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Médecine: les acides gras du corps humain favorisent la résistance du staphylocoque doré à une classe d'antimicrobiens ciblant la voie de biosynthèse des acides gras bactériens!____¤201610
Une étude, dont les résultats intitulés «Environmental fatty acids enable emergence of infectious Staphylococcus aureus resistant to FASII-targeted antimicrobials» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis de révéler que la présence naturelle d'acides gras dans le corps humain favorise l'émergence de la résistance du staphylocoque doré à une classe d'antimicrobiens ciblant la voie de biosynthèse des acides gras bactériens (dénommée FASII pour Fatty Acid Synthesis).
Cette étude s'est intéressée au triclosan, qui «appartient à une famille de composés antimicrobiens qui inhibent la voie de biosynthèse des acides gras, éléments vitaux pour les bactéries». Notons que le triclosan «est un composé très largement utilisé dans les produits de beauté et d’hygiène (bains de bouche, dentifrices, crèmes hydratantes, gels douche) ou pour enduire les fils chirurgicaux». Cependant, comme cette molécule «était soupçonnée d’être un perturbateur endocrinien, la Commission européenne a, en 2016, retiré le triclosan de la liste des composés approuvés comme additifs dans des produits de Type 1 (produits d’hygiène)» et pour leur part, «les autorités sanitaires américaines (Food and Drug administration) ont également limité son utilisation en 2016 dans la fabrication des savons antibactériens». Néanmoins, «ce type de molécules constitue toujours une piste privilégiée pour le développement de nouveaux antibactériens».
D'autre part, en 2009, une étude «avait montré que les bactéries à Gram positif (des genres streptocoque, entérocoque et staphylocoque), sont capables de se développer lorsqu’ils sont en présence d’agents anti-FASII, en utilisant les acides gras présents dans le sang humain», mais malgré cela, «la résistance aux anti-FASII du staphylocoque doré (Staphylococcus aureus), un pathogène humain majeur, restait controversée».
Dans le prolongement de ces recherches, l'étude ici présentée a analysé «la croissance du staphylocoque doré dans des milieux de culture contenant des acides gras naturellement présents chez l’Homme ainsi que du triclosan». Il est ainsi apparu «que la présence des acides gras favorise l'apparition de souches résistantes par mutation (augmentation d’environ cent fois)».
De plus, «des staphylocoques résistants sélectionnés dans cette étude» qui «synthétisent normalement leurs propres acides gras en absence de triclosan», sont «devenus capables d’incorporer efficacement ceux présents dans le milieu de croissance en présence de triclosan». Comme «leur virulence est similaire à celle de la souche parentale sauvage», cette observation «suggère que le coût biologique de la mutation responsable de cette nouvelle capacité est faible»: ainsi, «l'analyse des génomes de staphylocoques présents dans les bases de données a montré que cette mutation est déjà présente dans certains isolats cliniques qui se sont avérés être résistants au triclosan».
Du fait que «notre peau, riche en acides gras, est naturellement colonisée par des bactéries, en particulier les staphylocoques», elle pourrait «constituer une niche favorable au développement de bactéries résistantes lors de l'utilisation d'un produit cosmétique ou d’hygiène contenant un anti-FASII comme le triclosan».
En conséquence, «ces travaux indiquent que le traitement d'infections staphylococciques par des inhibiteurs de FASII, ainsi que l’utilisation de produits cosmétiques ou d’hygiène qui en contiennent, peuvent conduire à l'émergence et/ou à la dissémination de souches de staphylocoques résistantes à ces antimicrobiens».
Tags : Médecine, biologie, 2016, Nature Communications, acides gras, infections, triclosan, biosynthèse, bactéries, FASII, staphylocoque doré, peau
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