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Paléontologie: les coccolithophores, qui sont des algues photosynthétiques, ont survécu après la chute de la météorite de Chicxulub, en devenant carnivores! ____¤202011
Une étude, dont les résultats intitulés «Algal plankton turn to hunting to survive and recover from end-Cretaceous impact darkness» sont publiés dans la revue Science Advances, a permis de montrer que les coccolithophores, des algues photosynthétiques possèdant un exosquelette en carbonate de calcium appelé coccosphère, ont survécu après la chute de la météorite de Chicxulub, en devenant carnivores.
Rappelons tout d'abord qu'il y a 66 millions d'années, la météorite qui s'est écrasé sur Terre à Chicxulub dans la péninsule du Yucatán au Mexique, a été à l'origine de la crise KT, caractérisée par l'extinction au Crétacé-Paléogène d'un grand nombre d'espèces, en particulier des dinosaures non aviaires. Pour leur part, 90 % des espèces de coccolithophores, «un ordre d'algues microscopiques planctoniques photosynthétiques» qui étaient abondantes dans les océans du Crétacé, «ont été éradiquées avec la perte de lumière».
Dans ce contexte, l'étude ici présentée a analysé «des coccosphères provenant d'espèces présentes avant la chute de Chicxulub et après». Il a été ainsi observé que «les espèces apparues après présentent un ou plusieurs orifices distincts des autres». En fait, «chaque orifice témoigne de la présence d'un flagelle, une structure protéique impliquée dans la mobilité mais aussi dans la capture de proies.
Si «les coccolithophores, qui vivaient avant 66 millions d'années, possédaient eux aussi une structure flagellaire appelée haptonème», ces observations indique que pour survivre au manque de lumière, «ces algues autrefois uniquement photosynthétiques sont devenues des chasseurs» sans pour autant abandonner complètement leur mode de vie photosynthétique, puisque l'étude a «tout de même identifié des chloroplastes».
Ainsi, les coccolithophores «sont passés de photosynthétiques purs à mixotrophes, c'est-à-dire à la fois autotrophe et hétérotrophe». Ces observations concordent avec la structure de «certaines espèces de coccolithophores actuels héritières de celles du Crétacé, qui possèdent en plus de l'haptonème, deux flagelles».
Cette étude a également analysé «la dynamique temporelle de ce changement de régime alimentaire à plusieurs endroits du globe durant les 4 millions d'années qui ont suivi l'extinction du Crétacé-Paléogène». L'étude indique que «les organismes mixotrophes se sont vite multipliés durant les 100.000 premières années, jusqu'à représenter entre 70 et 100 % des fossiles analysés» et que les organismes mixotrophes ont été «prédominants parmi les coccolithophores durant les 2 millions d'années suivant l'impact».
Pour expliquer en quoi ce mode de vie a permis aux espèces le pratiquant de proliférer si longtemps, même après le retour du soleil», un modèle écologique a été élaboré. Il «suggère qu'après la chute de Chicxulub, l'océan était rempli de petites proies microscopiques, principalement des bactéries qui ont survécu, dont les coccolithophores se nourrissaient», tandis que les prédateurs des bactéries se sont faits aussi plus rares, «leur laissant le champ libre pour proliférer dans les océans».
Néanmoins, par la suite, «le mode de vie mixotrophe a à nouveau laissé sa place à la photosynthèse», de sorte que «la plupart des coccolithophores actuels utilisent l'énergie solaire pour fabriquer leur énergie et leurs molécules organiques».
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