), le lien avec la localisation des répliques n’avait pas été établi).
Bien qu'il soit «trop tôt à ce stade pour dire ce que ces résultats changent pour l’évaluation de l’aléa sismique dans la région d’Istanbul», il est certain qu'il «faut améliorer la précision des localisations et préciser le rôle du gaz si on veut correctement interpréter les données», ce qui implique d'investir «sur des réseaux sous-marins permanents de surveillance afin d'observer simultanément l'activité sismique, les émissions de fluides et les mouvements géodésiques».
Tags : Géophysique, sismologie, 2018, séismes, Mer de Marmara, gaz, failles, risque, tsunamis, répliques, Scientific Reports, populations, mer, aléa sismique
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