• Paléontologie: la morphologie particulière d'une fourmi-licorne, datée de 99 millions d'années, suggère une adaptation pour la prédation en solitaire de larges proies!____¤201605

     

    Une étude, dont les résultats intitulés «Extreme Morphogenesis and Ecological Specialization among Cretaceous Basal Ants» ont été publiés dans la revue Current Biology, a permis de décrire des fossiles spectaculaires d'une fourmi-licorne datée de 99 millions d'années, dont la morphologie particulière suggère une adaptation pour la prédation en solitaire de larges proies, correspondant à une écologie très sophistiquée pour une fourmi pourtant parmi les plus anciennes connues.

     

    Rappelons tout d'abord que les fourmis, qui sont vraisemblablement apparu au Crétacé inférieur «vers 120-130 millions d'années», se sont ensuite «largement diversifiées jusqu'à devenir aujourd'hui les insectes sociaux les plus abondants (on dénombre plus de 13000 espèces actuelles), présents dans la plupart des écosystèmes terrestres». Ce succès écologique «est généralement attribué à leur comportement social», car «toutes les fourmis sont sociales et vivent en colonies variant de quelques dizaines à plusieurs millions d'individus».

     

    Néanmoins, toutes les fourmis «ne coopèrent pas à des activités en groupe, et certaines des prédatrices les plus efficaces chassent en solitaire, armées de puissantes mandibules capables de se refermer très rapidement sur leurs proies (les anglo-saxons parlent de 'trap-jaw ants')». Alors que «des études récentes sur l'évolution des fourmis ont suggéré que les précurseurs des lignées actuelles vivaient en petites colonies de prédatrices spécialisées et chassant en solitaire», jusqu'ici «aucun fossile n'était venu étayer cette hypothèse» («les fossiles crétacés sont rares et la plupart ont une morphologie générale ne permettant pas de conclusions claires sur leur écologie»).

     

    Dans ce contexte, l'étude ici présentée, qui décrit une «nouvelle fourmi primitive de type 'trap-jaws', découverte fossilisée dans l'ambre crétacé du Myanmar (Birmanie)», vient conforter cette hypothèse puisqu'elle «suggère que certaines des premières fourmis étaient spécialisées pour la prédation solitaire de larges arthropodes».

     

    Baptisée Ceratomyrmex ellenbergeri, cette fourmi de «moins de 10 mm de long», qui vivait il y a 99 millions d'années, était dotée de «mandibules surdimensionnées en forme de faucille» et surtout d'une extraordinaire «corne frontale spatulée inconnue chez toutes ses congénères». Elle «appartient à une lignée aujourd'hui disparue, les Haidomyrmecines, qui vivaient au Crétacé» et possédaient ces «curieuses mandibules en forme de faucille» qui semblent «fonctionner comme un piège rapide à la manière des fourmis 'trap-jaws' actuelles», sauf qu'elles opèrent «verticalement par rapport à l'axe du corps plutôt qu'horizontalement comme chez toutes les autres fourmis».

     

    Cependant, «à la différence des autres Haidomyrmecines, Ceratomyrmex possédait des mandibules énormes et une corne frontale dotée d'un lobe apical épineux à l'évidence sensitif, le tout formant un large système préhensile pour écraser voire empaler des proies de grande taille, par exemple des myriapodes». Le fait que Ceratomyrmex «bien qu'appartenant à la lignée la plus basale des fourmis» possédait cette morphologie extrêmement spécialisée, laisse penser qu'elle chassait probablement en solitaire comme les fourmis 'trap-jaws' actuelles. Cette découverte indique donc «que peu après l'avènement des fourmis, certaines montraient déjà un comportement écologique très sophistiqué».

     

     


    Tags Tags : , , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :