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Paléontologie: l'analyse de l'ADN mitochondrial de fossiles sud-américains fait avancer le problème, vieux de 180 ans, de la filiation des notongulés et des litopternes!____¤201707
Une étude, dont les résultats intitulés «A mitogenomic timetree for Darwin’s enigmatic South American mammal Macrauchenia patachonica» ont été publiés dans la revue Nature Communications, a permis, grâce à l'analyse de l'ADN mitochondrial de fossiles sud-américains, de faire avancer le problème, vieux de 180 ans, de la filiation de deux groupes d'étranges mammifères de grandes tailles, les notongulés et les litopternes.
Rappelons tout d'abord que c'est Charles Darwin qui a découvert en 1834, ces mammifères «à l'état de fossiles, en Patagonie, durant son long et célèbre voyage à bord du Beagle»: en examinant leurs ossements, il «voit clairement des ongulés (tous les mammifères à sabots) mais il lui est impossible d'aller au-delà». En fait, les deux espèces découvertes, «qu'il classe dans deux genres nouveaux, Macrauchenia et Toxodon», tiennent «à la fois du chameau, de la girafe, du rhinocéros et de l'hippopotame, avec, en prime, de surprenantes dents évoquant les rongeurs».
Par la suite, diverses recherches ont permis d'apprendre que «ces grands mammifères ont vécu longtemps en Amérique du Sud»: pour ce qui concerne «ceux du genre Macrauchenia (des litopternes), avec leurs trois mètres de hauteur et une curieuse courte trompe préhensile au-dessus de la bouche», ils «gambadaient déjà il y a sept millions d'années et ont continué à le faire jusqu'à la dernière période glaciaire»; de plus, «eux et les Toxodons ont complètement disparu, pour une raison inconnue, il y a environ 10.000 ans pour les derniers».
En 2015, les techniques récentes de recherche du collagène (des tissus mous, ou du moins ce qu'il en reste) et de l'ADN apportent de nouvelles indications sur ces ongulés sud-américains que vient compléter l'étude ici présentée. Plus précisément, cette dernière a analysé «six os fossilisés de Macrauchenia patachonica et onze de Toxodon et a pu récupérer l'ADN sur un seul reste de Macrauchenia pata».
Ces éléments font apparaître que Macrauchenia patachonica appartient à un 'groupe frère' des périssodactyles. Comme les périssodactyles sont des ongulés qui ont un nombre impair de sabots aux pattes arrière, le cheval (un sabot) ainsi que le rhinocéros et le tapir (trois) font partie des périssodactyles actuels. L'ancêtre commun a ces deux groupes frères «a dû vivre il y a environ 66 millions d'années», soit «à l'époque de la grande catastrophe de la fin du Crétacé, qui a vu disparaître, entre autres, les dinosaures».
En fin de compte, cette étude «démontre la possibilité de remonter le fil de l'histoire grâce à l'ADN même quand sont réunies deux mauvaises circonstances, comme dans le cas des ongulés sud-américains»: ces mauvaises circonstances sont, d'une part, la mauvaise conservation de l'ADN dans des environnements «qui étaient chauds et humides à l'époque à laquelle vivaient ces animaux» et, d'autre part, le fait que les organismes sujets de cette recherche appartiennent à des groupes entièrement disparus, alors que d'ordinaire les études de l'ADN ancien s'appuient «sur des comparaisons avec des groupes actuels apparentés, ce qui simplifie l'interprétation des différentes séquences génétiques».
Tags : Paléontologie, phylogénie, 2017, Nature Communications, ongulés, périssodactyles, notongulés, litopternes, Macrauchenia, trompe, Darwin, genres
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