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Neurologie: le mode d'action de la nicotine pour rétablir l'activité normale des cellules nerveuses impliquées dans les troubles psychiatriques, comme la schizophrénie, a été décrypté!____¤20
Une étude, dont les résultats intitulés «Nicotine reverses hypofrontality in animal models of addiction and schizophrenia» ont été publiés dans la revue Nature Medicine, a permis, à la suite de plusieurs travaux rapportant la forte dépendance à la nicotine des patients schizophrènes, de décrypter, grâce à un modèle murin, le mode d'action de la nicotine sur les cellules du cortex préfrontal pour rétablir l'activité normale des cellules nerveuses impliquées dans les troubles psychiatriques, comme la schizophrénie.
Rappelons tout d'abord qu'il a été constaté «que les patients schizophrènes avaient fréquemment recours au tabagisme comme automédication pour compenser les déficits dus à leur maladie ou pour les soulager des lourds effets secondaires de leur traitement (léthargie, perte de motivation,…)». Plus précisément, «le cortex préfrontal (région associée à la cognition : la prise de décision et la mémoire de travail) est une des zones altérées chez les patients présentant des troubles psychiatriques comme la schizophrénie, qui peuvent s’accompagner d’un tabagisme intensif».
En fait, «dans une situation non pathologique, l’activité du cortex préfrontal est modulée par des neurotransmetteurs (l’acétylcholine) via les récepteurs nicotiniques situés à la surface des cellules nerveuses». Comme, récemment, «la mutation génétique CHRNA5, codant pour une sous-unité du récepteur nicotinique, a été identifiée comme étant associée aux troubles cognitifs des schizophrènes et à la dépendance au tabac», l'étude ici présentée a entrepris d'introduire «le gène humain CHRNA5 chez la souris afin de reproduire les déficits cérébraux caractéristiques de la schizophrénie, à savoir les troubles comportementaux lors des interactions sociales et des tâches sensorimotrices».
Il a alors été constaté, «grâce à une technique d’imagerie in vivo et avec une nouvelle méthode d'analyse computationnelle», une activité diminuée «des cellules du cortex préfrontal chez les individus portant la mutation CHRNA5». En outre, le type cellulaire «dont l’activité était affectée par la mutation génétique» a pu être identifié: «il s’agit des interneurones (petits neurones qui établissent des connexions entre des réseaux de neurones)».
De plus, il est apparu, lors de l'administration de la nicotine à ce modèle de la maladie, que «celle-ci se fixe sur les récepteurs nicotiniques des interneurones, et influence l’activité des cellules pyramidales du cortex préfrontal qui retrouvent un état d’excitation normal» (Notons que «la baisse d’activité mesurée chez ce modèle est semblable à celle observée chez les patients atteints de désordres psychiatriques, tels que la schizophrénie et l’addiction»).
Du fait que «l'administration répétée de nicotine rétablissant une activité normale du cortex préfrontal laisse présager une possible cible thérapeutique pour le traitement de la schizophrénie», la molécule thérapeutique idéale à rechercher doit présenter «la même forme que la nicotine sans en avoir les effets nocifs (dépendance, vieillissement cellulaire, accélération de l’activité cardio-vasculaire …)».
Tags : Neurologie, 2017, Nature Medicine, cortex préfrontal, neurones, schizophrénie, nicotine, tabagisme, acétylcholine, gènes, CHRNA5, addiction, dépendance
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