Une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue The Cryosphere, a permis de mettre en évidence, grâce à des données d’altimétrie satellitaire, la forte dynamique du système hydrologique sous-glaciaire de l’Antarctique: en effet, sous la calotte antarctique, se trouvent de véritables lacs qui parfois vidangent toutes leurs eaux.

Plus précisément, lors de l'une des plus grandes vidanges enregistrées sous le continent antarctique, celle du lac Cook_E2 (Antarctique de l’Est), qui s’est produite fin 2007, il est apparu que l’eau de ce lac, une fois vidangée, a 'cascadé' sous la glace en direction du bord de la calotte en remplissant temporairement toute une série d'autres lacs.

La mesure récente, grâce aux «données altimétriques du satellite européen Cryosat 2», de la dépression ovale laissée par la vidange, fin 2007, du lac sous-glaciaire Cook_E2 a indiquée que celle-ci «atteignait 70 m de profondeur et couvrait une surface de plus de 200 km², pour un volume total d’environ 6,4 km³ (soit 2,5 millions de piscines olympiques ou le volume d’eau transporté par la Seine à travers Paris en 8 mois)».

Dans l'étude, ici présentée, «l’analyse des données fournies tous les 35 jours par l’altimètre radar du satellite européen Envisat» a révélé «l’existence de toute une série de petites bosses situées sur le trajet de l’eau, du lac vers l’aval».

Ces détections suggèrent qu’en s’écoulant vers l’aval, l’eau vidangée a rempli d’autres cavités sous-glaciaires de sorte que la pression exercée par l’eau sur la glace l'a décollée du socle et l'a faite flotter, «provoquant un mouvement vertical détectable à la surface de la calotte».

L'estimation de la durée de la vidange du lac Cook_E2 est d'environ 2 ans et c'est également le temps que cette eau a mis «pour atteindre le point le plus aval où sa présence a pu être détectée».

De plus, les mesures laissent penser «que l'ensemble de l'eau libérée par le lac Cook_E2 est restée piégée sous la calotte, autrement dit qu’elle n’a pas atteint l’océan, tout du moins jusqu’à présent».

Comme pour mesurer le volume vidangé par le lac Cook_E2, «les données recueillies par l’altimètre radar d’Envisat, dont la résolution spatiale ne permet pas d’observer la dépression», ne pouvaient être utilisées, ce sont «des imageurs stéréoscopiques fonctionnant dans le visible, tel que le capteur HRS à bord du satellite français SPOT 5», qui ont été employés pour la première fois pour ce type de mesure et sur ce type de surface.

Les modèles numériques de terrain (MNT) de grande qualité obtenus ont fourni une estimation du volume total d’eau vidangée par le lac d'environ de 5,2 ± 1,52 km³.