• Océanographie: la disparition passée en Europe du Nord du thon rouge de l’Atlantique et son retour actuel sont expliqués par l’oscillation multi-décennale Atlantique (AMO)!____¤201901

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Atlantic Multidecadal Oscillations drive the basin-scale distribution of Atlantic bluefin tuna» ont été publiés dans la revue Science Advances, a permis d'expliquer la disparition passée en Europe du Nord du thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus) et son retour actuel par un phénomène climatique cyclique et naturel, connu sous le nom d’oscillation multi-décennale Atlantique, ou AMO (*), qui influence l’océan Atlantique à grande échelle.

     

    Rappelons tout d'abord que le thon rouge de l’Atlantique, qui est «une des espèces de poisson les plus emblématiques de nos océans et les plus commercialement exploitées, mais aussi une des plus menacées», avait autrefois été «pêchée abondamment en Manche et mer du Nord». En fait, l’espèce «avait rapidement disparu de cette zone au début des années 1960», avant de revenir en Europe du Nord depuis quelques années.

     

    Pour sa part, l'étude ici présentée «montre que la variabilité hydroclimatique à large échelle spatiale, et notamment les phases d’alternance positives et négatives de l’AMO, explique la présence ou l’absence de ce grand prédateur en Manche et mer du Nord». Pour le prouver, l'étude a examiné «l’intensité des captures de thon rouge dans l’océan Atlantique Nord-Est au cours des derniers siècles» et «les changements de distribution spatiale de l’espèce». Il est ainsi apparu «sans équivoque» que «l’AMO module les fluctuations d’abondance du thon rouge et contrôle sa distribution géographique».

     

    Soulignons ici que l’AMO est «une oscillation naturelle des températures océaniques de surface dans l’Atlantique», alternant «phases chaudes et froides sur des périodes de temps de l’ordre de 70 ans, avec des différences de température entre ces phases légèrement inférieures à 1°C». Ce phénomène en apparence léger «affecte des processus atmosphériques et océanographiques complexes dans l’ensemble de l’hémisphère Nord, comme l’intensité et la direction des courants océaniques, les alternances sardine/hareng en Manche, les épisodes de précipitations ou encore l’intensité et la fréquence des ouragans».

     

    Comme «la production primaire planctonique (la base du réseau trophique en milieu marin)» est très sensible à la température, «les variations de l’AMO peuvent induire des conséquences notables sur les systèmes biologiques», en particulier le thon rouge. Ainsi, «lors d’une phase positive (chaude) de l’AMO, le thon rouge remonte jusqu’au Groenland, l’Islande et la Norvège à la recherche de nourriture; il se fait alors plus rare dans les régions sud et centrale de l’Atlantique», tandis que «lors d’une phase négative (froide), le thon rouge explore davantage les zones tropicales (Atlantique Ouest, central et Sud) et ne franchit que très rarement la latitude 45°N».

     

    Comme, depuis 1995, l’AMO est «dans la phase positive de son cycle et comme «des bancs de thon rouge réapparaissent régulièrement dans les eaux côtières de la Grande-Bretagne», on estime «que le thon rouge va continuer de migrer dans les eaux nordiques et en mer du Nord jusqu’à ce que l’AMO entre de nouveau dans sa phase négative». Néanmoins, «le réchauffement global de l’océan pourrait limiter les futurs effets d’une phase négative de l’oscillation» de sorte que «l’espèce pourrait alors perdurer en Manche et mer du Nord».

     

    D'autre part, «les effets conjugués d’une augmentation des températures de l’océan (induite par le changement climatique) et d’une phase positive de l’AMO pourraient affecter le recrutement de l’espèce en Méditerranée, impactant son abondance». De ce fait, le thon rouge pourrait «quitter la mer Méditerranée, son site de reproduction principal et zone majeure de son exploitation commerciale».

     

    En fin de compte, «bien que le retour du thon rouge en Europe du Nord pourrait inciter les gestionnaires de pêcheries à relaxer les quotas actuels de pêche, l’abondance totale de l’espèce n’aurait pas nécessairement augmenté», car «seule sa distribution spatiale aurait été modifiée, les augmentations locales d’abondance dans certaines zones étant probablement compensées par des diminutions locales dans d’autres régions».

     

    En conséquence, il serait «dangereux d’acter trop hâtivement l’augmentation des quotas de pêche» et il est important de mener «un examen plus approfondi de l’origine des causes de variations d’abondance du thon rouge» sur «l’ensemble des zones où l’espèce est actuellement observée».

     

     

    Lien externe complémentaire (source Wikipedia)

    (*) Oscillation atlantique multidécennale (AMO)

     

     

     


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