• Neurologie: un modèle d’addiction chez la souris montre comment l'activité d'un circuit cérébral reliant la zone de prise de décision au système de récompense rend ou non accro!____¤201812

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Stochastic synaptic plasticity underlying compulsion in a model of addiction» ont été publiés dans la revue Nature, a permis de découvrir que, chez les consommateurs compulsifs de drogues, le circuit cérébral reliant la zone de la prise de décision au système de récompense est renforcé. Concrètement, il est apparu, dans un modèle d’addiction chez la souris, qu’en diminuant l’activité de ce circuit, les souris compulsives parvenaient à se gérer et qu’inversement, en la stimulant, une souris qui initialement perdait le contrôle, devenait accro.



    Rappelons tout d'abord que «l’addiction est une maladie qui évolue par étape: d’abord la première exposition à la substance, puis la consommation contrôlée, enfin la consommation compulsive qui pousse la personne à prendre une substance addictive malgré de nombreux effets négatifs sur sa vie (dettes, isolement social, prison, etc)». Comme, «selon des estimations cliniques, seulement une personne sur cinq passe d’une consommation contrôlée à une consommation compulsive», la question se pose de savoir pourquoi il en est ainsi.

     

    Si «aujourd’hui, on ne sait toujours pas pourquoi une personne devient accro aux drogues alors qu’une autre non», grâce à l'étude ici présentée, «les différences au niveau du fonctionnement cérébral entre ces deux catégories» ont été mises en évidence.

     

    Précisons ici la différence entre addiction et dépendance: «la dépendance signifie qu’un sevrage sera nécessaire, mais elle n’entraine pas forcément une addiction, soit le besoin compulsif de consommer». Ainsi, par exemple, tout le monde devient dépendant à l’héroïne dès les premières injections, mais tout le monde n’en consomme pas de manière incontrôlée».

     

    En vue d’identifier les différences des fonctionnements cérébraux, l'étude a permis «à des souris de stimuler par elles-mêmes leur système de récompense, situé en profondeur au sommet du tronc cérébral, en appuyant sur un petit levier», une zone «qui est activée par la consommation de drogue et provoque le plaisir». Il a été constaté que les souris ont rapidement «compris ce fonctionnement et ont utilisé le levier de manière importante». Ce dispositif est un équivalent «de la consommation contrôlée chez les personnes».

     

    Pour découvrir quelles sont les souris qui sombreront dans une consommation compulsive, il est nécessaire d'introduire «un effet négatif lors de la stimulation de leur système de récompense»: en l'occurrence, les souris ont reçu «une légère décharge électrique lorsqu’elles actionnaient le levier». En fin de compte, 40% des souris ont rapidement «cessé d’activer le levier, suite à l’introduction de la punition», alors que «60% ont continué à stimuler leur système de récompense, faisant fi de la conséquence négative».

     

    Une nouvelle technique, qui permet «de mesurer en direct l’activité dans le cerveau», a ensuite conduit à la découverte d'un circuit «beaucoup plus actif chez les souris accros que chez les souris à consommation contrôlée». Ce circuit «s’étend du cortex orbito-frontal au striatum dorsal, situé dans les ganglions de la base du système de récompense, et cible ce système de récompense» («le cortex orbito-frontal, juste au-dessus des yeux, est justement responsable des prises de décisions»).

     

    Pour «vérifier que ce circuit est bel et bien responsable du comportement compulsif», l’activité de ce circuit a été «artificiellement augmenté chez une souris contrôlant la stimulation de son système de récompense». Très vite, elle «est devenue accro, adoptant d’un comportement compulsif», tandis que la diminution de «l’activité du circuit chez une souris accro» a amené cette dernière à cesser «d’activer le levier».

     

    Soulignons pour finir que comme «les souris étudiées dans cette expérience sont toutes génétiquement identiques», on peut se demander pourquoi l’activité de ce circuit cérébral n’est pas «la même pour toutes». En attendant de trouver la réponse à cette question, plusieurs hypothèses sont avancées, «comme des contributions épigénétiques fondées sur les expériences de vie qui rendent unique chaque être vivant et influencent le fonctionnement de ses gènes et de son cerveau».

     

     


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