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Médecine: la susceptibilité aux phtalates dépend du patrimoine génétique de chacun et la transmission aux générations futures de modifications épigénétiques est possible! ____¤201906
Une étude, dont les résultats intitulés «Genetic resistance to DEHP-induced transgenerational endocrine disruption» ont été publiés dans la revue PLOS ONE, a permis de montrer que la susceptibilité aux phtalates dépend largement du patrimoine génétique de chacun, ce qui pose la question de la vulnérabilité individuelle ainsi que de la possible transmission aux générations futures de modifications épigénétiques qui auraient normalement dû s’effacer au cours du développement fœtal.
Rappelons tout d'abord que «les phtalates, l’un des perturbateurs endocriniens les plus répandus, sont couramment utilisés par l’industrie dans de nombreux produits en plastique (jouets, vêtements, biberons ou même matériel médical) ainsi que dans des cosmétiques»: l'effet toxique des phtalates sur le système endocrinien est inquiétant, car «l’exposition des fœtus mâles aux phtalates peut avoir des conséquences dévastatrices pour la fertilité des futurs individus en modifiant les éléments régulateurs de l’expression des gènes responsables de la spermatogénèse». A cause de cela «des normes commencent à être imposées pour en limiter l’usage».
En 2015, en comparant deux groupes de souris, il avait été observé «une sensibilité très différente aux phtalates»: plus précisément, l'observation de la concentration et de la qualité des spermatozoïdes de descendants mâles de femelles gestantes exposées à des doses de phtalates a fait apparaître que «si un groupe présentait une très mauvaise qualité du sperme, l’autre groupe, pourtant exposé aux mêmes doses, s’en sortait sans dommage».
Pour déterminer «où se situait la différence entre les deux groupes», la totalité «des variations de l’épigénome et du génome de ces deux groupes de souris a été analysée». Dans le cadre de l'étude ici présentée, il a été «administré aux deux groupes de souris une dose de phtalate pendant 8 jours entre 8 et 18 jours de gestation». Puis «les variations épigénétiques et génétiques dans des portions précises du génome, situées au voisinage des gènes liés à la spermatogénèse» ont été analysées.
Il en a résulté la mise au jour du «mécanisme épigénétique exact à l’œuvre modulant à la hausse ou à la baisse l’expression des gènes, et donc influant sur la qualité et la mobilité des spermatozoïdes». Ainsi, «des sites de liaison hormonaux qui ne sont pas présents dans le groupe résistant» ont été identifiés «dans le génome des souris vulnérables aux phtalates». Il est probable que c'est là «que se fixent les perturbateurs endocriniens qui peuvent alors inactiver les gènes concernés» alors que l’autre groupe est doté d'un «site de liaison d’une protéine dans son génome qui, au contraire, augmente la production d’éléments protecteurs».
En outre, il a été découvert que «non seulement l’effet épigénétique des phtalates empêche les gènes de la spermatogénèse de s’exprimer correctement», mais également que «l’effacement épigénétique normalement présent entre les générations semble ne plus se faire complètement sur les deux générations suivant l’exposition de l’individu».
Tags : Médecine, épigénétique, 2019, PLOS ONE, phtalates, spermatogénèse, sperme, spermatozoïdes, gestation, mâles, femelles, fœtus, fertilité, épigénome, DEHP
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