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Médecine: l’exposition aux phtalates pourrait avoir un impact majeur sur la reproduction d’espèces dotées de systèmes de régulation neuroendocrine similaires aux rongeurs!____¤202101
Une étude, dont les résultats intitulés «Exposure of Adult Female Mice to Low Doses of di(2-ethylhexyl) Phthalate Alone or in an Environmental Phthalate Mixture: Evaluation of Reproductive Behavior and Underlying Neural Mechanisms» ont été publiés dans la revue Environmental Health Perspectives, a permis de montrer que l'exposition de souris femelles à des doses environnementales de phtalates diminue voire inhibe les comportements nécessaires à l’accouplement, des effets associés à une diminution de l’expression des récepteurs de la progestérone dans le cerveau. Par comparaison avec une précédente étude sur les mâles, il apparaît que les femelles sont plus vulnérables à l’exposition à ces perturbateurs endocriniens, classés uniquement comme reprotoxiques pour l’appareil reproducteur mâle.
Rappelons tout d'abord que «les phtalates sont des polluants organiques très présents dans l’environnement, en raison de leur utilisation importante notamment dans l’industrie plastique». Si «le di(2-éthylhexyle) phtalate (DEHP) est le plus abondant», d’autres phtalates sont aussi présents.
Comme «précédemment, il avait été montré que l’exposition chronique de souris mâles adultes à de faibles doses de DEHP diminue l’émission des vocalisations ultrasonores et retarde l’accouplement, probablement en raison de la diminution de l’expression cérébrale du récepteur des androgènes», il restait à évaluer chez la femelle «les effets de l’exposition chronique au DEHP seul ou en mélange environnemental de phtalates».
Dans cette optique, l'étude ici présentée vient «de montrer que l’exposition chronique de souris femelles adultes à de faibles doses de DEHP seul ou en mélange de phtalates altère la préférence olfactive naturelle des femelles envers les mâles et diminue le comportement de lordose, posture adoptée par la femelle pendant l’accouplement». De plus, les femelles exposées sont «moins attractives puisque les mâles passent moins de temps à interagir avec elles ou à renifler leur urine et vocalisent moins en leur présence».
Ces perturbations ont eu lieu «alors que les niveaux des hormones (oestradiol et progestérone) nécessaires à l’activation de ces comportements ont été normalisées entre les femelles contrôles et celles exposées aux phtalates». Il est ainsi apparu que les modifications comportementales sont «associées à une diminution sélective du nombre de neurones exprimant le récepteur de la progestérone dans des régions clés pour l’intégration des signaux olfactifs et l’expression du comportement sexuel femelle».
Au bout du compte, cette étude «indique, pour la première fois, que l’exposition adulte à de faibles doses de phtalates, proches de l’exposition environnementale, réduit les comportements de reproduction chez la souris femelle, probablement en ciblant entre autres la voie de signalisation neurale de la progestérone, et perturbe également le cycle oestral, signe d’une dysfonction de l’axe gonadotrope».
Ces résultats, qui «soulignent une plus grande vulnérabilité des femelles et ouvrent la discussion quant au type des récepteurs neuraux ciblés par cette exposition chez les deux sexes», suggèrent «que l’exposition environnementale aux phtalates pourrait avoir un impact majeur sur la reproduction mâle et femelle, non seulement chez les rongeurs, mais également chez d’autres espèces présentant des systèmes similaires de régulation neuroendocrine».
Tags : Médecine, 2021, Environmental Health Perspectives, perturbateurs endocriniens, phtalates, progestérone, femelles, mâles, DEHP, lordose, oestradiol
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