• Neurologie: une région cérébrale du cortex visuel, qui serait responsable de la reconnaissance des graphèmes, a été identifiée! ____¤201910

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «A mesial-to-lateral dissociation for orthographic processing in the visual cortex» ont été publiés dans la revue PNAS, a permis d’identifier une région cérébrale du cortex visuel, qui serait responsable de la reconnaissance des graphèmes, c’est-à-dire des lettres ou groupes de lettres transcrivant un son élémentaire de la langue parlée (phonèmes).

     

    Relevons tout d'abord que, hormis les idéogrammes chinois, «la quasi-totalité des systèmes de lecture ont pour principe d’écrire les sons composant les mots sous leur forme parlée». Cependant, en français «pour écrire un son, par exemple le son 'o'», ce ne sont pas vraiment les lettres qui jouent ce rôle, puisque, par exemple, le mot 'chapeau' «est formé de quatre sons (ch + a + p + o), mais de sept lettres».

     

    Comme «en moyenne», les sons ne sont «pas définis par une lettre, mais par plusieurs», les linguistes emploient «le terme de graphème pour désigner l’écriture d’un son» (ainsi «dans le mot 'chapeau', il y a quatre sons correspondant à quatre graphèmes qui sont CH, A, P, et EAU»). En fait, «le système alphabétique repose entièrement sur ces graphèmes».

     

    Dans ce contexte, l'étude ici présentée, qui était focalisée sur les mécanismes de la lecture à l’œuvre chez les adultes, a permis d'identifier «une petite région du cortex précisément responsable de la reconnaissance des graphèmes et dont le rôle dans la lecture semble a priori essentiel».

     

    Située «au sein d’une vaste étendue de cortex responsable de la reconnaissance des objets en général», qui «occupe le dessous de toute la partie arrière du cerveau», cette région «abrite de petites zones spécialisées, mobilisées notamment dans la reconnaissance des visages ou des lieux, mais aussi des graphèmes».

     

    Concrètement, la région 'des graphèmes' se trouve dans l’hémisphère gauche, là où il y a en général tout le système du langage, ce qui «permet, une fois les graphèmes reconnus, d’envoyer l’information rapidement aux régions du langage, qui vont les transformer en sons».

     

    L'expérience qui a conduit à cette conclusion a consisté à présenter aux participants inclus dans l’étude, qui «étaient allongés dans un appareil d’IRM», des mots «défilant les uns après les autres sur un écran», ces mots étant «écrits de façon bicolore afin de mettre en valeur le découpage en graphèmes» ou, au contraire, «de le perturber» de sorte que la «région 'des graphèmes' identifiée s’activait alors de façon différente selon les frontières de graphèmes définies par les couleurs».

     

    En réalité, l’expérience menée était plus complexe que cela, car «l’importance des graphèmes n’est pas la même selon le genre de lecture: ils sont indispensables quand il s’agit de lire à haute voix un mot jamais vu (par exemple CHANDISSON), mais moins importants lorsque les participants devaient juste reconnaître en silence un mot familier (par exemple, CHAPEAU)». De ce fait, les participants devaient tantôt lire à haute voix, tantôt «simplement reconnaître en silence de vrais mots, mais aussi des mots inventés». Au bout du compte, «la région identifiée répondait différemment à la manipulation des graphèmes selon le type de lecture».

     

    Soulignons pour finir que, comme «la spécialisation du cortex visuel pour la reconnaissance des graphèmes n’existe pas à la naissance, et apparaît probablement pendant que les enfants apprennent à lire», la région des graphèmes constitue «un exemple frappant de la capacité du cerveau à se modifier et à s’adapter».

     

     


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