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Médecine: le virus Zika détourne un processus physiologique en se cachant dans des cellules immunitaires du sang qui vont naturellement migrer vers des organes de l’hôte! ____¤201910
Une étude, dont les résultats intitulés «Zika virus enhances monocyte adhesion and transmigration favoring viral dissemination to neural cells» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis de démontrer que le virus Zika détourne un processus physiologique en se cachant dans des cellules immunitaires du sang qui vont naturellement migrer vers des organes de l’hôte, favorisant ainsi la dissémination du virus.
Rappelons que «le virus Zika a été découvert dans la forêt Zika (Uganda) il y a plus de 70 ans» et que «c’est en 2015, avec l’épidémie qui a frappée le Brésil, que les chercheurs ont identifié les pathologies associées à l’infection». Ce virus, qui «dissémine jusque dans le cerveau sans que l’on comprenne comment», est «responsable de neuropathies graves chez le fœtus comme chez l'adulte»: par exemple, «une femme enceinte par le virus Zika augmente significativement le risque de sous-développement du cerveau du fœtus».
Alors que la question en suspens «est de savoir comment le virus Zika atteint le cerveau, malgré la présence d’une barrière hématoencéphalique hermétique (barrières de cellules séparant le sang du cerveau)», l'étude ici présentée a «mis en évidence la capacité du virus à se cacher dans les monocytes (sous-type de globules blancs du sang)» et à «les forcer à migrer vers le cerveau, afin de passer cette barrière imperméable sans encombres».
Pour arriver à ces conclusions, «un modèle hybride original» a été développé pour «visualiser en temps réel et en 3 dimensions les vaisseaux sanguins fluorescents d’un poisson-zèbre injecté avec des monocytes humains infectés par le virus Zika». Il est ainsi apparu que «les monocytes exposés au virus ont acquis une plus forte capacité à adhérer à la paroi des vaisseaux sanguins et à migrer vers les tissus que des monocytes non-infectés». Cette observation «constitue l’une des premières preuves expérimentales in vivo que les virus utilisent le concept dit du 'cheval de Troie'».
En outre, il a été déterminé «par spectrométrie de masse que les monocytes infectés présentent à leur surface une augmentation significative de l’expression d’une dizaine de molécules d’adhésion, leur conférant cette capacité à s’attacher aux cellules endothéliales» qui favorise la migration des monocytes «du sang vers les tissus adjacents».
Pour «se rapprocher de conditions plus physiologiques, des 'mini-cerveaux' produits in vitro à partir de cellules souches embryonnaires humaines» ont aussi été utilisés dans cette étude «pour révéler que les monocytes infectés par le virus Zika favorisent la dissémination du virus dans le cerveau par rapport à des virus n’étant pas transportés par les monocytes».
Pour finir, «un inhibiteur capable d’empêcher la migration des monocytes infectés, mais pas la migration des monocytes non-infectés» a été identifié. Au bout du compte, cette étude permet d'imaginer «de nouvelles stratégies visant à empêcher la migration des monocytes vers le cerveau et ainsi éviter l’apparition de pathologies neurologiques induites par le virus».
Tags : Médecine, 2019, Nature Communications, épidémies, Zika, cerveau, fœtus, monocytes, poisson-zèbre, cellules immunitaires, cellules endothéliales, virus
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